Politique

Yemen : l’Arabie Saoudite isolée

Ryad n’a plus de soutien dans sa guerre au Yémen. La mauvaise gestion du conflit a fini par lasser les alliés. 

L’information fait l’effet d’une bombe, les Emirats Arabes veulent se retirer de la guerre au Yémen. Cela ne se fera  probablement pas, mais c’est le signe d’un désarroi réel. Cette guerre entamée il y a quatre ans tourne au désastre. Les dirigeants saoudiens promettaient la mise au pas des houtis, la pacification du Yémen et le retour de la légalité en quelques semaines. Cela fait quatre ans, le Sud est divisé, les tribus se combattent, les civils meurent par dizaines chaque jour. Cela a retourné les opinions publiques.

Plusieurs pays ont arrêté leurs ventes d’armes à l’Arabie Saoudite. Trump fait face à une revendication de son propre camp en marge de l’affaire Khashoggi et même ses arguments anti-Iran ne tiennent plus.

Or, au début, cette guerre était acceptée parce qu’acceptable. Les Saoudiens intervenaient dans un pays limitrophe pour rétablir le régime élu menacé par un groupe armé lié à l’Iran. Toutes les chancelleries occidentales ont laissé faire. Alors pourquoi ces revirements ?

« Le fiasco vient du fait que le camp anti-houti, soutien de Hadi Mansour, a été divisé par les agissements de l’alliance menée par l’Arabie Saoudite »

Si la guerre a trop duré avec ses conséquences dramatiques, ce n’est pas uniquement à cause de la résistance des houtis. Les Saoudiens achètent beaucoup d’armes mais ne savent pas faire la guerre, c’est une évidence. Les Emiratis jouent un jeu trouble. Ils ont occupé une île où il n’y avait pas un seul houti et affiché leur volonté de l’annexer, ils soutiennent des milices qui assassinent des leaders politiques. Le fiasco vient du fait que le camp anti-houti, soutien de Hadi Mansour, a été divisé par les agissements de l’alliance menée par l’Arabie Saoudite. C’est l’échec politique avant d’être militaire. Les Occidentaux voient bien que l’issue ne peut être que le chaos dans un pays où il y a plus d’armes que de baguettes de pain.

Ryad ne peut pas se retirer du Yémen. Cela signifierait qu’elle va avoir à sa frontière un pays dirigé par les houtis soutenus par l’Iran. La pression internationale en faveur de la paix a cette limite. Il faut que les houtis acceptent un accord entre Yéménites qui leur assure une place au pouvoir, mais pas l’hégémonie.

C’est dans ce sens, qu’il faut que les diplomaties travaillent. C’est un puzzle parce que  l’Iran est concerné et qu’il est empêtré dans ses tensions avec Trump. Les pays du Golfe, Oman par exemple, peuvent jouer les intermédiaires. Cette option bute sur un homme. Mohamed Ben Salmane fait de cette guerre l’alpha et l’oméga de son ère. Il est en train de la perdre sur le terrain et sur le plan diplomatique.

On ne peut que regretter cet entêtement, la faillite de la défunte ligue arabe, parce que le peuple Yéménite souffre le martyr, que des enfants meurent de faim et que c’est intolérable.

 
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