Textile

Masques à l’export : rien n’est encore réglé pour les textiliens

L’avenir s’annoncerait-il plus radieux pour les textiliens dans le Royaume ? Pas si sûr !

Outre la reconversion d’une partie de la filière pour la confection de masques de protection à destination du marché national, le volet export constitue plus que jamais une manne commerciale juteuse pour les opérateurs par ces temps de pandémie. Justement, l’interdiction d’exporter des masques en tissu qui leur avait été signifiée par le ministère de l’Industrie vient de leur être levée. Pour autant, les textiliens restent toujours dans l’expectative.

Si l’on en croit les propos récents de Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Économie verte et numérique, relayés par la presse, les textiliens qui veulent importer du tissu en admission temporaire ont désormais la possibilité de le faire. Aussi, ils peuvent exporter jusqu’à 50% de leur production, l’autre partie devant satisfaire aux besoins nationaux. La tutelle a par ailleurs fixé une autre condition préalable à l’export, qui consiste en un stock incompressible de 15 millions de masques de protection en tissu, l’objectif étant de sécuriser l’approvisionnement national. Bien que les textiliens, à travers l’Association Marocaine des Industries du Textile et de l’Habillement (AMITH) mènent de concert avec le ministère d’âpres discussions et autres tractations pour poursuivre par ces temps de crise sanitaire la valorisation du secteur, certains d’entre eux en coulisses demeurent perplexes quant à la pérennité de leurs business, car quelques zones d’ombre subsistent encore. C’est le cas par exemple de l’export. Comme nous le souligne ce textilien sous couvert d’anonymat : « Hormis les opérateurs qui peuvent opter pour des admissions temporaires et exporter, ceux qui travaillent avec de la matière première locale et qui font œuvrer par exemple les filateurs nationaux, n’ont pas la possibilité d’exporter ».

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Et notre interlo-cuteur d’ajouter : « Ecouler 50% de notre production sur le territoire national, admettons ! Encore faut-il parvenir à le faire. Or, si le prix de revient est élevé et si le masque doit se vendre aux alentours de 5 DH, nous ne pouvons pas nous en sortir raisonnablement ». Il explicite son propos : « Il faudrait les vendre entre 12 et 13 DH, ce qui est impossible. Mais à l’international, ces mêmes masques peuvent être écoulés à 1,50 euro ; de quoi nous permettre de faire tourner raisonnablement nos plateformes ».

Des opportunités à saisir

Faut-il souligner que si l’exportation de masques permet aux textiliens marocains d’investir certains marchés mondiaux, d’autres pays y ont déjà posé leurs jalons, prenant de facto une longueur d’avance par rapport au Royaume à l’instar de la Turquie, ou de la Tunisie. « J’ai potentiellement une demande de trois millions de masques émanant d’un donneur d’ordre européen, une commande qu’il m’est impossible d’honorer compte tenu des dispositions réglementaires actuelles », poursuit notre interlocuteur. Mais les doléances et autres constatations de certains textiliens au sujet du stock de sécurité de 15 millions de masques, ne s’arrêtent pas en si bon chemin. « Ce chiffre équivaut environ à 700.000 mètres de tissus, ce qui par rapport au Maroc, représente environ une semaine de production. Comment va-t-on pouvoir coordonner l’en-semble de la production disponible du secteur ? Tel est l’équation à résoudre, sachant que certains opérateurs ont de la matière première, en l’occurrence du tissu, quand d’autres ont un stock de masques et aucun d’eux ne parvient à les écouler ?», précise un autre textilien. Et ce dernier d’ajouter : « Nous sommes en train de patauger alors qu’il y a des opportunités à saisir. Il faudrait clairement que nous ayons plus de visibilité pour pouvoir renforcer, sinon pérenniser nos acquis ».

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