L'édito

Une crise morale [Par Jamal Berraoui]

Le concours pour le recrutement des enseignants a connu une tricherie, la diffusion des épreuves sur internet et plusieurs candidats ont été convaincus de fraude. On parle de ceux qui sont censés transmettre des valeurs d’honnêteté et de sacralisation de l’effort à nos enfants.

Cela intervient, peu de temps, après le scandale des professeurs universitaires qui faussaient des examens, offraient des notes indues contre des faveurs sexuelles. Un professeur d’université et avocat est inculpé d’escroquerie et de blanchiment. Des policiers ont tenté de tricher dans un examen, alors qu’ils sont en poste depuis des années, pour faire respecter la loi.

Des médecins sont houspillés pour des pratiques illégales. Des notaires, des avocats sont en prison pour détournement. Toutes les professions sont touchées, même s’il faut s’interdire de généraliser, parce que la majorité reste respectueuse de l’éthique.

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Les conséquences sont désastreuses. La société a normalisé avec cette horrible médiocratie mais a développé en contrepartie la méfiance, pire, l’opprobre généralisée. Aucune autorité n’est plus reconnue, toutes les expertises, sont contestées. Les réussites sociales sont immédiatement suspectes. C’est l’ère de rien. Il ne peut pas en sortir quelque chose de revigorant.

Cela devient un problème politique, parce que les institutions sont contestées, leurs décisions combattues, par principe. La question du pass-sanitaire, du combat contre le Covid, illustre bien cet impact, imprévu, d’une crise morale qui a cassé les liens entre les institutions et les populations. Même les informations scientifiques sont considérées comme des entourloupes, pour préparer des décisions futures qui seraient motivées par des intérêts.

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C’est l’échec de l’éducation. L’école n’est pas simplement un lieu de transmission de savoirs techniques, ce qu’elle fait très mal. C’est surtout un creuset d’intégration sociale autour d’un socle commun de valeurs. Pour avoir laissé le système éducatif s’effriter depuis 40 ans, nous héritons d’une crise morale profonde qui devient un véritable handicap.

 
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