Interview

Yassir Adil : « La transformation de la CCIS de Casablanca-Settat devenait nécessaire »

La Chambre de commerce, d’industrie et de services (CCIS) de Casablanca-Settat s’engage dans une vaste opération de restructuration. Cartographie économique de la région, bonne gouvernance, déploiement de nouvelles prestations, entreprenariat social, digital, projet d’institut supérieur avec des partenaires français de renommée…, Yassir Adil décortique les nouveaux chantiers de CCIS de Casablanca-Settat.   

Challenge : Quels sont les chantiers stratégiques prévus pour la restructuration de la CCIS de Casablanca-Settat ? 

Yassir Adil : Il s’agit effectivement d’un important programme de restructuration. Avec des structures presque vétustes, et malgré le nouvel organigramme entré en vigueur en 2017, un projet de transformation de fond en comble de la Chambre de commerce, d’industrie et de services de Casablanca-Settat (CCISCS) devenait nécessaire pour abonder dans le sens des recommandations Royales pour les CCIS. Les chantiers du plan de développement ont été bâtis autour d’une nouvelle vision : celle de faire des institutions consulaires des acteurs de développement local. Cette vision s’articule autour de 3 axes majeurs. Le premier concerne la mise en place de la gouvernance au sein de la CCISC en vue du passage de la CCIS au contrôle d’accompagnement des chantiers de transformation et ce, à travers, notamment, l’implémentation des chantiers de l’organisation de base, la mise en œuvre du Project Management Office (PMO) et la conduite de changement. Le deuxième axe est celui du déploiement des prestations de services d’intérêt général et d’intérêt concurrentiel répondant aux besoins des adhérents. Quant au troisième axe, il porte sur la réalisation de projets économiques générateurs de ressources permettant le renforcement de l’autonomie financière des CCIS.

Où en êtes-vous dans la concrétisation de ces chantiers ?

L’implémentation des différents chantiers est un enjeu crucial pour notre projet de transformation. A propos des projets de bonne gouvernance, les marchés relatifs au système d’information et la comptabilité générale seront incessamment lancés. Nous lancerons également les marchés relatifs à l’accompagnement de la Chambre dans son positionnement au niveau national et international. Cette année, nous aspirons à nous doter d’une organisation qui sera au diapason des Chambres de commerce les plus performantes.

Il en est le cas également du déploiement des services d’intérêt général et dont l’implémentation débute avec «l’espace d’entreprise» de la CCISCS. Baptisé «Maison de l’entreprise», cette structure sera un des premiers services gratuits proposés aux porteurs de projets et aux entreprises de la région de Casablanca Settat dans les 4 sites de la CCISCS. D’autres chantiers de services d’intérêt général sont en cours d’élaboration comme le renforcement des démarches administratives, la newsletter et la veille territoriale et l’ouverture des guichets de proximité. A ce propos, les Assises du commerce ont été une occasion de signer les conventions cadres pour 3 guichets de proximité avec MAROC PME, l’OMPIC, et l’ASMEX. Les chantiers des services d’intérêt concurrentiels seront quant à eux lancés l’année prochaine.

Un autre axe majeur est celui de « l’intérêt économique » qui va être lancé ce mois-ci pour peaufiner le portefeuille de la CCISCS et faire ressortir les projets phares qui seront éligibles au financement du fonds de développement industriel et dont l’appel à projet sera lancé incessamment par le ministère de tutelle. Nous travaillons déjà sur nos projets et sommes à un stade avancé. Ainsi, le projet d’institut supérieur de la CCISCS qui sera lancé avec des partenaires français de renommée est à un stade avancé.

Nombreux sont les opérateurs économiques qui continuent de déplorer l’absence d’informations fiables, au niveau de la CCIS de Casablanca, quant aux activités économiques au niveau de la région. Quelles solutions ?

Ce problème fut parmi mes principales préoccupations lorsque j’ai entamé mon mandat et j’en ai fait une priorité. A l’image des CCI réputées dans les pays avancés comme étant les premières sources d’information pour les opérateurs économiques, nous figurons parmi les rares institutions de la région à avoir lancé un marché pour un système d’information géographique de cartographie économique de Casablanca-Settat pour résorber le déficit en la matière. L’opérateur économique aura accès à une information fiable et très fine sur les entreprises, les zones industrielles, les administrations et toutes les informations économiques géo-localisées dans notre région.

La CCIS, le ministère de l’Industrie et du Commerce et l’OMPIC ont signé une convention-cadre de partenariat pour la mise en place d’une nouvelle génération de prestations de service, les « Carrés des innovateurs ». Comment la CCIS compte-t-elle déployer ce dispositif ?

Nous avons déjà signé une convention avec l’OMPIC qui permet aux créateurs et entreprises de créer leur entreprise et déposer leur marque à la CCISCS. Nous signerons une deuxième convention avec cet Office qui s’inscrit dans la convention tripartite signée à Marrakech en avril dernier et qui stipule le développement de nouveaux services pour accompagner les porteurs de projets, les investisseurs et les entreprises dans les domaines de l’entrepreneuriat, l’innovation, la technologie et le développement des marques commerciales. Ces nouveaux services seront déployés par un guichet qui sera ouvert sur les 4 sites de la CCISCS.

Nous sommes en train d’étudier les modalités d’implémentation du «Carré des innovateurs» pour lequel il y a une vraie demande de la part des entreprises, notamment dans notre région qui ne peut qu’être dans la phase pilote prévue par notre fédération. Le concept me semble porteur pour créer une véritable synergie entre les composantes de l’écosystème de l’innovation. Nous allons entamer l’accompagnement à travers le guichet Maroc PME qui cible les jeunes entreprises innovatrices.

La CCIS de Casablanca nourrit aujourd’hui de grandes ambitions en matière de transformation digitale, mais aussi dans le domaine de l’entrepreneuriat social. Où en êtes-vous dans ces 2 projets stratégiques ?

En effet, nous nous positionnons sur ces créneaux pour lesquels nous lançons divers projets. Ainsi, notre Institut développera et proposera une offre de formation axée sur les métiers du digital. Le diagnostic de la formation professionnelle mené sur toutes les régions a érigé ces métiers en axes stratégiques approuvant par là notre choix qui s’inscrit en rupture avec les modèles suivis jusque-là par les CCIS. Notre vocation est que les instituts consulaires proposent une offre complémentaire tirant vers le haut le secteur de formation dans la région.

Sur le chapitre de la promotion de l’entreprenariat social, sachez qu’il est au centre des préoccupations de notre politique, et donc, du guichet qui sera ouvert en partenariat avec Maroc PME et qui ciblera l’entrepreneur social et lui dédiera un accompagnement dans le cadre du régime de l’auto entrepreneur, mais aussi des jeunes entreprises innovantes. Avec Maroc PME, nous avons toujours réussi à obtenir des résultats probants, mais les programmes étaient conçus à l’échelle nationale. Désormais, le guichet, qui fera office d’antenne régionale de cette agence, nous permettra de fixer des objectifs à la mesure de nos ambitions pour notre région.

Pensez-vous que cette vaste opération de restructuration suffira à la CCIS pour sortir de l’ombre des chambres de commerce étrangères ?

Je suis convaincu que l’ensemble des décisions qui ont été prises jusque-là ainsi que le soutien de notre tutelle, permettra aux CCIS de briguer les places qui leur reviennent tout en retrouvant leurs lettres de noblesses et représenter dignement le secteur privé, mission qui leur est conférée. Dans la région de Casablanca-Settat, nous avons lancé plusieurs chantiers innovants et importants et d’autres le seront incessamment. Nous sommes soucieux de répondre aux attentes et aux besoins des entreprises et œuvrons pour leur proposer des projets qui vont les hisser à des niveaux supérieurs. Nous allons continuer et renforcer notre rôle d’acteur incontournable dans la région pour accompagner les entreprises dans leur développement, et cela que ce soit au niveau local, régional qu’international. La CCISCS se dote de tous les moyens pour toujours mieux servir les intérêts de la communauté et les accompagner à faire face aux mutations des marchés.

Son actu

La Chambre de commerce, d’industrie et de services (CCIS) de Casablanca déroule actuellement une grande opération de mise à niveau. Un projet prévu dans le contrat-programme signé, l’année dernière, avec le gouvernement, à l’instar des autres chambres du pays.

Son parcours

Dirigeant d’un groupe de sociétés d’assurance, de transfert d’argent, et de promotion immobilière, Yassir Adil avait été élu, l’année dernière, à l’unanimité à la tête de la CCIS de Casablanca-Settat. Né en 1978, il est un homme d’affaires à plusieurs casquettes : Yassir Adil est membre de conseils d’administrations de plusieurs établissements publics et membre de l’observatoire des délais de paiement. Cet ancien député à la Chambre des représentants et Vice-président de la Commission des finances, membre du bureau Politique de l’Union constitutionnelle, est titulaire d’un bachelor en administration des affaires de l’Université du Québec à Montréal. 

 
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