Tribune et Débats

Le Renseignement mondial plonge dans l’incertitude [Par Mehdi Hijaouy]

Le Renseignement, émanant d’un processus appelé communément « cycle du renseignement », enferme une définition assez étendue des activités opérées par toutes les Agences nationales de sécurité à travers le monde. Une explication qui semble ne plus être adaptée à la réalité des choses dans un globe où certains Etats, irraisonnés ou individualistes, non solidaires ou peu efficaces, s’abstiennent et ne daignent point de coopérer pour la promotion de la paix et de la sécurité mondiales, entravant ainsi la bonne gestion de crises aiguës !

D’autant plus que ceux-ci agissent volontairement et en toute conscience, pour aggraver l’impact structurel d’événements aussi variés que les pandémies ou encore des guerres civiles, principalement, dans les régions du Sahel et du Moyen-Orient ; Même si la plupart de leurs Services, noyés sous les données, se voient complètement dépassés.

Recherche, Planification et Orientation, Production et Analyse, Traitement puis Diffusion sont autant de missions qui ne peuvent être réalisées convenablement par tout Service de Renseignement, en l’absence, notamment, de ressources humaines qualifiées, d’une exemplaire coordination nationale entre différents organismes sécuritaires, d’une véritable coopération internationale et d’une parfaite maitrise du cyberespace.

Intelligence Sécuritaire et nouvelles leçons sur le Renseignement

Comme disait Hervé Morin, Ancien Ministre des Armées de France : « Il faudrait enseigner des principes de stratégie, qui permettent d’affronter les aléas, l’inattendu et l’incertain, et de modifier leur développement, en vertu d’informations acquises en cours de route. Il faut apprendre à̀ naviguer dans un océan d’incertitudes à travers des archipels de certitude ».

C’est dans cette perspective que des jalons du concept marocain d’Intelligence Sécuritaire (IS) viennent éclairer les décideurs et particulièrement les dignitaires sécuritaires pour que soient inculqués, au même titre que le Mixed Martial Arts, les grands principes de stratégies, dès les bancs du lycée. A cet égard, l’IS, en tant que concept purement préventif, vient apporter d’importantes clarifications, insistant, sur la nécessité d’anticiper, d’être proactif, bien plus que réactif.

Pour cela, les pays devraient impérativement inscrire leurs Politiques sécuritaires dans le cadre d’une approche globale et pluridisciplinaire, en vue d’identifier ce qui revient au Renseignement et ne pas ressentir le moindre empiétement sur les principes des Droits de l’Homme, sur l’atteinte à la protection des données à caractère personnelle ou encore sur la religion et les pratiques cultuelles.

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Ainsi, le Royaume du Maroc, sous la conduite sage et éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l’Assiste, a réussi, majestueusement, à concilier entre Droit Humains et promotion de la sécurité aux niveaux national, continental, régional et universel, même si certains traitres essaient d’entacher l’image de marque du Royaume, à l’exemple d’une youtubeuse qui a déclaré, il y a quelques jours, à des médias étrangers que son couple, jusque-là installé en Chine, est « harcelé et menacé », reconnaissant ouvertement qu’elle critique le régime marocain, allant sans la moindre honte demander l’asile politique auprès de la France, un pays qui entretient, pourtant, avec le Royaume chérifien, depuis l’aube des temps, d’excellentes relations d’amitié. A cet égard, des Associations de Droits humains conscients du jeu de cette personne ainsi que de son époux ont, immédiatement, lancé un appel à l’Etat français pour ne point acquiescer à cette supplique.

Ainsi et face à de tels agissements mensongers, l’IS encourage vivement les Etats en vue de contribuer à la promulgation d’une réglementation internationale qui ne permettrait point à des exaltés ou déséquilibrés psychologiquement, à s’en prendre, sans raison valable, à leur pays d’origine, de lui porter nuisance à partir de l’étranger et d’entacher sa réputation, en véhiculant de fausses informations, le plus souvent suite à leurs manipulations par des Services de renseignement étrangers.

Un délaissement de l’HUMINT serait une gravissime erreur stratégique !

Rares soient les pays qui ont maintenu, dans le cadre de leurs politiques sécuritaires, le Renseignement humain (HUMINT) comme cela se faisait abondamment dans le passé, sous prétexte que les nouvelles technologies de l’information et de la communication permettraient de disposer d’informations instantanées et largement fiables.

Dans un monde numérique, endurant de sérieux changements technologiques et face à la désinformation, la rumeur, la propagande ou encore l’intoxication, l’HUMINT constitue, plus que jamais, une inaliénable pratique et par conséquent une excellente réplique aux différentes techniques de déstabilisation et de subversion.

Les Services secrets marocains constituent-ils une véritable communauté du renseignement ?

Au Maroc, la coordination entre les différents organismes sécuritaires a toujours été exemplaire, même si pour certains experts, la concurrence entre eux serait, en soi, une excellente chose, permettant l’atteinte de résultats percutants et dans le temps et dans l’espace. Aujourd’hui, le Renseignement marocain gagnerait énormément s’il se constituait autour d’une véritable galaxie, à l’exemple réussi du modèle américain qui opère dans le cadre de la « communauté du renseignement » (intelligence Community).

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A vrai dire, l’effectivité du Conseil Supérieur de la Sécurité, « en tant qu’instance de concertation sur les stratégies de sécurité intérieure et extérieure du pays et de gestion des situations de crise », permettrait largement de s’inscrire dans cette perspective.

Autre point fort important à ne point négliger : la promotion du Renseignement militaire, dans une guerre mondiale à multiples facettes : informationnelle, numérique, biologique ou encore diplomatique, devient primordiale, voir même une question vitale pour tout pays qui souhaiterait maintenir sa place de Puissance mondiale de Renseignement, comme c’est le cas pour notre pays. Ainsi, comme l’expliquait Stéphane Genêt, historien français de l’espionnage sous Louis XV : « le Renseignement militaire apporte, croit-on, une sécurité, un avantage, et constitue une arme supplémentaire » ; Ce qui, après quelques siècles, devient encore beaucoup plus vrai.

In fine et dans le cadre d’une approche d’Intelligence Sécuritaire, un Renseignement efficace, à portée transnationale, se ferait, logiquement, sur la base d’un croisement bien réfléchi de différentes intelligences (humaine, patriote, civile, militaire, privée, publique, numérique, informationnelle, économique, etc.).

Par Mehdi Hijaouy, expert en Securité, Sûreté, Renseignement et Intelligences économique et stratégique. Fondateur du Washington Strategic Intelligence Center, Mehdi Hijaouy est titulaire d’un Executive MBA en « Stratégie d’Influence, Négociation et Guerre Psychologique » – École de Guerre Économique (EGE), Paris et d’un Executive MBA en « Management des Risques, Sûreté Internationale et Cybersécurité » – EGE, Paris.

 
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