Après l’histoire des sous-marins russes non-nucléaires, le projet est encore sur la table, à en croire les révélations du site spécialiste des questions de défense Opexnews. Cette fois-ci, les sous-marins Scorpènes du français Naval Group ont le vent en poupe. Décryptage…
Après la signature, début septembre, de dix hélicoptères H225M Caracal, le Maroc serait désormais en négociation, selon le site spécialiste en défense militaire Opexnew, pour acquérir ses premiers sous-marins. Les offres françaises figureraient parmi les mieux placées, prolongeant un partenariat défense déjà dense. Dans les détails, le sous-marin français Scorpène est un submersible classique diesel-électrique, équipé de six tubes lance-torpilles de 533 mm, capable de transporter jusqu’à 18 armes variées, comprenant des torpilles et des missiles antinavires.
Et l’autre avantage de l’offre française au-delà des performances, réside dans le volet annexe notamment : la participation locale, transfert de compétences et gestion potentielle… Pour la petite histoire, depuis quelques années le Maroc est inscrit dans une stratégie de développement de son parc de défense.
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“Les mutations géostratégiques qui s’opèrent sur la scène internationale vous imposent, outre une vigilance constante et une adaptation continue, d’adopter une approche rationnelle, tant qualitative que quantitative, afin de renforcer les capacités défensives, opérationnelles et logistiques de Nos Forces, ainsi que de se doter des moyens techniques modernes dans des domaines aussi sensibles que la gestion des opérations et les systèmes de défense, de surveillance et de digitalisation, ce qui requiert une préparation et une qualification de l’élément humain pour accompagner les changements”, déclarait le Souverain à l’occasion 67e anniversaire des forces armées royales En effet, la probable acquisition de ce type de matériel militaire s’inscrit donc dans cette nouvelle diplomatie sécuritaire du Maroc.
“Aujourd’hui, la technologie est un levier incontournable dans les dispositifs de défense”, nous confie Said Houari, expert en sécurité et défense. De son côté, le consultant politique Driss Aissaoui nous déclare que le Maroc a toujours mis la question maritime au cœur de son développement stratégique. “A la lumière de cette activité, il faut comprendre que la Marine marocaine est inscrite dans un développement utile de son arsenal militaire”, dit-il.
Une concurrence féroce
Allemands, Espagnols et Français, entre autres, sont dans les starting-blocks. Au côté de l’offre de la Russie, c’est bien sur celle de la France avec son Scorpène de Naval Group qui demeure en pole position. Ce dernier est très avancé technologiquement, avec émission réduite de bruit et optimisation de la détection, grâce à des systèmes de sonars et de propulsion de pointe. Il utilise aussi des batteries lithium-ion dans certaines versions, ce qui lui confère une plus grande autonomie sous l’eau.
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Du côté de l’Espagne, on a des sous-marins opérationnels de la classe S-70 Agosta ou de la classe Galerna. Cette dernière a une longueur de 67,57 mètres, une largeur de 6,8 mètres, un déplacement de 1 490 tonnes et une vitesse de 12 nœuds. Il a une autonomie de 9 000 milles nautiques à 8 nœuds, 45 jours de fonctionnement ininterrompu et une capacité de 60 personnes.
Industrie militaire: le Maroc en marche
Rappelons que dans le cadre du projet de loi de finances 2023, il a été alloué 119,8 milliards de dirhams (11 milliards de dollars) au budget de la défense, ce qui représente une hausse de près de 4 milliards de dirhams (369 millions de dollars) par rapport à l’exercice précédent. Au regard de cette ambition dans la technologie des sous-marins, le Maroc veut poser les bases de l’instrument qui pourrait soutenir son développement dans le domaine de la défense. Avec l’émergence de la technologie dans le domaine de la défense, on sait comment la haute technologie est un élément incontournable sur l’échiquier militaire.
Au-delà de l’aspect militaire, “l’industrie de défense constitue une opportunité économique en raison de la nature dépensière qui caractérise le commerce d’armements”, souligne une étude Policy Center for the New South. “Un pays comme le Maroc dispose des atouts pour s’assurer une place confortable dans ce secteur très dynamique. Cependant, les retombées socio-économiques ne sont pas l’unique mobile pour se doter d’une base industrielle et technologique nationale compétitive”, précise cette étude. Sur la nécessité stratégique de développer une industrie de l’armement, il existe un lien entre l’autosuffisance en matériel de défense et la jouissance d’une autonomie logistico-opérationnelle.
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“Cette autonomie est une condition sine qua non pour demeurer souverain et maître de son destin. D’où tout l’intérêt de se prévaloir d’une politique d’industrie de défense (PID) qui dépasse la simple disposition d’une base industrielle et technologique de défense (BITD)», expliquent les experts de Policy center for the New South.
Les coûts cachés de l’entretien d’un sous-marin
L’entretien d’un sous-marin recèle de nombreux coûts cachés. D’abord, les retards de maintenance : des rapports du Government Accountability Office (GAO) des États-Unis montrent que les délais dans les chantiers publics entraînent des périodes inutilisées ou d’immobilisation, coûtant des milliards et csimplement parce que le sous-marin ne peut pas entrer ou sortir du chantier à temps. Ensuite, le coût des travaux imprévus : souvent, une part importante du travail lors d’une maintenance n’est pas planifiée en amont — pièces à remplacer, inspections plus approfondies, dégâts non anticipés — ce qui ajoute du temps, de la main d’œuvre, et des matériaux. Les coûts de stockage ou de retrait de service des sous-marins hors activité constituent aussi des charges cachées.
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Par exemple, au Royaume-Uni, le maintien en stockage de bâtiments désarmés ou désaffectés coûte des dizaines de millions de livres par an, alors même que ces unités ne sont plus opérationnelles. Il y a aussi les coûts liés au vieillissement du matériel : les sous-marins plus anciens exigent des entretiens plus fréquents et plus coûteux, remplacement de pièces obsolètes, mise à jour des systèmes, etc., ce qui fait monter les tarifs d’entretien de façon exponentielle avec le temps.