PolitiquePolitique au Maroc

Un stand-by trompeur

Le calme apparent de la vie politique cache mal les batailles à venir auxquelles se préparent les protagonistes. Il faut juste espérer que le niveau s’élève.

Les déclarations du nouveau zaïm de l’Istiqlal ou le ventre nu de Radi, celui de l’UC, pas l’autre, ne font plus que sourire. Les pitreries des politiques  ont épuisé leur solde de curiosité auprès de l’opinion publique. Celle-ci est lassée par « le cirque ». Du coup, on a l’impression qu’il ne se passe  rien dans la vie politique. Il n’y a pas plus faux ! On peut écrire des livres sur les tensions au sein de tous les partis, y compris le PJD,  qui tient pourtant à afficher une unité à toutes épreuves. Il n’y a pas que les ambitions contrariées dans ces joutes, même si elles comptent bien  sûr. Des clivages sérieux se font jour à la fois sur les questions politiques et organisationnelles.

 Si on connaît ceux  de l’USFP parce que ce parti est scruté de toutes parts, on évalue moins l’importance de ces divergences au sein de la droite, l’UC et le PAM en  particulier. L’élément principal de ce calme apparent, c’est bien l’annonce que les élections communales n’auront pas lieu cette année. L’agenda  politique s’en trouve totalement changé. A la deuxième Chambre, les conseillers savent qu’ils ont un an de rab. Alors ils s’emploient à bien  l’utiliser. Dans une première, l’opposition qui est majoritaire dans cette Chambre a créé une coordination. L’objectif, c’est  de créer un rapport de forces permettant de négocier au mieux les futures lois organiques, en particulier celles ayant trait aux communes et  aux régions, dont sont issus les conseillers. 

Le projet de décompensation permettra à l’opposition de jouer sur plusieurs registres.  Celui du populisme pour certains. D’autres, annoncent déjà qu’ils partagent le principe mais qu’ils négocieront  pas à pas les modalités. C’est le cas du RNI et d’une grande partie des élus de l’USFP. Le front syndical aussi se prépare à un réchauffement  rapide. Les fédérations n’excluent pas des journées d’actions nationales, euphémisme pour désigner la grève générale. Déjà très déçues  par la fin de non-recevoir du gouvernement à leur cahier revendicatif, elles mobilisent autour des hausses prévues dans la décompensation,  même si le gouvernement promet la graduation. Le sujet des retraites lui aussi, permet à tous d’affûter les armes. Pour les syndicats, il n’est pas question d’accepter un allongement de la durée de cotisation. Les entreprises se refusent à l’évocation d’une augmentation des charges  sociales qu’elles estiment déjà lourdes. Sujet porteur, parce qu’il intéresse de larges couches sociales.

L’exécutif a bien du mal pour réunir un appui massif des politiques, y compris au sein de la majorité. Enfin, la vingtaine de textes organiques pour mettre en  place les institutions prévues par la Constitution sont déjà ballottés entre le jeu politique et l’influence des lobbys, au sens noble des mots, c’està-  dire les organisations qui défendent soit des intérêts catégoriels, soit des causes particulières, telles que le féminisme ou l’amazighité. Ces débats sont tous prévus  pour l’ouverture de la session au printemps du parlement. On risque alors d’avoir une surchauffe de la scène politique,  et probablement que ceci sera accompagné par des mouvements sociaux. Il appartiendra aux élus de troquer l’habit de clown, contre celui  plus respectable de responsable politique. Amen. ■ 

 
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