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Télécoms : Y a-t-il un Marocain pour racheter IAM ?

Jean-Bernard Levy, président du directoire Vivendi.
L’avenir du premier opérateur télécoms se joue avec le désengagement total de Vivendi que la rumeur avait annoncé et qui est désormais confirmé. La question qui s’impose est celle de savoir si les groupes Marocains saisiront l’opportunité de contrôler l’entreprise la plus rentable du Royaume.

«A lui seul, Maroc Télécom réalise un résultat supérieur à la totalité de la capacité bénéficiaire du système bancaire». Cette affirmation du gouverneur de Bank Al Maghrib, Abdellatif Jouahri, permet de mesurer les enjeux de la cession annoncée des parts de Vivendi Universal. C’est désormais confirmer que Maroc Télécom est à vendre. Et les rumeurs vont bon train sur l’éventuel repreneur. Les deux noms qui circulent le plus sont l’émirati Etisalat et le Qatari Qtel. «Deux types de groupes pourraient lorgner sur l’opportunité Maroc Telecom : les occidentaux qui sont à la recherche de relais de croissance et les groupes télécoms des pays en développement qui cherchent à s’internationaliser et acquérir des positions en Afrique», explique Phillipe Pestanes, expert spécialiste des télécoms au cabinet Kurt Salmon, basé à Paris. Actuellement, tout le monde cherche les potentiels repreneurs hors des frontières nationales. Et si le repreneur pouvait être marocain ? Une question qui a toute sa légitimité si on prend en considération l’avantage que gagnerait le Maroc à reprendre les rennes de son fleuron des télécoms: la diminution de la pression sur les réserves de change du pays.

Plus de dividendes en devises !
En 2012, comme il le fait depuis sa privatisation Maroc Telecom a distribué la totalité de son bénéfice 2011. Son actionnaire de référence Vivendi a empoché l’équivalent en euros de 4,3 milliards de dirhams. Depuis 2007, où Vivendi est monté à 53% dans le capital de Maroc Télécom, la somme moyenne des dividendes perçue par Vivendi n’a jamais été inférieure à 4 milliards de dirhams (voir illustration). D’ailleurs, le marché financier appréhendait chaque année le rendez-vous du détachement du coupon de dividende, vu les tensions que créait cette situation sur les liquidités et les réserves de change. Pour avoir un ordre de grandeur, les 410 millions d’euros de dividendes versés représentent environ 4% de la balance des paiements du Maroc. La cession de Maroc Telecom est désormais une nécessité pour Vivendi. Il s’agit d’un recentrage stratégique que le groupe français cherche à réaliser pour reconquérir la confiance de ses actionnaires et du marché. En effet, elle permettra d’alléger sensiblement le niveau d’endettement du groupe, lequel pénalise le cours de l’action. Mais l’opération est compliquée et risque de ne pas se concrétiser du jour au lendemain. Au minimum, l’acquéreur doit débourser le montant de la valorisation des 53% du capital à savoir 4,3 milliards d’euros, l’équivalent de 47,3 milliards de dirhams. Des informations avancent que le groupe français veut les vendre encore au-dessus de cette valeur boursière à savoir 6 milliards d’euros. Soit 66 milliards de dirhams ! Y-a-t-il un marocain capable de débourser autant ? Les investisseurs marocains ont déjà laissé une première fois filer l’opportunité de contrôler Maroc télécom pour un montant qui parait aujourd’hui dérisoire face aux revenus générés par ce mastodonte des télécoms. Même si le montant est aujourd’hui exorbitant, financièrement l’opération est rentable.

Sa rentabilité n’est plus à démontrer
Au cours des cinq dernières années, le bénéfice de Maroc Telecom est resté supérieur à 8 milliards de dirhams, atteignant même 9,5 milliards de dirhams en 2010. La valorisation actuelle représente à peine 11 fois le montant des dividendes perçus par les actionnaires. C’est dire que, toutes choses étant égales par ailleurs, un investisseur marocain mettrait 11 ans pour récupérer entièrement sa mise, rien qu’avec les dividendes. Et au final, il lui restera la valeur en bourse de ses actions, toujours productives de revenus. Cela reste théorique certes, parce qu’il faudra compter avec la recrudescence de la concurrence qui a tendance à réduire la capacité bénéficiaire du géant des télécoms. Avec l’énorme potentiel du marché africain que Maroc Télécom compte utiliser comme relais de croissance, le jeu en vaut la chandelle. Des prétendants ?

47,3 Mrds DH
c’est le montant de la valorisation en bourse des 53% du capital de Maroc Telecom que détient Vivendi.

PAR Hayat Gharbaoui

 
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