A quelques jours de la commémoration du « 7 octobre », un plan de cessez-le-feu semble se dessiner dans le ciel de Gaza. Ne plus entendre d’explosion. Ne plus voir des cadavres déchiquetés par des bombes. Jouir de journées de calme et de silence. Réapprendre à ne plus avoir peur. Pouvoir dormir sans risquer de ne plus jamais se réveiller. Tel est l’espoir d’une population meurtrie par les 24 mois d’une guerre punitive et génocidaire menée par l’Etat sioniste d’Israël.
Après la rencontre entre D. Trump et B. Netanyahu, la Maison Blanche a publié, lundi 29 septembre, un plan en 20 points, proposé par le président étasunien au premier ministre israélien. Est-ce la fin de l’accélération d’un processus génocidaire qui dure depuis 24 mois ?
La couleur de ce « Plan » apparait dès le premier point : « Gaza sera une zone déradicalisée et libérée du terrorisme, qui ne représentera pas une menace pour ses voisins ». Il s’agit en fait d’un « accord » entre les Etat Unis d’Amérique (EUA) et Israël. L’Etat sioniste est de plus en plus isolé sur la scène internationale. Cet isolement s’est accéléré au cours des dernières semaines et a été fortement illustré à travers la dernière Assemblée Générale des Nations Unies. Le gouvernement israélien est en mauvaise posture sur le plan diplomatique. Il n’a pas intérêt à mécontenter D. Trump qui aspire au prix Nobel de la Paix. Les médiateurs qatari et égyptien ont remis le 29 septembre le document dudit plan aux négociateurs du groupe islamiste palestinien. Une clause de libération de 1950 prisonniers-otages palestiniens pourrait convaincre le Hamas d’accepter le plan de cessez-le-feu. Néanmoins, le plan sonne de toute évidence comme un ultimatum adressé au Hamas.
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La « feuille de route » (FR) a été acceptée par B. Netanyahu pour la mise en œuvre de ce plan, sous conditions. Cette FR prévoit un arrêt immédiat de la guerre à Gaza, suivi d’un retrait par étapes des forces israéliennes et d’une libération des otages israéliens dans les 72 heures suivant le feu vert du gouvernement de B. Netanyahu. Une fois les otages libérés, Israël devrait relâcher 1700 Palestiniens-gazaouis faits prisonniers après l’attaque du 7 octobre 2023, ainsi que 250 autres Palestiniens déjà condamnés à perpétuité.
Ensuite, l’enclave de Gaza serait gouvernée par une autorité temporaire, « technocratique et apolitique », pour gérer les affaires courantes, avec exclusion du Hamas. Les membres de Hamas qui déposeront les armes et accepteront une « coexistence pacifique » avec Israël, seront « amnistiés ». Ceux qui voudront partir de Gaza pourront bénéficier d’un droit de passage « protégé vers les pays de destination ».
Cela rappelle le départ de l’OLP à Beyrouth, en 1982, lorsqu’Israël a mené une guerre destructrice contre le Liban. D’après les négociateurs qatari et égyptien, le Hamas est en train d’examiner ladite FR, « de manière responsable ». Cette FR comprend des points que le Hamas a déjà rejetés auparavant tels que son retrait du pouvoir et son désarmement total. Ainsi, pour le moment, rien n’est acquis. Car, manifestement, B. Netanyahu ne cache pas ses intentions d’humilier le Hamas et de le pousser à rejeter le plan proposé par Trump.
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Le premier ministre israélien a déclaré à D. Trump : « Je soutiens votre plan pour mettre fin à la guerre à Gaza, qui nous permet d’atteindre nos buts de guerre ». Ajoutant par ailleurs : « Si le Hamas rejette votre plan, monsieur le président, ou s’ils disent l’accepter mais font ensuite tout pour le bloquer, Israël va terminer le travail ». Et D. Trump de répondre à B. Netanyahu que, dans ce cas, il aura le « soutien total » des EUA pour « terminer le travail ». Voilà donc des propos qui brillent par leur clarté et n’ont pas besoin de commentaires.
En cas d’acceptation de ce plan par Hamas, D. Trump pourra être perçu, au niveau international, comme étant « l’ultime négociateur » pour aboutir à un cessez-le-feu à Gaza sans pour autant aboutir à une paix durable qui est inséparable de l’application effective des principes fondamentaux de la justice internationale, consistant notamment à mettre fin à une situation coloniale et d’apartheid. L’acceptation du plan de D. Trump par le Hamas pourra être perçue comme une nouvelle humiliation et une défaite. Mais cette acceptation peut sauver des vies humaines.
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Ce n’est en fait ni une victoire ni une défaite. Les causes du conflit seront toujours là. Elles ne peuvent que continuer à générer de nouvelles violences. Néanmoins, cette évolution pourrait être évitée, si la diplomatie internationale reprend la relève et exerce son véritable rôle, celui de construire patiemment et solidement une paix juste et durable.