Selon la nouvelle enquête conjointe de la Banque européenne d’investissement (BEI) et de l’Union européenne, menée dans le cadre du Trade & Competitiveness Programme (TCP), près d’une PME marocaine sur deux reste confrontée à des obstacles majeurs d’accès au crédit bancaire. Une réalité qui freine leur compétitivité et limite leur capacité à exporter, alors même qu’elles constituent le cœur battant de l’économie nationale.
Représentant 93 % du tissu entrepreneurial marocain, les PME et TPE constituent l’un des principaux leviers de création de valeur et d’emplois du Royaume. Mais cette vitalité économique se heurte à un constat persistant : une PME sur deux n’a toujours pas accès à un financement bancaire formel. «Les conditions d’accès au crédit restent trop rigides, avec des garanties élevées et des taux souvent inadaptés à la réalité des petites entreprises», souligne l’enquête BEI/UE publiée récemment.
Les secteurs du textile, de l’agroalimentaire et de l’automobile, considérés comme stratégiques pour l’économie nationale, concentrent une grande partie des difficultés identifiées. Ces chaînes de valeur, pourtant dynamiques, peinent à mobiliser les ressources nécessaires à leur montée en gamme et à leur internationalisation.
Face à ces contraintes, 35 % des dirigeants de PME interrogés déclarent s’être tournés vers des sources de financement informelles (proches, amis, ou réseaux personnels). Une solution de court terme, jugée « peu durable et souvent risquée ». « Même avec des opportunités solides à l’international, obtenir un crédit reste un défi. On nous demande des garanties que nous ne pouvons pas fournir, et les taux sont trop élevés », confie un entrepreneur du secteur agroalimentaire cité dans le rapport.
Les barrières administratives pèsent également : 53 % des dirigeants dénoncent des procédures lourdes et complexes, tandis que 27 % pointent le manque d’accompagnement dans la constitution des dossiers de prêt. Une PME sur quatre, estime aussi ne pas disposer d’une information claire sur les options de financement existantes.
Plus d’un tiers des chefs d’entreprise interrogés considèrent que le manque de financement limite directement leur capacité à exporter. Quatre PME sur dix affirment déjà exporter, mais à une échelle restreinte, faute de moyens suffisants pour se structurer et répondre aux exigences des marchés étrangers.
Selon les initiateurs de l’enquête BEI/UE, « l’accès à un financement adapté n’est pas seulement une question de liquidités : c’est un levier de compétitivité et d’ouverture internationale ».
Le rôle catalyseur du TCP
A fin d’inverser cette tendance, la BEI et l’Union européenne misent sur le Trade & Competitiveness Programme (TCP), un dispositif cofinancé par l’UE qui combine garanties partielles, taux préférentiels et accompagnement technique.
Ce programme permet aux banques marocaines partenaires, comme la Banque Centrale Populaire (BCP), de réduire leur exposition au risque lorsqu’elles financent les investissements des PME issues des chaînes de valeur exportatrices.
L’ambition étant de renforcer la confiance des banques dans le financement des PME tout en soutenant leur montée en compétitivité. « Le TCP est d’ailleurs un levier concret qui traduit ce partenariat durable avec le Maroc. »
Présente depuis plus de 40 ans dans le Royaume, la BEI demeure un partenaire financier majeur des politiques publiques marocaines dans des secteurs essentiels tels que l’agriculture, l’éducation, la santé, le transport ou les énergies renouvelables. Avec cette nouvelle enquête, l’institution réaffirme son engagement à rapprocher les acteurs bancaires et les petites entreprises, dans une logique de développement durable et inclusif.
L’enquête BEI/UE dresse donc un tableau lucide : le potentiel des PME marocaines est immense, mais encore bridé par un système de financement insuffisamment adapté. Entre volonté d’expansion et contraintes structurelles, les entrepreneurs marocains appellent à une relation bancaire plus souple, plus rapide et plus connectée à la réalité du terrain.
Le défi pour 2025 et au-delà, sera donc de transformer ce tissu entrepreneurial robuste en un véritable moteur de croissance inclusive, capable d’exporter le savoir-faire marocain au-delà des frontières.
 
			         
														 
								 
								 
								 
								 
								