Banques

La Banque centrale relèvera-t-elle le taux directeur ?

Mardi 27 septembre prochain, le Conseil de Bank Al-Maghrib se tiendra pour la troisième et dernière  fois de l’année, et les opérateurs économiques et financiers scruteront de très près la décision qui sera prise concernant le taux directeur, dans un contexte de fortes tensions inflationnistes. Que vont décider les autorités monétaires ? Les avis des différentes institutions conjoncturistes divergent.

Les banques centrales mondiales enchainent les hausses de leurs taux directeurs pour tenter de contrôler l’inflation galopante. Au Maroc, les spéculations sont lancées à propos de la décision que prendra le Conseil de Bank Al-Maghrib mardi 27 septembre prochain.

Une hausse du taux directeur, selon Attijari Global Research

Attijari Global Research (AGR) prévoit une hausse du taux directeur de Bank Al-Maghrib (BAM).  « Au Maroc, le taux directeur est resté inchangé en 2022 à 1,5%, soit son plus bas historique. A cet effet, nous maintenons notre scénario central prévoyant au moins une hausse du TD d’ici la fin de l’année 2022 », indique AGR dans sa récente note « Weekly Hebdo Taux – Fixed income » qui couvre la semaine du 16 au 22 septembre.  Et d’ajouter que BAM satisfait la totalité de la demande bancaire en augmentant de 1,8 milliard de DH ses interventions à travers ses avances à 7 jours. Celles-ci se sont établies à 39,1 milliard de DH au terme de cette semaine.  Pour sa part, l’encours moyen des placements à blanc et avec prise en pension de l’excédent de trésorerie de l’argentier de l’Etat passe en une semaine de 7,9 milliard de DH à 5,8 milliard de DH.  A quelques jours de sa 3ème réunion de politique monétaire de l’année 2022, Bank Al-Maghrib continue ainsi de réguler le marché monétaire à travers ses injections de liquidité et ce, afin de maintenir les taux interbancaires au niveau du Taux Directeur.  Les analystes d’AGR rappellent que cette décision intervient dans un contexte d’accélération de l’inflation et d’une synchronisation des relèvements de taux directeur des grandes banques centrales à l’international.

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Un relèvement du taux directeur peu probable, selon Valoris Securities

Pour la société de bourse Valoris Securities, un relèvement du taux directeur de Bank Al Maghrib est peu probable.  Dans son Focus Eco pour le mois de septembre, publié à quelques jours de la réunion trimestrielle du Conseil de BAM, la société indique qu’au niveau national, l’essentiel de l’inflation est alimenté par le renchérissement des produits importés.  « De ce fait, un relèvement du taux directeur de BAM nous parait peu probable, d’autant plus que l’inflation des biens échangeables est appelée à s’alléger prochainement et les réserves de change demeurent solides », explique Valoris Securities dans cette publication intitulée « Inflation et Crise énergétique : Serait-il de bonne augure de maintenir une politique monétaire accommodante ? ». « A l’opposé, une augmentation agressive du taux directeur lors des prochains conseils de BAM, pourrait à notre avis peser sur les prochaines politiques de relance du gouvernement et ainsi sur les perspectives de croissance économique, dans un contexte de concurrence entre pays du sud de la Méditerranée vis-à-vis des investissements étrangers, sans pour autant peser significativement sur l’évolution de l’inflation », soulignent les analystes de Valoris Securities. 

Malgré les craintes partagées dans l’ensemble des pays à l’égard de l’inflation, l’évolution des prix des matières premières de base, ainsi que les mesures fortes menées par plusieurs banques centrales nous portent à croire que l’inflation mondiale aurait déjà atteint son pic durant la récente saison estivale.  De ce fait, le rétablissement progressif des chaînes logistiques et le réajustement de certaines marges de transformation ne pourrait qu’alléger la hausse des prix des produits finis, indépendamment de n’importe quelles nouvelles décisions de hausse des taux, décidées par les banques centrales mondiales.

Maintien du taux directeur, selon CDG Capital Insight

De son côté, CDG Capital Insight estime qu’il est probable que le conseil de Bank Al-Maghrib maintienne le taux directeur inchangé au niveau de 1,5%. La filiale de la CDG explique le maintien du taux directeur entre autres par «le retour prévu de l’inflation à des niveaux largement inférieurs aux pics actuels à l’horizon de prévision (8 trimestres) et des origines importées et d’offre des tensions inflationnistes actuelles; la fragilité de la reprise des crédits alimentée essentiellement par ceux destinés à la trésorerie et l’importance de maintenir des conditions de financement favorables pour soutenir la reprise économique post-Covid-19». Ces prévisions reposent sur cinq éléments observés depuis la tenue du dernier conseil, à savoir un creusement du déficit de la liquidité du secteur bancaire sous l’effet d’une accélération de la circulation fiduciaire conjuguée à un rebond des créances nettes sur l’Etat, une poursuite du fort dérapage à la hausse de l’inflation et de l’inflation sous-jacente à des niveaux historiquement élevés. «Toutefois, ces tensions inflationnistes émanent de la composante importée et d’un choc d’offre sur l’alimentation frais, avec une demande des ménages en ralentissement et un accroissement des crédits à la consommation largement en dessous des niveaux historiques», indique la même source.

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A cela s’ajoute une reprise des crédits accordés au secteur privé, particulièrement alimenté par les comptes débiteurs et les crédits de trésorerie et à l’habitat, contre des replis de ceux destinés à l’équipement et à la promotion immobilière, souligne ledit document précisant que cette situation reflète que la reprise demeure toujours fragile et essentiellement destinée à maintenir le fonctionnement de l’existant à la place du financement de la formation brute de capital fixe. Ladite analyse relève également un fort ralentissement prévu de la croissance économique en 2022 sous l’effet d’une diminution prévue du PIB agricole. CDG Insight évoque aussi les perspectives favorables pour l’année 2023 avec notamment une reprise de la croissance économique sur la base d’une hypothèse de saison agricole moyenne autour de 75 millions de quintaux et un retour de l’inflation à des niveaux largement inférieurs aux pics actuels compte tenu de l’effet de base exceptionnellement élevé. 

 
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