Lors d’une récente visite à Casablanca, un haut responsable de Bayer Pharma, Uwe Dalichow, a dévoilé la stratégie régionale du géant allemand, son engagement envers le Maroc, et les perspectives d’innovation dans les soins aux patients.
Portée par sa devise «Santé pour tous, faim pour personne», Bayer articule ses actions autour de l’innovation et de l’impact sociétal. Présente dans plus de 100 pays, la multinationale considère le Maroc comme un point d’ancrage clé en Afrique du Nord. Le groupe y opère, depuis 65 ans et ce, à travers trois divisions : Crop Science, dédiée à l’agriculture et à la protection des cultures ; Consumer Health, spécialisée dans les produits en vente libre (OTC) ; et Pharmaceuticals, centrée sur les maladies chroniques, la santé des femmes et l’éducation thérapeutique. Ces trois divisions contribuent de manière équilibrée à la performance régionale de Bayer.
Le site de production de Bayer à Casablanca, dédié aux produits OTC, est unique en Afrique. Il exporte vers plus de 35 pays, dont des marchés en Europe, au Moyen Orient et en Afrique. En 2025, l’usine célèbre ses 20 ans d’existence, avec des projets d’expansion ambitieux, notamment une nouvelle ligne de production dès l’année prochaine et un objectif de tripler sa capacité d’ici 2026. «Le Maroc offre un environnement attractif avec une main-d’œuvre qualifiée, des coûts compétitifs et une capacité prouvée à produire avec qualité. Nous voulons capitaliser sur cette réussite», affirme Uwe Dalichow, notamment responsable de la région MENA de Bayer Pharmaceuticals.
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Toutefois, la question de la localisation de la production pharmaceutique reste stratégique mais complexe. «Il existe une grande différence entre la fabrication de médicaments pharmaceutiques et celle de produits OTC, notamment en termes de volumes», explique-t-il. Pour certains produits comme les hormones, les contraintes techniques rendent la production locale peu rentable en faible quantité…. Cela implique des arbitrages, comme la faisabilité technique, l’intérêt pour les patients, les risques de rupture de stock ; dans certains cas, maintenir une production centralisée reste la meilleure option.
Bayer investit activement dans des domaines thérapeutiques prioritaires pour le pays : cardio-vasculaire, oncologie, hématologie, ophtalmologie et santé des femmes.

Ainsi, la multinationale allemande a lancé un traitement innovant contre le cancer de la prostate, permettant une prise en charge plus précoce et ciblée.
En ophtalmologie, le groupe a adapté ses programmes et ses prix pour améliorer l’accès aux traitements des maladies dégénératives de la rétine. Pour les patients atteints de sclérose en plaques, Bayer a mis en place des programmes d’éducation pour favoriser leur autonomie.
Et plus globalement, un essai clinique de phase 3 est en cours sur une thérapie innovante contre la maladie de Parkinson, marquant un tournant vers la médecine personnalisée. «Le futur de la médecine se dirige vers des traitements individualisés, loin des solutions universelles », souligne M. Dalichow.
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Dans cette logique d’innovation sur mesure, l’intelligence artificielle s’impose comme un levier majeur de transformation. Lors de sa visite, Uwe Dalichow a rencontré le ministère de la Transition Numérique et de la Réforme de l’Administration et exploré des pistes de collaboration autour de l’IA et de la radiologie. Car Bayer propose des solutions avancées pour les IRM, échographies et radiographies, avec des logiciels de diagnostic et des agents de contraste. «L’IA représente une opportunité unique pour transformer la manière dont les patients sont pris en charge», souligne-t-il.
Dans le prolongement de cette stratégie, Bayer collabore étroitement avec le ministère de la Santé et les régulateurs pour accélérer l’arrivée de l’innovation. L’entreprise soutient les discussions sur la réforme des prix et l’élargissement de la couverture de remboursement.
Pour répondre aux disparités de pouvoir d’achat, Bayer a mis en place une stratégie de prix différenciés, adaptée au PIB par habitant, et des programmes d’aide aux patients souffrant de maladies chroniques.
Cette approche se traduit aussi par la localisation d’une partie de la production de contraceptifs hormonaux, choisis pour leur accessibilité et leur capacité à répondre aux besoins des femmes marocaines. Proposé dans une gamme de prix abordable, il permet à de nombreuses femmes d’y accéder plus facilement. Bayer ajuste également ses formulations, à action courte ou longue, en fonction des besoins spécifiques des patientes, renforçant ainsi son engagement en faveur d’un accès équitable aux soins. «Tous nos médicaments respectent les mêmes standards de qualité, quel que soit le pays de destination», ajoute M. Dalichow. Et de conclure : «aucun recours n’est fait à des substances non validées. Chaque produit suit un processus rigoureux de recherche et développement, avec essais cliniques en trois phases». Cette exigence scientifique, souligne-t-il, garantit l’efficacité, la sécurité et la fiabilité des traitements proposés à travers le monde.