Blog de Jamal Berraoui

Syrie : un nouvel Irak ( Par Jamal Berraoui )

Suite à l’attaque au gaz, les occidentaux songent sérieusement à des frappes aériennes contre le régime Assad. Une réunion a eu lieu à Amman pour étudier les différentes options militaires. Les fanfaronnades de Damas et Téhéran sur les risques d’une guerre globale, ne peuvent plus faire illusion. Le régime affaibli par deux années de guerre civile n’a aucune raison d’inquiéter « Israël » de manière plus sérieuse aujourd’hui qu’il ne l’a fait depuis 40 ans.

Mais si les Occidentaux décident de frappes aériennes, cela ne résout en rien la crise syrienne. L’opposition est très divisée. Sur le terrain, islamiste dits modérés et jihadistes affiliés à la nébuleuse d’Al Qaïda se combattent plus qu’ils ne combattent les forces loyalistes. « La ville de Daraya n’est pas libérée, elle a été cédée aux Jihadistes par Assad, pour des raisons de propagande ». C’est un dirigeant de l’opposition qui l’affirme. C’est dire si les divisions sont importantes.

Les minorités chiites, Alaouites, Chrétiennes, Chaldéens Druzes, Kurdes ont choisi le camp d’Assad. Il faut bien comprendre que c’est une réaction de survie. Parmi eux, certains avaient été des détenus politiques. Ils ont fait comme Albert Camus, entre la justice et leur mère, ils ont choisi cette dernière. L’opposition sur le terrain, la seule qui vaille puisque c’est elle qui combat la menace d’une république Islamique rigoriste. A chaque fois qu’un quartier à majorité chrétienne est investi, les femmes sont violées, les hommes assassinés ou maltraités. Ce n’est pas de la propagande, mais la réalité d’une révolution transformée en guerre confessionnelle.

Dans ce contexte, les frappes aériennes ne pourront qu’affaiblir Assad, peut-être précipiter la chute de son régime, mais en aucune façon aboutir à une nouvelle Syrie. Les chancelleries le savent, les USA sont beaucoup plus tièdes depuis qu’ils ont acquis cette certitude. En même temps, il est difficile vis-à-vis de leur opinion publique, aux dirigeants occidentaux de rester passifs face à la cruauté d’Assad.

La guerre confessionnelle menace de disloquer l’Etat syrien. C’est une issue d’autant plus probable que l’Irak, le voisin ennemi, y est déjà. Le Liban y est entrainé par l’implication du Hezbollah en Syrie. Devant nos yeux se tisse l’apocalypse. Téhéran défend l’arc chiite, les monarchies du golfe, les sunnites, l’argent et les armes existent à profusion. En Irak, l’après guerre a fait dix fois plus de morts que la guerre elle-même. Le gouvernement Maliki a officialisé l’armement des milices confessionnelles dites « Assahwa ».

Parce qu’ils n’ont pas de vision politique, les Occidentaux ont échoué en Afghanistan, en Irak, plus près de nous en Libye et savent qu’il n’y a aucune raison que la réussite soit au bout en Syrie. S’ils persistent dans l’erreur, c’est que leurs intérêts et ceux d’Israël ne pâtissent pas de l’anarchie. Les discours sur les valeurs humanistes n’ont aucune espèce de crédibilité. Quel humanisme y a-t-il à entretenir une guerre confessionnelle ?

 
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