Capitale politique du Maroc et pourtant l’une des plus discrètes auprès des voyageurs étrangers, Rabat s’impose aujourd’hui comme une destination de choix, où patrimoine royal et modernité urbaine se conjuguent en harmonie. À la croisée de l’histoire et de l’Atlantique, cette région séduit par sa douceur de vivre, ses monuments séculaires et ses traditions encore vivaces.
Fondée au XIIe siècle par les Almohades, Rabat, surnommée alors « Ribat al-Fath » (le camp de la victoire), était à l’origine une base militaire stratégique destinée aux expéditions vers l’Espagne musulmane. Aujourd’hui, cette cité, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2012, compte plus de 1,8 million d’habitants et se distingue par son équilibre entre ville administrative, site historique et carrefour culturel.
Le voyage débute par la Kasbah des Oudayas, ceinturée de remparts ocres qui dominent l’embouchure du Bouregreg. Ce quartier pittoresque abrite des ruelles blanches et bleues où l’histoire murmure à chaque porte cloutée. Le célèbre écrivain français Victor Hugo mentionnait déjà les Oudayas dans ses récits de voyage, fasciné par cette citadelle maritime qui résistait aux envahisseurs et aux tempêtes.
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Juste en contrebas, le Café Maure, fondé au début du XXe siècle, est l’un des lieux les plus emblématiques de la ville. Installé face à la mer et aux remparts de Salé, on y savoure un thé à la menthe accompagné de cornes de gazelle, tout en écoutant les vagues frapper les rochers. Il se raconte même qu’à l’époque du protectorat, les espions français venaient y observer discrètement les allées et venues des notables locaux.
Autre monument incontournable : la Tour Hassan, minaret inachevé du XIIesiècle. Elle devait initialement atteindre 80 mètres et devenir la plus haute tour du monde musulman. Finalement stoppée à 44 mètres après la mort du sultan Yacoub el-Mansour, elle reste aujourd’hui un symbole national. Le Mausolée du Feu Roi Mohammed V, qui lui fait face, accueille quotidiennement des visiteurs venus rendre hommage au roi du retour à l’indépendance en 1956.
De l’autre côté du fleuve Bouregreg, Salé conserve son âme de cité corsaire. Aux XVIe et XVIIe siècles, ses marins formaient la célèbre « République des Corsaires de Salé », un gouvernement autonome dirigé par les pirates locaux et redouté jusqu’en Méditerranée et sur les côtes anglaises. La médina de Salé, moins touristique que celle de Rabat, abrite encore aujourd’hui des artisans menuisiers et des ateliers de céramique réputés.

Un havre de paix et de nature
La région ne se limite pas à son patrimoine urbain. Elle offre également des escapades en pleine nature. La forêt de Maâmora s’étend sur près de 133 000 hectares, véritable poumon vert à quelques minutes de Kénitra. C’est l’une des plus grandes chênaies de la Méditerranée, idéale pour les pique-niques, les randonnées et les rencontres inattendues avec les cigognes et hérons qui y nichent.
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Côté océan, les plages de Mehdiya, Skhirat et Témara attirent surfeurs et familles. À Mehdiya, les vestiges de l’ancienne forteresse portugaise rappellent qu’ici aussi, l’histoire a laissé son empreinte sur le sable. Chaque été, plus de 500 000 visiteurs fréquentent le littoral de Rabat-Salé-Kénitra, appréciant ses longues plages sauvages encore préservées.

Rabat, ville culturelle
Rabat se distingue également sur le plan culturel. Le Festival Mawazine, qui réunit chaque année plus de 2,5 millions de spectateurs, a accueilli des artistes internationaux comme Rihanna, Elton John ou The Weeknd. Un record pour un événement musical africain. Par ailleurs, le Musée Mohammed VI d’Art Moderne et Contemporain, inauguré en 2014, fut le premier musée public marocain entièrement dédié à l’art contemporain.
En matière de développement, la région investit massivement dans les infrastructures : nouveaux hôtels de standing, réaménagement du littoral, extension du tramway et projets éco-touristiques dans la vallée du Bouregreg. L’objectif affiché : doubler le nombre de touristes d’ici 2030 et positionner Rabat-Salé-Kénitra comme une destination balnéaire et culturelle de premier plan.


Bon à savoir
Population : Près de 4,8 millions d’habitants dans la région Rabat-Salé-Kénitra.
Meilleure période pour visiter : D’avril à octobre, avec des températures oscillant entre 20 et 30 °C.
Accès : L’aéroport Rabat-Salé accueille plus de 1 million de passagers par an. La région est aussi desservie par 4 gares ferroviaires majeures.
Spécialités : Poissons grillés de la côte Atlantique, harira parfumée et cornes de gazelle au miel.
À rapporter : Céramiques de Salé, tapis berbères de Khémisset, huile de figue de barbarie et une multitude de souvenirs que l’on peut acquérir dans la rue des Consuls à Rabat.
À ne pas manquer : Le coucher du soleil depuis la terrasse du Café Maure des Oudayas et une balade à vélo le long de la vallée du Bouregreg.