L'édito

Vœux pieux

L’année 2012 s’achève dans un climat d’affaires très morose. Bank Al Maghrib a demandé aux banques d’adopter une politique de provisionnement très prudente, en prévision d’une sinistralité plus grande. C’est dire si l’angoisse concernant les entreprises, industrielles en particulier, est grande. Le Maroc ne peut se permettre de laisser filer le taux de chômage, par une destruction massive d’emplois. L’exécutif pour l’instant, n’a pas l’adhésion du patronat, tout simplement parce qu’il ne propose aucune stratégie réelle et se contente de gérer le quotidien. Le risque, c’est de laisser la crise s’installer avant de commencer à réfléchir à une batterie de mesures pour la relancer.

La fiscalité et le financement bancaire sont souvent mis en avant dans le cahier revendicatif des entrepreneurs. Il s’agit d’handicaps sérieux. Mais le mal est plus profond. Le Maroc ne dispose pas d’une véritable politique industrielle. La compétitivité est trop faible pour résister au choc des accords de libre-échange. Du coup, un savoir-faire risque de s’envoler et faire dépendre des secteurs entiers des importations, le BTP en premier. Pour construire les tramways, tout ou presque est importé. Or il y a 30 ans, la SCIF, filiale de l’ONCF maîtrisait la production de tout ce qui concerne le transport ferroviaire. Elle a été sacrifiée dans le cadre du programme d’ajustement structurel. Il faut dépasser les chiffres globaux d’une croissance tirée par l’investissement public et l’immobilier pour s’intéresser aux difficultés réelles. Dans un pays où les qualifications sont rares, il serait suicidaire de tout miser sur les services.

Les réformes de l’Education, la Justice et l’Administration sont toujours lettre morte. Le gouvernement du PJD ne fait pas mieux que les autres. Les problématiques sont réellement complexes, on ne peut que le constater. Mais le courage politique fait lui aussi défaut, tout simplement parce que pour réformer, il faut secouer le mammouth, affronter les corporatismes. Le Maroc a perdu trois décennies à tergiverser sur des réformes fondamentales. On peut émettre le vœu de les voir engagées l’année prochaine pour améliorer la visibilité et restaurer la confiance.

 
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