Economie

Reprise économique. Les incertitudes d’Abdellatif Jouahri, Wali de Bank Al-Maghrib

La Banque Centrale a décidé de maintenir le taux directeur inchangé à 1,5%, à l’issue de son conseil trimestriel tenu le 22 juin. Optimiste quant aux perspectives de l’économie nationale en dépit de la conjoncture, le Wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, a néanmoins mis en exergue plusieurs points d’incertitude. Il a aussi profité de sa rencontre (virtuelle) avec les médias pour revenir sur plusieurs sujets de l’actualité.

Le Conseil de Bank Al-Maghrib a tenu le mardi 22 juin sa traditionnelle session trimestrielle de l’année. Ainsi, sur la base de l’ensemble des évaluations de Bank Al-Maghrib, le Conseil a jugé que le niveau actuel du taux directeur demeure approprié et a décidé de le maintenir inchangé à 1,5%. Notons que lors de cette réunion, il a examiné et approuvé le rapport annuel sur la situation économique, monétaire et financière du pays, ainsi que sur les activités de la Banque au titre de l’exercice 2020. Après avoir passé en revue les principaux indicateurs de la conjoncture économique nationale, le Wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, est revenu sur plusieurs sujets de l’actualité. Verbatim.

Sur la reprise :

« Il peut y avoir des zones d’incertitudes. Par exemple, le 15 juin, le prix du pétrole a flambé à plus de 70-75 dollars. Est-ce une situation durable ou temporaire ? Est-ce que cela reflète une reprise qui se confirme au niveau international, ce qui veut dire donc que la demande se confirme avec les accords de l’OPEP et en plus de la Russie en ce qui concerne l’offre ? Vous voyez, tout ceci est entouré d’incertitudes. La grosse incertitude qui reste concerne le sanitaire.

S’il n’y a pas une solution durable sur ce plan, et bien tout ce que l’on dira sera avec beaucoup de points d’interrogation et d’incertitudes, parce que sans la vaccination collective, sans l’immunité collective, rien ne pourra se faire avec certitude. En toute honnêteté intellectuelle, cette incertitude s’applique à nous aussi ainsi qu’à nos prévisions. En termes de croissance, nous restons en deçà des 2%, mais cela est temporaire ».

Lire aussi | Tayeb Hamdi :« nous avons tous les ingrédients pour que le déficit en médecins se creuse davantage si rien n’est fait»

Sur le Nouveau modèle de développement :

« Nous avons lu le rapport de synthèse, le rapport présenté à S.M. le Roi, les annexes, etc. Et pas uniquement sur les points qui concernent les missions de la Banque centrale, car nous avons étudié l’ensemble des données du rapport et d’ailleurs nous en avons parlé assez longuement au sein du Conseil, et il y a eu même une présentation qui a été faite. Nous estimons dans un premier point que tout ceci demande une réflexion, c’est-à-dire que ces conclusions et ces propositions, que nous saluons car cela a nécessité 18 mois de travail, avec un effort monstre pour pouvoir présenter quelque chose de cohérent et consistant. Cependant, toute proposition peut être enrichie, affinée, et peut être priorisée, c’est-à-dire réfléchir ensemble sur les points qui méritent d’être priorisés, ce qui manque, ce qu’il faut pour faire aboutir cela, etc.

C’est pour cette raison que nous avons dit que, si cela est encore possible, d’avoir la commission en face de nous (le Conseil de Bank Al-Mahgrib et pas uniquement le Wali) et de discuter avec ses membres point par point, parce que nous estimons qu’il n’y pas de surenchère en ce qui concerne l’intérêt du pays. Nous travaillons tous pour l’intérêt du pays. Donc, plus nous allons enrichir cela, et plus les populations vont se l’approprier et plus ce modèle aura de chance de réussir dans le long terme. Nous avons examiné le rapport, il y a des choses sur lesquelles nous sommes d’accord, et d’autres sur lesquelles nous avons encore besoin d’explication sur les tenants et les aboutissants… Il va sans dire que nos préoccupations touchent davantage le secteur financier que d’autres ».

Sur les couacs de la médiation bancaire :

« Nous avons déjà opéré des changements dans l’intervention du médiateur au niveau bancaire. D’abord, nous avons rendu la médiation institutionnelle gratuite. Donc, des efforts ont été faits mais j’estime que ce n’est pas suffisant et que nous devons faire en sorte que les choses aillent un peu de l’avant. C’est un point sur lequel nous sommes en train de réfléchir ».

Lire aussi | Marhaba 2021. Le gouvernement veut réussir l’opération tout en préservant les acquis

Sur le programme Intelaka :

« Le confinement a retardé un peu les choses, mais le programme a repris déjà. Nous sommes déjà à 4 milliards de DH de financement avec 27.000 entreprises qui en ont profité. C’est tant mieux, mais ce n’est pas assez. Au niveau de l’accompagnement, nous sommes en train de finaliser la labellisation des entités en mesure d’accompagner les porteurs de projets. Si l’opération réussit parce que nous voulons faire des CRI le point d’encrage de cet accompagnement, et il n’y a pas de raison que nous ne puissions pas l’opérer en faveur des TPME et en particulier en faveur des TPE dans le cadre de l’après crise Covid 19 ».

Sur la crypto-monnaie :  

« Sur ce point, les choses avancent. Notre comité est mis en place et a déjà 4 groupes de travail. Nous ne travaillons pas sur le court terme, mais plutôt sur le long terme en ce qui concerne la crypto-monnaie, par conséquent, ne vous attendez pas à ce que d’ici la fin de l’année je vienne vous dire que le Maroc a sa crypto-monnaie. Nous suivons bien sûr ce qui se fait ailleurs. Mais, je pense que nous avons pour le moment d’autres priorités que cette priorité de créer une monnaie numérique de la Banque centrale ».

 
Article précédent

Quarantaine des voyageurs au Maroc. L'hôtel doit être payé à l'avance !

Article suivant

Chakib Benabdellah, nouveau président du conseil national de l’Ordre des architectes