Economie

Thami Kabbaj : « la flambée du pétrole et du blé peuvent provoquer une grave crise alimentaire et financière »

Thami Kabbaj, économiste, entrepreneur et auteur de livres dont des best-sellers sur les sujets de la finance et du trading, analyse, la situation actuelle à l’aune de la flambée du pétrole et des matières premières agricoles. Selon lui, le pétrole, qui influence fortement le prix du blé, est déterminant pour ce qui va arriver et pourrait provoquer une inflation mondiale qui ressemblerait à celle des années 70.

Dans une vidéo publié sur son compte Youtube, Thami Kabbaj, analyse la hausse du cours du pétrole. « Ce qu’on a eu comme volatilité c’est juste incroyable. Le pétrole a progressé de 40%, puis il a perdu 30% en quelques jours, et là en 3 jours il est en train de regagner 19%. La volatilité n’a jamais été aussi importante qu’aujourd’hui », s’alarme-t-il. Ainsi, selon lui, les marchés continuent de monter pour plusieurs raisons. La première est l’incertitude, avec la guerre en Ukraine notamment, l’offre diminuant mais avec une demande toujours importante.

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Il y’ a également une dimension géopolitique, une redistribution des cartes, qui profite à l’Arabie saoudite: « pour l’Arabie saoudite, clairement, le fait que le pétrole monte est extrêmement positif, parce qu’elle sait que le pétrole est limité dans le temps et qu’à un certain moment il faudra trouver des alternatives, mais aujourd’hui ils sont en position de force. Le bénéfice annuel du géant pétrolier saoudien Saudi Aramco a plus que doublé grâce à la flambée des prix du pétrole », « Tous les pays exportateurs de pétrole vont profiter de cette aubaine parce que ils savent que cette situation risque de ne pas durer. En 2008, en a eu le pétrole qui explose à la hausse, qui passe de 53 à 147 dollars, prenant 173%, et puis, ce même pétrole, en 6 mois, passe de 147 à 36 dollars, perdant 75% de sa valeur. »

Il y a aussi une dimension spéculative : « quand les marchés montent, les traders ont tendance à vouloir acheter des marchés, parce que il y a ce comportement que l’on appelle le mimétisme des opérateurs: j’achète parce que tout le monde achète. ». En comparant avec l’année 2008, l’économiste explique que certains facteurs pourraient faire baisser fortement le pétrole. « En 2008, on a eu une forte hausse du pétrole, puis une forte baisse. On avait cette composante spéculative à l’époque ce qui explique la forte hausse. Dans un deuxième temps, tout le monde a commencé à vendre ». « Ce qui pourrait faire baisser le pétrole, tout d’abord, c’est une panique généralisé au niveau mondial, et deuxièmement, un ralentissement de la croissance économique (hausse soudaine de l’offre) », « ce qui pourrait également le faire baisser c’est une régulation qui consisterait à bloquer la hausse actuelle ».

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Thami Kabbaj explique que le pétrole agit sur les cours des matières premières agricoles, notamment le blé. « Le prix du blé est fortement influencé par le pétrole car pour produire du blé on doit utilisé du pétrole. ajouté à cela la guerre en Ukraine, qui conduit à une baisse de la production et des exportations, sachant que la Russie et l’Ukraine représentent 25% de la production mondiale de blé. Cela pourrait conduire à une grave crise alimentaire. Aujourd’hui ce qu’on est en train de vivre c’est pire que les années 70. »

 
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