Conjoncture

La « douche froide » d’Abdellatif Jouahri

Invité par la commission des finances de la Chambre des Représentants, ce 24 novembre, le Walli de Bank Al-Maghrib a présenté un tableau noir de la situation socio-économique au Maroc et a tiré la sonnette d’alarme quant à l’urgence d’accélérer les grandes réformes.

Le chômage a atteint 12,7% au niveau national, touchant 46,7% des jeunes urbains âgés de 15 à 24 ans. Plus de 580.000 postes ont été détruits. La récession devrait se situer entre 5,8% et 7,2%. Le déficit budgétaire devra atteindre -7,9%, avec une explosion de l’endettement du Trésor public passant de 65% à 76% du PIB. La relance ne serait possible qu’à partir de 2023.

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Le mot récurrent, au niveau international, est l’incertitude. La sortie du « brouillard » n’est pas pour demain. C’est dans ces termes qu’Abdellatif Jouahri a « froidement douché » les représentants de la commission des finances de la Chambre des représentants. Son poste d’observateur privilégié de l’économie, aux niveaux national et international, lui permet de saisir l’ampleur réelle de la crise. Que propose Abdellatif Jouahri, face à cette réalité ?

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Abandonner le rôle de « sapeurs-pompiers » et se mettre au travail pour renforcer la résilience du pays. Comment ? En accélérant le rythme des réformes et en entamant les chantiers stratégiques, notamment celui relatif à la généralisation de la couverture sociale. C’est cette voie qui devrait permettre de renforcer l’immunité de la nation. Les grandes menaces sont déjà là. Choc climatique et stress hydrique sont devenus une réalité palpable. Il ne faut plus attendre. Notre pays compte à peine 500 grandes entreprises. « Le secteur privé doit se reprendre ». Il « doit sortir de la logique du mur des lamentations ». Abdellatif Jouahri met, au centre des priorités, l’investissement massif dans le capital humain, principale clé de la future résilience. Education, santé et couverture sociale, sans oublier la réforme du mode de gouvernance qui doit dorénavant être fondé sur la reddition systématique des comptes, à tous les niveaux de responsabilité. Car, a-t-il dit, « la corruption est le principal frein au développement ».

Pour Abdellatif Jouahri, les voies de la facilité sont à écarter. C’est le cas de la « planche à billets ». L’évolution de l’inflation résulte de l’économie réelle. BAM a un pouvoir d’influence très limité sur le taux d’inflation. Peut-être que cette « douche froide » aurait été plus utile avant l’examen du projet de loi de finances 2021. Mais il n’est jamais trop tard. L’intervention d’Abdellatif Jouahri aura certainement un écho sur la Chambre des Conseillers…

 
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