À Guyancourt, les idées prennent forme, et à Aubevoye, elles sont mises à l’épreuve. Ensemble, le Technocentre et le Centre Technique d’Aubevoye incarnent le noyau stratégique de l’innovation chez Renault Group. Après notre immersion au Technocentre (voir Challenge n°979), cap justement sur Aubevoye. Nichée en Normandie, à l’abri des regards, cette plateforme classée confidentiel déploie ses 600 hectares pour tester intensivement les véhicules des marques Renault, Dacia, Mobilize et Alpine. Alternant essais statiques et dynamiques, mise au point et endurance, c’est ici que les nouveaux modèles sont certifiés avant d’être lancés sur les marchés. Bienvenue dans ce sanctuaire technologique, où cinq ans de vieillissement sont condensés en seulement cinq mois.
Au Centre Technique d’Aubevoye (CTA), dédié aux essais, Renault Group mobilise plusieurs ateliers spécialisés qui constituent un pilier central de sa stratégie industrielle et d’innovation. Des pôles d’expertise qui permettent non seulement de diviser par deux le temps de conception des nouveaux modèles, passant de quatre à deux ans, mais aussi de garantir leur durabilité. Car cinq ans après leur mise sur le marché, les véhicules doivent conserver l’apparence et les performances du neuf, dixit le staff de Renault Group.


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Entre pistes d’essais extrêmes, bancs de tests, chambres climatiques et environnements dédiés aux systèmes électroniques et à la sécurité embarquée, chaque composant des véhicules de la firme au losange est soumis à des conditions rigoureuses, nous dit-on. Objectif : assurer la robustesse et la fiabilité des véhicules dans toutes les situations. Justement, ce sont plus de 1 000 collaborateurs qui se relaient sur le CTA, 362 jours par an, 24h/24 et 7j/7, pour mener ces essais grandeur nature.
Pour mieux comprendre cette mécanique de précision, les équipes de Renault Group nous ont ouvert les portes de leurs coulisses techniques, révélant comment certains pôles clés participent à transformer une idée en véhicule opérationnel.
Maîtriser la consommation, maximiser le rendement
Dans un contexte où la consommation, l’autonomie et les émissions sont devenues des enjeux stratégiques, le pôle d’expertise énergétique du CTA joue un rôle central dans la validation et l’homologation des véhicules de Renault Group. Grâce à une synergie entre simulation numérique et essais physiques, ce pôle teste tous les types de motorisations (thermiques, hybrides et électriques) dans des conditions extrêmes : de -30°C à +50°C, avec simulation d’ensoleillement et impact climatique. Parmi les équipements de pointe mobilisés par ce pôle, on retrouve le banc dit «BRBC3», mis en service en 2021, qui permet, entre autres, de simuler des conditions extrêmes et d’anticiper les exigences de la future norme Euro 7, attendue en 2027. À cela s’ajoutent plusieurs bancs spécialisés, chacun dédié à un aspect précis de la performance énergétique.
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C’est le cas du banc de frottement qui mesure la résistance au roulement et l’impact des organes de la chaîne cinématique. De leurs côtés, les bancs consommation/autonomie évaluent les émissions polluantes et l’autonomie dans des conditions variées ; enfin, le banc performance permet de tester les véhicules jusqu’à 250 km/h, en stabilisé ou en dynamique. Pour compléter ces essais en laboratoire, le pôle dispose également de pistes d’essai extérieures, dont un anneau de vitesse, utilisées pour des tests spécifiques tels que la vitesse maximale, le départ arrêté ou encore les phases de forte sollicitation énergétique. De quoi garantir une précision maximale dans l’évaluation des performances et de l’efficience énergétique.

Fiabilité, même dans les ondes
A l’heure où les véhicules embarquent une multitude de systèmes électroniques (aides à la conduite, motorisations électriques, GPS, radars, radios), la compatibilité électromagnétique (CEM) est devenue un enjeu stratégique pour Renault Group. Concrètement, le pôle CEM du CTA veille à garantir que chaque véhicule soit immunisé contre les interférences et respecte son environnement électromagnétique. Comme l’a souligné Xavier Bunlon, expert CEM : «le monde est parcouru d’ondes électromagnétiques qui peuvent interagir avec l’ensemble des systèmes électroniques. Nous devons assurer que les véhicules de Renault Group sont tout à fait sûrs et fiables dans cet environnement». Pour répondre à ces exigences, ce pôle s’appuie sur des infrastructures de pointe, dont l’une des plus grandes chambres anéchoïques au monde.
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D’une superficie de 300 m², affichant 11 mètres de haut, elle intègre 3 000 cônes absorbants. Sans compter que trois cages de Faraday spécialisées complètent le dispositif : on recense donc la chambre immunité qui simule les ondes extérieures, mais aussi la chambre dite mutisme qui mesure les émissions du véhicule. Ajoutez-y la chambre radiofréquence qui cartographie la réception radio à bord. Selon Xavier Bunlon, ce sont chaque année près de 970 essais qui sont réalisés sur une large bande de fréquences couvrant radio, télévision, téléphonie mobile…Objectif : garantir que le véhicule résiste aux perturbations sans en générer lui-même. Ce que souligne notre interlocuteur, c’est que le nombre d’équipements électroniques embarqués a été multiplié par quatre en quinze ans, chaque composant et chaque fréquence devant être rigoureusement testés. En somme, dans un monde hyperconnecté, le pôle CEM incarne une garantie invisible mais essentielle : celle d’un véhicule fiable, sûr et parfaitement intégré dans son environnement technologique, conclut M. Bunlon.

Quand les ADAS veillent
Il est temps de quitter le pôle CEM et de monter à bord d’un bus dédié, direction le pôle ADAS du CTA. Ce dernier joue un rôle clé dans le développement de véhicules plus sûrs, plus intuitifs et plus confortables.Concrètement, il assure la validation réglementaire de plus de 35 systèmes d’aide à la conduite pour toutes les marques de Renault Group, nous dit-on, en combinant tests physiques intensifs et simulations numériques avancées. «Des systèmes, dédiés à la sécurité, à la conduite et au stationnement, qui visent à réduire les risques d’accident tout en facilitant les manœuvres, sans jamais remplacer la vigilance du conducteur», souligne Guillaume Mercier. Et cet expert prestations ADAS d’ajouter : «notre priorité, c’est la sécurité de nos clients comme de l’ensemble des usagers de la route».
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Il faut dire que ce pôle bénéficie de moyens certifiés Euro NCAP (garant de la sécurité automobile en Europe) ; de quoi lui permettre de réaliser en interne les tests réglementaires, avec à la clé une réduction de 25 % du temps de validation. Quoi qu’il en soit, et à en croire M. Mercier, chaque année ce sont plus de 10 000 tests physiques qui viennent compléter les simulations digitales. Pour cela, les équipes s’appuient sur un arsenal technologique de haute précision : robots volants, mannequins, plateformes robotisées, GPS différentiel… Des outils qui permettent de simuler des situations complexes en toute sécurité. Aussi, les données issues des tests physiques alimentent ensuite les modèles numériques, renforçant la robustesse des systèmes embarqués et accélérant les délais de développement.

La fiabilité, une garantie pour durer
Dans un contexte où la qualité perçue et la tenue dans le temps constituent des exigences majeures pour la clientèle, le pôle fiabilité-durabilité du CTA entend illustrer l’engagement de la firme au losange en faveur de véhicules conçus pour résister aux contraintes d’usage, maintenir leurs performances et préserver leur intégrité, y compris après cinq années de circulation, dixit l’un des responsables du pôle. Et pour y parvenir, le Groupe précise s’appuyer sur une méthodologie rigoureuse qui permet de simuler cinq années de vieillissement en seulement cinq mois, en combinant tests statiques et essais dynamiques. Ce programme, lancé il y a cinq ans, cible plus de 200 pièces sensibles, représentant 80 % des incidents qualité. Ainsi, l’objectif est triple nous assure-t-on : anticiper les défaillances, corriger les faiblesses et intégrer durablement les solutions dans les standards de conception. Comme le souligne Dominique Berthier, Expert leader Fiabilité/Durabilité : «le fait d’inclure la durabilité dans les gênes de nos véhicules permet au Groupe de se situer aujourd’hui au niveau des meilleurs et de continuellement progresser».
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Afin de garantir ce niveau d’exigence, les véhicules sont soumis à des tests grandeur nature, menés jour et nuit sur 35 pistes variées (ville, montagne, 4×4, anneau de vitesse…), réparties sur les 600 hectares du site. Questions chiffres, ce sont chaque année près de 6 millions de kilomètres qui sont parcourus, à travers 362 campagnes d’essais menées 24h/24, 7j/7. Ces parcours extrêmes (routes bosselées, tunnels de poussière, gués, roulage en forêt) visent à repousser les limites mécaniques et structurelles, dixit M. Berthier. En parallèle, le pôle dispose de moyens statiques de haute précision, à savoir 44 bancs de tests, 18 chambres de corrosion et des enceintes climatiques capables de simuler l’humidité, les écarts de température ou les agressions chimiques. Ces dispositifs complètent les essais dynamiques pour offrir une vision globale de la durabilité.
À l’issue des campagnes de test, les pièces critiques sont identifiées, analysées et traitées, nous dit-on. Toujours est-il que les solutions validées sont ensuite intégrées dans les standards de conception, assurant du coup une amélioration continue de la qualité. Une démarche qui a permis, selon Renault Group, une progression de belle facture en matière de fiabilité dès le lancement des véhicules, renforçant aussi bien la confiance des clients, que la réputation du Groupe.

Toujours est-il qu’en intégrant la fiabilité et la durabilité dès les premières phases de conception dans ses modèles, Renault Group indique vouloir faire de l’endurance un levier d’innovation, un gage de qualité et une promesse client.