Interview

Dr Tayeb Hamdi, Vice-président de la Fédération nationale de la santé : « Le Maroc adaptera sa stratégie de vaccination en fonction des données scientifiques en cas d’apparition significative de nouveaux variants »

Évolution de la campagne nationale de vaccination en cours, inefficacité du vaccin AstraZeneca sur certains variants, ou encore ce que  le Maroc pourrait faire en cas d’augmentation de cas positifs liés aux nouveaux variants… Dr Tayeb Hamdi, Vice-président de la Fédération nationale de la santé, nous livre son analyse de la situation.

Challenge : Comment appréciez-vous l’évolution de la campagne de vaccination anti-Covid sur le territoire national ?

Tayeb Hamdi : Je pense que le fait de démarrer une campagne de vaccination élargie au mois de janvier est déjà un exploit dans cette course infernale pour le vaccin à l’échelle internationale, et aussi dans ce contexte d’inégalité entre les pays du Nord et ceux du Sud en termes de capacité d’acquisition de ces vaccins. Maintenant, quand nous mettions en place toute la logistique et tout le nécessaire pour démarrer la campagne de vaccination, nous avions deux équations sans réponses. Premièrement, il s’agissait du délai de la livraison des vaccins. Ce problème se règle au fur et à mesure de l’évolution de la campagne.

Le second point d’interrogation concernait le degré d’adhésion de la population à cette opération, parce que pour contrôler une épidémie, il ne suffit pas d’avoir un vaccin efficace, il faut aussi une adhésion de la population. Je pense à ce niveau que l’évolution de l’opération avec plus de 500.000 personnes déjà vaccinées en l’espace de quelques jours prouve bien la confiance et l’adhésion de la population. Ces deux points sont cruciaux pour réussir à mettre en place une immunité collective contre le coronavirus.

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Challenge : La polémique enfle autour de l’efficacité ou pas du vaccin AstraZeneca sur les nouveaux variants. Par exemple, l’Afrique du sud a annoncé il y a quelques jours qu’elle suspendait sa campagne de vaccination parce que ce vaccin ne montrait aucune efficacité sur le variant sud-africain. Le Maroc serait-il obligé dans les mois à venir de revoir sa stratégie vaccinale concernant ce vaccin à votre avis ?

Dr Tayeb Hamdi : Toutes les possibilités sont sur la table. La vaccination et même les vaccins, eux-mêmes, peuvent être remis en cause par de nouvelles souches du coronavirus. C’est pour cette raison qu’il faut continuer à faire trois choses. Premièrement, continuer à respecter les mesures barrières d’une façon très rigoureuse. Deuxièmement, il faut faire vite avec la vaccination. Et, troisièmement, il faut qu’il y ait une justice internationale de vaccination qui permettra de vacciner les personnes prioritaires en premier et surtout dans les zones où il beaucoup de nouveaux cas. C’est le seul moyen pour réduire l’apparition de nouveaux mutants.

En Afrique du sud, il s’agit d’une étude sur 2000 personnes jeunes qui a permis de montrer que le vaccin AstraZeneca n’est pas efficace sur les formes bénignes et légères. Cependant, il faut attendre les autres résultats concernant les formes graves, parce que s’il est efficace dans ce cas, il le sera toujours que cela soit en Afrique du sud ou ailleurs.  Il faut savoir que les vaccins ne perdent jamais totalement leur efficacité. Cette dernière peut être réduite, mais sera toujours utile sur certains cas. Mais, il va sans dire qu’il faut adapter la stratégie nationale de vaccination en fonction des données scientifiques en cas d’apparition significative de nouveaux variants. Le Maroc n’a pas encore de variants qui circulent et qui sont détectables, il y a juste quelques cas. Et c’est pourquoi il faut continuer à respecter les mesures barrières drastiquement. Cela dit, s’il devrait y avoir des variants, le Maroc, comme je l’ai dit tantôt devra adapter sa stratégie de vaccination en fonction des données scientifiques.

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