Economie

Maroc : face à la crise, les banques, principale clé de relance

Actuellement, les conséquences de la crise sanitaire apparaissent principalement sur le plan économique et social. Dans l’urgence, le secteur bancaire a été invité à jouer le rôle du pompier. Cette réponse dans l’urgence a été efficace et pertinente. Néanmoins, la crise sanitaire s’annonce plus durable que prévu. L’endiguement financier pourra-t-il résister au prolongement dans le temps, voire à l’extension de cette crise ?

Au niveau mondial, les prolongements socio-économiques de la crise sanitaire devront, inévitablement, s’étendre, au secteur financier en général, et au secteur bancaire en particulier. Cela se traduit déjà par une tendance à la compression des marges et à la dégradation de la qualité des risques. Selon la plupart des publications financières internationales, les résultats ont déjà baissé de 50%, avec une multiplication par trois du coût du risque, dès le premier trimestre 2020. Cette situation prévaut surtout dans les pays qui ont connu une forte libéralisation du marché financier.

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Au Maroc, l’intégration des meilleurs standards internationaux, sous la supervision de Bank Al Maghrib et l’adoption d’une réglementation stricte ont permis au secteur bancaire de résister aussi bien en interne à la propagation de la crise socio-économique qu’aux chocs externes. Grâce à l’adoption progressive des règles prudentielles et comptables, au cours de la dernière décennie (2009-2019), les établissements bancaires marocains ont pu se constituer suffisamment de fonds propres et de liquidités. C’est d’ailleurs ce qui a permis de débloquer 17 milliards de dirhams de crédits de trésorerie, dès le début du mois de juin 2020, garantis par la Caisse centrale de garantie pour aider les entreprises touchées par la crise. Actuellement, les banques disposent d’un potentiel de 85 milliards de dirhams, soit 8% du PIB, à mobiliser à travers les crédits Oxygène et Relance, renforcés par la garantie de l’Etat.

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Néanmoins, tout dépend de la durée effective de la crise actuelle. Plus cette crise est durable, plus la montée des impayés et du coût du risque pèsera négativement sur les fonds propres des banques. En effet, ce sont les fonds propres qui renforcent la capacité des banques et leur permettent de continuer à accompagner aussi bien la consommation des ménages que l’investissement. La simultanéité de la crise dans l’espace et dans le temps aggrave la situation et réduit la marge de manœuvre. Par ailleurs, même en cas de reprise, il faut s’attendre à une baisse des chiffres d’affaires de la plupart des secteurs, sur plusieurs années, en raison du changement de comportement des clients, mais aussi de la nécessaire intégration des protocoles sanitaires rigoureux pour faire face à la propagation du virus. Cette évolution fait inévitablement appel à une nouvelle rationalité économique, à l’intégration de nouveaux coûts et à la baisse tendancielle des marges.

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Ainsi, si, au départ, les fonds propres excédentaires ont permis aux banques, dans un premier temps, de résister aux chocs internes et externes, la durabilité de la crise sanitaire, avec ses multiples prolongements, est à prendre sérieusement en compte pour pouvoir réussir efficacement les plans de relance économique.

 
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