Interview

Atika Bettah, femme adoul : « les mentalités ont changé »

Elle fait partie de la première promotion des femmes adouls au Maroc. Elles sont 277 à avoir réussi les épreuves écrites et orales. Elles démarreront officiellement leurs fonctions la semaine prochaine, après un an de stage.

Challenge : Pourquoi avoir choisi cette profession réservée aux hommes ?

Atika Bettah : La profession m’a aussi choisie. Le métier de adoul était réservé aux hommes seulement. Mais, après que SM le Roi Mohammed VI a accordé le droit d’exercer la profession aux femmes, j’ai passé l’examen écrit en mai 2018 puis l’oral. Par la suite, j’ai effectué un stage d’une année pour bien me préparer à exercer ce métier honorable. Je suis fière d’appartenir à cette corporation. La femme a démontré sa compétence dans  plusieurs domaines et je suis sûre qu’elle prouvera qu’elle est capable de bien mener cette nouvelle mission.

Comment s’est déroulée la formation ?

Nous avons passé une année complète en formation, à commencer par la Cour d’Appel de Casablanca sous la tutelle du président de la Cour, Abdel Aziz Fattaoui, et sous la tutelle du président du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, Dr Moulay Bouchaib El Fadlawi. Par la suite à l’Institut Supérieur de la Magistrature de Rabat pour une période de six mois. Nous avons été formés par les meilleurs magistrats, doctorants et professeurs du Maroc. Puis nous sommes passés à la formation appliquée où nous avons exercé le métier dans les cabinets judiciaires pendant une période de quatre mois sous l’assistance des professeurs adul et sous la tutelle de l’Autorité Nationale de Justice et de la présidence du Conseil régional. Nous avons poursuivi notre formation au Tribunal de la Famille de Casablanca pendant deux mois où nous nous sommes familiarisés avec le côté familial de la profession. La dernière étape fut l’examen que j’ai réussi et ensuite l’attribution de la fonction de adoul suite à la nomination de la part du ministère de la Justice.

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Quel est votre sentiment de faire partie de la première promotion des femmes adoul ?

Je ne peux exprimer ma joie de faire partie de cette première promotion. Après avoir prêté serment devant la Cour d’appel et avoir été confirmée en tant que adoul, mes sentiments se sont emmêlés. Je me sens fière d’exercer ce métier honorable et de rendre mon père, mon mari, mon fils et ma famille fiers de ce que j’ai réalisé, d’autant plus que ce n’était pas facile d’accéder à ce métier car nous avons passé de nombreux examens, sans parler de la période de la formation.

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Comment les futurs mariés se sont comportés avec vous durant la période de stage (méfiance, surprise …) ?

Au cours de ma période de formation, que ce soit dans les tribunaux ou dans les bureaux des adouls, je n’ai franchement pas trouvé de problèmes. Nous étions constamment acceptées par les citoyens, d’autant plus que les mentalités ont changé. Je profite de l’occasion pour lancer un appel aux citoyens. Il ne faut pas limiter le métier de adoul aux actes de mariage et de divorce. Au contraire, le adoul instrumente tous les contrats officiels incluant les transactions financières et familiales, les actes  immobiliers et ceux liés à l’héritage. Nous avons reçu une excellente formation sur tous les types de contrats ce qui nous permet d’exercer convenablement ce métier.

 
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