En adhérant au Pan-African Payment and Settlement System (PAPSS), Bank Al-Maghrib fait un pas décisif vers l’intégration financière du continent. Ce système panafricain, soutenu par Afreximbank, l’Union africaine et le Secrétariat de la ZLECAf, permet désormais d’effectuer des paiements instantanés et sécurisés en monnaies locales. Une avancée majeure pour fluidifier le commerce intra-africain et renforcer la souveraineté économique du continent.
En juillet 2025, Bank Al-Maghrib a officiellement rejoint le PAPSS, devenant la 17ème banque centrale africaine membre du réseau. Ce ralliement traduit la volonté du Maroc de contribuer activement à la construction d’un espace économique africain intégré, en droite ligne avec les ambitions de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). «Notre adhésion au PAPSS s’inscrit dans une démarche stratégique visant à consolider l’intégration financière africaine et à renforcer les échanges entre les économies du continent», souligne une source officielle de Bank Al-Maghrib.
Piloté par la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) sur mandat de l’Union africaine, le PAPSS est une infrastructure panafricaine de paiement permettant d’effectuer des transactions transfrontalières directement en monnaies locales sans passer par des devises tierces comme le dollar ou l’euro.
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Basé au Caire, le PAPSS fonctionne en continu, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Il permet le traitement, la compensation et le règlement net multilatéral des paiements intra-africains, garantissant ainsi une circulation fluide, rapide et sécurisée de la valeur à l’échelle du continent.
Une décision à portée continentale
Le réseau, déjà riche de plus de 150 banques commerciales, 14 commutateurs nationaux et 18 banques centrales, constitue une véritable colonne vertébrale pour le commerce africain. « PAPSS est une étape déterminante vers une Afrique financièrement indépendante et interconnectée », précise la source de Bank Al-Maghrib. «Il réduit les coûts et délais de transaction, tout en favorisant une meilleure maîtrise des risques de change».
Après plusieurs échanges techniques avec Afreximbank, Bank Al-Maghrib a opté pour le modèle de règlement bancaire commercial. Dans ce schéma, les banques marocaines pourront exécuter directement leurs paiements via leurs comptes en devises ouverts auprès d’Afreximbank, tandis que la Banque centrale jouera un rôle d’autorité de supervision et d’habilitation.
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Ce choix permet à Bank Al-Maghrib de préserver ses réserves de change et son système RTGS (règlement brut en temps réel), tout en donnant aux établissements marocains une autonomie opérationnelle pour leurs échanges transfrontaliers. «Le modèle retenu assure un équilibre entre agilité pour les opérateurs bancaires et stabilité pour le système financier national», souligne la même source.
Bank Al-Maghrib aura ainsi pour missions :
• d’autoriser les banques marocaines souhaitant rejoindre le PAPSS ;
• de superviser les flux de paiements transfrontaliers ;
• et de siéger dans les organes de gouvernance du système, dont le conseil d’administration et le comité de surveillance.
Afin de préparer le secteur à cette adhésion, Bank Al-Maghrib a organisé, en septembre 2025, un atelier national réunissant le Groupement Professionnel des Banques du Maroc (GPBM) et les représentants du PAPSS.
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Cette rencontre a permis de détailler le fonctionnement du système, d’évaluer les implications opérationnelles et de recenser les attentes des acteurs bancaires marocains. « L’objectif de cet atelier était de bâtir une compréhension partagée du projet et de poser les jalons d’une mise en œuvre concertée », explique Bank Al-Maghrib. « L’intégration du Maroc au PAPSS est un chantier collectif qui mobilise l’ensemble du secteur financier. »
Un espace de dialogue permanent a également été instauré afin d’assurer l’accompagnement des banques marocaines dans les phases de déploiement et d’interopérabilité.
Retombées concrètes
L’adhésion du Maroc au PAPSS va profondément simplifier les opérations commerciales et financières des entreprises marocaines présentes en Afrique. Les paiements pourront désormais s’effectuer en temps réel et en monnaies locales, sans passer par des correspondants étrangers, réduisant ainsi les coûts, les délais et la dépendance au système bancaire international.
Les secteurs du BTP, de l’énergie, des services, de l’industrie ou encore du commerce y trouveront un avantage compétitif majeur, renforçant la position du Maroc comme hub économique et financier régional. «Cette intégration renforce la compétitivité de nos entreprises à l’international et soutient la stratégie d’ouverture africaine du Royaume», ajoute la source officielle.
L’entrée de Bank Al-Maghrib au sein du PAPSS s’accompagne d’une participation active aux instances décisionnelles du système, notamment le conseil d’administration et le comité de surveillance. Ce rôle permettra à la Banque centrale marocaine de contribuer à l’évolution du cadre de régulation financière africaine et de défendre une approche basée sur la transparence, la sécurité et la durabilité.
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«Le Maroc apporte une expertise reconnue en matière de supervision bancaire et de modernisation des paiements», rappelle la source de BAM. «Notre objectif est d’œuvrer pour une Afrique interconnectée, inclusive et souveraine».
Au-delà de l’innovation technologique, le PAPSS incarne une vision politique et économique : celle d’une Afrique qui s’émancipe progressivement de la dépendance aux systèmes financiers extérieurs.
En permettant aux pays africains de commercer et d’investir à travers leurs propres infrastructures, ce dispositif renforce la souveraineté monétaire et crée un levier puissant pour la croissance intra-africaine. «C’est une avancée majeure vers une Afrique qui échange, investit et se développe sur la base de ses propres ressources», conclut la source de Bank Al-Maghrib.
L’intégration du Maroc au PAPSS ne se limite pas à une innovation financière: elle symbolise une volonté politique et une ambition continentale.
En rejoignant cette infrastructure, Bank Al-Maghrib place le Royaume au cœur du dispositif panafricain de paiements, confirmant son rôle de catalyseur de l’intégration économique africaine.
