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UN DISCOURS REVOLUTION

C’est très fort, ça vient du fond du cœur et c’est du vrai. Jamais la commémoration de la  révolution du Roi et du peuple n’a été aussi bien marquée et aussi bien servie au niveau de son thème central. Les conférences sur le secteur de l’éducation qui se tenaient à  Ifrane ont constitué, par le passé, et au-delà de tout clivage politique des jalons  profonds dans le processus des réformes de notre système d’enseignement et d’éducation. Il semble qu’on coupe facilement avec nos bonnes habitudes. Le processus de capitalisation des bonnes pratiques nous est devenu étranger. C’est normal, les calibres qui nous gouvernent via la vox populi manquent de perspective et de profondeur. Les petites natures gèrent les petites phrases au lieu de gérer les grands dossiers.

Le capital humain est un don qu’on ne  peut utiliser en dehors d’une rationalité aussi importante, sinon plus, que celle avec laquelle on gère les ressources naturelles et notamment, celles ayant un impact certain sur le volume des richesses d’une nation.

 Je suis un produit de l’enseignement public marocain, tant au niveau du Collège Royal qu’au niveau de la faculté de droit de Rabat, a affirmé Sa Majesté  le Roi Mohammed VI. Les conditions d’apprentissage et de la formation  dans ces institutions  ont été certes meilleures  que celles qui prévalaient dans les autres institutions éducatives du pays, mais le contenu était le même. La référence à l’appartenance à l’école publique marocaine est pleine de symboles. Le discours politique ambiant autour des  scolarisés  du secteur  privé et de ceux des missions étrangères est malsain. Son contenu  est primaire et évacue l’impact du dysfonctionnement de notre système éducatif sur le choix des familles et sur leurs sacrifices.

La politique au sens  démocratique du terme est une continuité des institutions et de leurs  stratégies. Rien n’est plus enrichissant pour tout travail de construction que la valorisation des acquis. Repartir de zéro  n’est en aucun cas bénéfique pour un secteur aussi vital que l’éducation et l’enseignement. Ca ne peut mériter  plus  que zéro.

Le gouvernement actuel est mis devant ses responsabilités. La charte nationale pour l’éducation et l’enseignement qui a mobilisé beaucoup d’acteurs et de valeureuses éminences grises pendant des années mérite une   attention gouvernementale empreinte de responsabilité et d’une profonde attitude politique citoyenne. Balayer dans l’ignorance les efforts accomplis et investir les champs de l’éducation avec des « mesurettes » à portée bassement communicationnelle et point politique en dénigrant au passage des femmes et des hommes qui ont le métier dans le sang, relève du spectacle bas de gamme. Nous méritons mieux qu’un clown pour présider au devenir pédagogique des apprenants marocains.

Les Marocains ne veulent plus que la politique passe par des spectacles de rue ou des insultes érigées en discours populistes. Les Marocains veulent des résultats. Le père de famille vivant dans la tourmente de l’avenir de ses enfants ne peut se suffire des insultes échangées entre ceux qui doivent introduire la lumière  dans les voies difficiles qui mènent au développement.

Les choix en matière d’éducation doivent être courageux et pleins de réalisme. La formation professionnelle doit être regardée avec une logique de développement. Investir dans les métiers d’avenir sans mettre en place des structures de formation solides pour ces métiers relève d’une démarche boiteuse et sans avenir. Nos institutions de formation professionnelle sont efficaces mais très peu nombreuses par rapport à nos besoins. Le secteur de l’automobile et de l’aviation, sans parler des métiers de l’offshoring ne sont pas bien servis en ressources humaines compétentes et disponibles. Le recours aux étrangers pour combler les déficits en main d’oeuvre est de plus en plus grand. L’intérêt pour l’enseignement des langues étrangères  mais vitales pour nos échanges avec le reste du monde est mis en relief par le discours royal. La langue véhicule de la richesse et ne peut nuire à l’identité nationale plurielle. Les sauts non pédagogiques et horriblement non qualitatifs que nous avons, par le passé, infligé à l’utilisation des langues dans le processus de l’apprentissage sont un élément qui met en péril tous les efforts des femmes et des hommes de l’éducation nationale, qu’elle soit privée ou publique. 

Il y a des secteurs de notre pays qui doivent être préservés des contingences politiques et des blocages de certains syndicats. Notre enseignement a été outrageusement politisé. Ceci n’a pas manqué de faire plonger l’équation « école et politique » dans l’inconnu. L’unanimité est requise autour des stratégies de l’éducation. La parole doit revenir aux hommes et femmes du métier dans une relation étroite avec les nécessités de l’économie. Le constat est clair, notre enseignement a besoin de compétences et de durée. Hypothéquer l’évolution des programmes par des échéances politiques à la limite de l’éphémère, c’est manquer tous les rendez-vous avec le développement économique et au-delà, avec la stabilité du pays. L’enseignement a besoin d’un haut commissariat et d’une intensification des filières professionnelles. Les Marocains ont compris l’importance de ces filières. Les

ISTA ont été pris d’assaut dès l’annonce des résultats du baccalauréat. La dévalorisation qui a tant meublé des discours déphasés sur l’enseignement professionnel a causé beaucoup de dégâts. Nous sommes devant une affaire nationale qui mérite un engagement unanime.

Le Discours royal a été sévère mais juste. Ce n’est que dans la franchise que les vrais diagnostics peuvent être faits. Hommes politiques, retroussez vos manches et rationnalisez le débit de vos langues. Le grand parti des marocains reste leur pays, le Maroc. Leurs choix des meilleurs représentants de la nation relève de leur liberté et pourquoi pas demain, d’une grande capacité de discernement en matière de jugement et d’évaluation des capacités de gestion des prétendants aux charges publiques. Il y a une grande différence entre l’encadrement des citoyens et les courses effrénées et étriquées aux voix le temps d’une campagne électorale. C’est le sens et l’essence de la constitution.

 
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