Tabaculture

Un business rentable qui rapporte 50 MDH aux planteurs

La culture du tabac au Maroc est peu connue, pourtant c’est un business rentable qui rapporte 50 millions de DH aux tabaculteurs qui produisent 3000 tonnes par an.
La Société Marocaine des Tabacs (SMT) soutient la filière à travers un partenariat ambitieux.

Confrontée à la libéralisation du secteur depuis quelques années, la SMT (Société Marocaine des Tabacs), filiale du géant britannique Imperial Tobacco, prend la situation à bras-le-corps. Pour se démarquer de la concurrence qui se fait, de plus en plus féroce, la première entreprise agroalimentaire du Maroc, a choisi une stratégie bien particulière: Encadrer la tabaculture au Maroc  et encourager les tabaculteurs à faire mieux. Même si la culture du tabac est très peu connue au Maroc, il n’en demeure pas moins que c’est une filière qui a un poids non négligeable. En effet, le secteur produit pas moins de 3000 tonnes de tabac qui sont totalement achetées chaque année par la SMT. Il rapporte plus de 50 millions de DH aux 3500 planteurs que compte la filière. L’activité se concentre sur huit provinces réparties en trois zones : Ouezzane, Gharb et El Hajeb avec une superficie totale de 1920 hectares. Au Maroc, deux types de tabacs sont cultivés chaque année. Il s’agit du tabac d’Orient et du tabac « Burley ». Ce dernier est notamment cultivé dans la région d’El Hajeb.  Pour rappel, c’est en 2006, après la suppression de la production du tabac brun que le burley et le tabac d’Orient (faisant partie de la catégorie des tabacs bruns) ont fait leur apparition au Maroc. Afin d’assurer la reconversion des ex-producteurs de tabac brun et le développement de la culture, la Société Marocaine des Tabacs avait alors mis en place un projet alléchant pour les acteurs de la filière. 

Un partenariat bien adapté au développement de la filière 

En effet, la SMT attribue des contrats annuels aux planteurs. La semence et les pesticides sont donnés gratuitement pour assurer une bonne récolte. L’engrais est fourni sous forme  d’une « avance en nature » que la société déduit lors des achats à la fin de la récolte. « La SMT fournit l’engrais dans le but de s’assurer que le planteur utilise un engrais approprié à la culture du tabac », explique Houssine Noufiri, directeur de la Tabaculture à la SMT. Une partie de ce soutien concerne également le financement de la campagne, c’est-à-dire que la SMT avance un prêt de 3000 DH à l’hectare à chaque planteur, qu’elle récupère à la fin de la campagne. Outre cela, les tabaculteurs bénéficient également d’une assistance technique fournie par les experts de la SMT, tout au long de la campagne. « Je passe régulièrement chaque mois chez un planteur pour prendre connaissance des problèmes liés à sa plantation. C’est un contact individuel qui me permet d’apporter l’assistance technique nécessaire et de faire le suivi jusqu’à la récolte», souligne un des nombreux experts de la SMT qui s’occupe de la région d’El Hajeb. «Notre objectif est de promouvoir les bonnes pratiques de la filière», renchérit le directeur de la Tabaculture. L’assistance technique coûte, chaque année, 20 MDH à l’entreprise.  

Une source de revenus garantie pour les tabaculteurs

Il faut dire que le partenariat mis en place par la Société Marocaine des Tabacs représente une sorte «d’assurance vie» pour les planteurs. Une fois, la récolte faite, le tabac est vendu à 20 DH le kilo pour la meilleure qualité, à 12 DH si la qualité est moyenne et à 5 DH pour une qualité moins bonne. « Nous sommes satisfaits car la SMT nous achète toutes nos récoltes. Tout le monde cultive le tabac ici, parce qu’on est sûr que ce sera totalement  acheté à la fin de la campagne. Ce n’est pas comme l’oignon ou la tomate. C’est une source de revenu totalement garantie pour nous. Même quand la qualité n’est pas meilleure, la SMT achète quand même à un prix bas. Le seul bémol que nous avons concerne la main d’oeuvre, qui devient de plus en plus chère », affirme pour sa part le président de l’Association des tabaculteurs de la région d’El Hajeb. Pour lui, la culture du tabac reste le seul gagne-pain pour sa famille. Il explique que l’année dernière, il a essayé de varier sa production avec la culture d’oignon, mais cela a été une mauvaise expérience. « Le prix de l’oignon au kg a chuté et il ne me restait plus que le tabac à vendre. C’est pour cette raison que la majorité des agriculteurs de notre région se consacrent à la culture du tabac. En plus, l’avance sur récolte de la SMT nous encourage à améliorer nos rendements chaque année. C’est une somme qui nous permet de mieux  nous organiser. Toutefois nous souhaiterions que le prêt qu’on nous fait avant chaque campagne soit augmenté à cause de la cherté de la main d’oeuvre», affirme-t-il.  Pour Nourdine Oulhaj, un planteur de la région, la culture du tabac  a une signification toute particulière. «C’est une tradition familiale. Mon père était tabaculteur, quant à moi, cela fait maintenant trois ans que j’ai repris le flambeau. C’est grâce à l’argent de la tabaculture que j’ai fait mes études. A mon avis, la culture du tabac offre beaucoup plus de visibilité par rapport aux autres filières agricoles. Le partenariat avec la société nous permet d’être assurés de vendre la totalité de la récolte. En moyenne, je gagne 30000 DH à l’hectare chaque année et je possède 10 hectares. Ce qui est encore intéressant, ce sont les différents prêts sans intérêt que la SMT, notre seul partenaire, nous donne. Je ne pense pas que ces mêmes conditions existent dans les autres filières », fait-il remarquer. 

Jaime Gil-Robles, directeur Corporate et légal et Houssine Noufiri, directeur de la Tabaculture de la SMT.

Le Maroc, bientôt exportateur de tabac ?

Outre ces mesures, les planteurs bénéficient de formations (Journées thématiques, démonstrations…) touchant divers thèmes liés à la filière chaque année. Aussi, même si dans le contrat annuel entre la SMT  et les tabaculteurs, il existe une clause interdisant aux planteurs de faire travailler leurs enfants en âge de scolarisation, afin de les encourager,  l’entreprise offre des fournitures scolaires aux parents. Ce partenariat fonctionne bien, car le nombre de planteurs, et bien évidemment le tonnage aussi,  sont  en pleine ascension. Cette année, le volume total acheté par la Société Marocaine des Tabacs est de 3100 tonnes contre 2500 tonnes il y a deux ans à peine.  Il faut souligner que la filiale du géant britannique, Imperial Tobacco, dépense 78% de son budget global d’achats au Maroc, ce qui représente un total de 3,6 MMDHS selon le management de la société. La SMT assure 1500 emplois directs et plus de 25000 de façon indirecte, à travers sa chaîne de valeur. « Le développement de la tabaculture est aussi  le développement du Maroc car, cela concerne le développement rural qui revêt un enjeu capital pour le pays», a souligné Jaime Gil-Robles, Directeur Corporate et Légal de la SMT. Par ailleurs, l’entreprise veut notamment mettre en place une stratégie visant l’export, qui fera du Maroc un pays exportateur de tabac. Pour le moment, les activités concernant l’export se font uniquement en interne comme l’a expliqué le management de la SMT. «Nous avons exporté 230 tonnes, l’année dernière, vers nos usines en France. Cette année, nous comptons exporter 300 tonnes vers l’Allemagne, la Pologne et l’Espagne », confie Houssine Noufiri, Directeur de la Tabaculture à la SMT. 

 
Article précédent

Sommaire Challenge #445

Article suivant

Digital One a enquêté sur la gestion de la réputation des entreprises