Société

Cher, trop cher, cette année, le mouton

L’offre est légèrement supérieure à la demande, soit presque 6 millions de têtes d’ovins et de caprins. C’est le même nombre de têtes tracées par l’Office National de Sécurité Sanitaire des produits Alimentaires (ONSSA). Pourtant les prix ont grimpé cette année de plus de 20% par rapport à l’année dernière. Pourquoi ? Les facteurs sont multiples.

Deux années successives de sécheresse. C’est le facteur principal qui se traduit par la hausse des aliments de bétail et la raréfaction des espaces de pâturage. A cela s’ajoute forcément la baisse des naissances. Ne pas oublier que le Maroc est un grand importateur des principales céréales fourragères. Le prix à l’international des principales matières agricoles a connu une hausse importante, depuis le début de la crise sanitaire et au cours des derniers mois.

Les aliments de bétails sont composés de maïs, soja, tourteaux (…). Le maïs est importé presque à 100%. Les prix des autres composantes telles que la fève et la paille, disponibles localement cette année, après une bonne campagne agricole, se sont certes stabilisés, mais impactent faiblement les prix des moutons déjà prêts.

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Le cheptel est globalement composé de 22 millions d’ovins et de 6 millions de caprins. La demande représente presque 20%. Ce qui permet une rotation annuelle équilibrée du cheptel. Mais d’autres facteurs méritent d’être examinés. Une tendance lourde est observée depuis plusieurs années. La famille marocaine a tendance à s’atomiser, à devenir une famille nucléaire, avec un nouveau mode de consommation. Les jeunes couples ont de plus en plus tendance à s’abstenir de ce rituel lié à la sunna. Le pouvoir d’achat est aussi pesant dans la décision, malgré les multiples offres de crédits. Le prix du mouton dépasse largement la mensualité du SMIG, et encore plus le SMAG spécifique aux travailleurs dans le secteur agricole.

Mais la conjoncture actuelle est exceptionnelle. Le confinement a généré des réflexes de nostalgie pour les grandes retrouvailles familiales. Il a aussi réveillé la solidarité familiale d’antan. Le retour massif des Marocains résidant à l’étranger contribuera certainement à une hausse exceptionnelle de la demande et donc des prix. Les grandes familles se retrouvent et le sacrifice du mouton crée une bonne ambiance de regroupement familial.

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Il faudra s’attendre au moins à une demande de 5 à 5,5 millions de têtes, sinon plus. Avec un moyenne de 3000 à 3200 DH par tête, c’est un flux financier minimum global de 15 milliards de DH qui doit être observé, sans compter tout ce qui va avec, de l’oignon jusqu’aux épices, en passant par le charbon, les couteaux bien aiguisés et la rémunération des « égorgeurs ». En évaluant l’intermédiation dans les souks, au moins à 1/3 du prix par tête, c’est 10 milliards de DH qui pourront être transférés vers les campagnes. Mais rien n’est sûr. Attention aux variations imprévues prix. Des surprises sont toujours possibles, aux derniers moments. 

 
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