Blog de Jamal Berraoui

« Une grève politicienne » par ( Jamal Berraoui )

Une partie de la FDT, celle dirigée par Fatihi, a annoncé une grève dans le secteur public courant septembre. C’est un appel qui étonne à plusieurs niveaux.  D’abord, il n’y a aucune coordination avec  les autres centrales, alors que depuis des mois, FDT, CDT et UMT étaient dans un processus unitaire. On voit mal Moukharik et Amaoui se plier à l’agenda de Fatihi.

 Par ailleurs, une grève dans le secteur public, cela n’a aucun sens parce que le cahier revendicatif concerne tous les salariés, y compris ceux du privé. La retraite par exemple, est un dossier national qui dépasse le cadre même du syndicalisme. 

En fait, c’est une nouvelle étape dans la lutte intestine de la FDT. Un clan veut faire étalage de sa légitimité et de sa capacité de mobilisation. Patatras ! Les autres ont déjà dénoncé la manœuvre et feront échec à l’appel dans les secteurs qu’ils contrôlent (Agriculture, finances etc…). 

C’est l’exemple même de l’utilisation de l’arme de la grève pour des visées très éloignées de l’intérêt des travailleurs. Les dommages sont nombreux. D’abord, cela dynamite la coopération entre les différentes centrales. Il est clair qu’UMT et CDT ne vont pas se mettre à la remorque d’une FDT en proie à une sorte de guerre civile. En plus, les fonctionnaires ne font plus grève automatiquement, parce que les journées de débrayage sont défalquées sur les salaires, ce qui pourrait se traduire par un échec. 

Le front syndical doit être réorganisé. Le droit de grève est un acquis de la plus grande importance et il n’est pas question d’en discuter la pertinence. Mais la responsabilité voudrait que les centrales se comportent autrement. 

Nous avons critiqué assez souvent le Chef du gouvernement pour son attitude envers les syndicats, cela ne nous met que plus à l’aise pour réclamer des centrales syndicales du sérieux, de la responsabilité. 

Des dossiers aussi structurants que les systèmes de retraites et leur réforme, la décompensation, la réforme administrative ont besoin d’un vrai dialogue social entre institutions respectueuses de leurs vocations et de leurs engagements. 

Ce n’est pas une grève partielle qui met en danger la stabilité du Maroc, et il est peu probable que cela perturbe en quoi que ce soit la marche du pays. Mais, si conflit social il doit y avoir, on préférerait qu’il exprime autre chose qu’une manœuvre bassement politicienne.

 
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