Le président français Emmanuel Macron a prôné « plus de fermeté » à l’égard de l’Algérie, en prenant acte de l’inflexibilité d’Alger sur la question migratoire et la détention de deux ressortissants français que la France juge arbitraire.
Paris et Alger sont empêtrés depuis plus d’un an dans une crise diplomatique sans précédent qui s’est traduite par des expulsions de fonctionnaires de part et d’autre, le rappel des ambassadeurs des deux pays et des restrictions sur les porteurs de visas diplomatiques.
« La France doit être forte et se faire respecter », fait désormais valoir le chef de l’État français dans une lettre à son Premier ministre, François Bayrou, publiée par le quotidien Le Figaro.
« Elle ne peut l’obtenir de ses partenaires que si elle-même leur témoigne le respect qu’elle exige d’eux. Cette règle de base vaut pour l’Algérie aussi », écrit-il.
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Parmi les mesures demandées au gouvernement, le chef de l’État appelle à suspendre un accord « concernant les exemptions de visa sur les passeports officiels et diplomatiques ».
Emmanuel Macron demande au gouvernement de « refuser les visas de court séjour aux détenteurs de passeports de service et diplomatiques, tout comme les visas de long séjour à tous types de demandeurs ».
Pour éviter que les diplomates algériens puissent malgré tout venir en France via un pays tiers, la France va demander à ses partenaires Schengen de coopérer.
Emmanuel Macron motive aussi le tour de vis par la situation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, condamné à 5 ans de prison ferme notamment pour « atteinte à l’unité nationale », et du journaliste français Christophe Gleizes, condamné à sept ans de prison en Algérie pour « apologie du terrorisme ». Paris juge arbitraires leurs condamnations et demande leur libération.
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Dès le 23 juillet, le ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau avait indiqué que la France était « en train » de restreindre les conditions de déplacement en France d’un « certain nombre de dignitaires algériens » après le refus d’Alger de reprendre 120 ressortissants sous obligation de quitter le territoire français (OQTF).
Visant le président Emmanuel Macron, il avait aussi estimé que « la diplomatie des bons sentiments a(vait) échoué » et réclamé un changement de ton vis-à-vis d’Alger.
En dépit de la fermeté demandée, le président de la République promet que son « objectif reste de retrouver des relations efficaces et ambitieuses avec l’Algérie ». A Paris, on estime que les canaux de communication ne sont pas complètement rompus mais on attend un geste d’Alger.
Challenge (Avec AFP)