L'édito

Le monde change

L’Administration Biden ne veut plus de la guerre au Yemen. Elle la juge trop coûteuse sur le plan humanitaire et surtout inutile puisque les rapports de force n’ont pas évolué, permettant même une emprise plus évidente de l’Iran sur les Houthis. Ceux-ci, contrairement au Hezbollah libanais, se vivent comme des alliés et non pas comme des créatures de Téhéran, puisqu’ils existent bien avant le régime des mollahs.

En même temps, Joe Biden a fait savoir qu’il ne veut discuter qu’avec le Roi Saoudien, MBS ayant trop de casseroles, ce qui est une rupture sérieuse. L’Allemagne continue à voter les sanctions contre la Russie, mais les violent allègrement. Elle négocie un nouveau passage pour le gaz russe, qui permettrait de contourner l’Ukraine. A côté, la fabrication du vaccin Spoutnik n’est qu’un pourboire. Huawei symbole honni, en Occident, de la Chine conquérante, installe la plus grande usine de fabrication, hors de Chine, en France. Ce qui fait des trous dans la raquette des Européens qui veulent boycotter le géant Chinois.

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Partout des reclassements sont en cours. Après la pandémie, chacun veut retrouver son rang dans un monde mouvant qui ne sera pas le fac-similé de celui d’avant. Malheureusement, cette inflexion n’est pas perceptible dans les politiques menées par les capitales de la sphère dite arabo-musulmane. Les uns continuent à croire aux alliances indéfectibles achetées à coups de milliards de dollars, les autres finissent par s’identifier à leur propre propagande. L’Iran en est la caricature.

Téhéran fait le paon et refuse de dialoguer sur son programme nucléaire, oubliant l’importance de cette question auprès de l’opinion publique américaine et la lassitude des Européens qui ne comprennent pas que Téhéran refuse la main tendue par Biden. Le Monde de demain sera multipolaire de manière assumée. Il n’y aura plus d’alliances automatiques, et donc plus de parapluies garantis. Ce qui est rationnel, dans cette optique, c’est de créer de multiples connexions d’intérêts communs bien compris. Ce ne sera possible que pour ceux qui rompent avec les dogmes qui n’ont plus de substrat et ils sont rares dans notre sphère.

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Le Maroc a fait ce choix depuis longtemps. Il nous faudra l’affiner mais aussi l’affirmer haut et fort. Le Maroc se doit de refuser toute position contrainte au nom de solidarités dépassées. C’est notre choix, assumons-le jusqu’au bout.

 
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