Le Maroc possède un potentiel exceptionnel en matière d’économie bleue. Avec ses deux façades maritimes totalisant plus de 3.500 km de littoral et une zone économique exclusive de 1,2 million de km², le Royaume bénéficie d’un capital maritime unique, porté par des ressources halieutiques riches et des énergies renouvelables abondantes. Dans la région du Souss, ce chantier de l’énergie bleue s’impose désormais comme un véritable catalyseur de développement socio-économique, ouvrant la voie à une nouvelle dynamique industrielle et durable. Décryptage…
Depuis quelques années, le Maroc a fait de la question de l’économie Blue une priorité de gouvernance. Et une de nos sources à la mairie d’Agadir nous a fait comprendre que ce sujet était au cœur de la stratégie de croissance de la région. C’était en mars dernier que le gouvernement est passé à passer un cap dans ce châtier avec la signature du fameux accord de prêt d’un montant de 350 millions de dollars entre le Royaume et la Banque Mondiale pour le programme censé booster les résultats de l’économie bleue (PPR EB).
Il faut d’ailleurs rappeler que, le rapport sur le Nouveau Modèle de Développement avait insisté sur la saisie des opportunités offertes par le potentiel maritime, dans « les secteurs économiques traditionnels tels que la pêche, le tourisme et les activités portuaires » mais également dans de « nouveaux secteurs à fort potentiel (aquaculture, algoculture, bioproduits marins, construction navale ou encore énergies marines renouvelables…) ».
Lire aussi | Airbus va livrer 10 hélicoptères H225M au Maroc et y installer un centre de maintenance
Aujourd’hui dans le champ d’opportunité qu’offre le littoral, le secteur de l’énergie renouvelable offshore est une priorité. Selon le dernier rapport 2024 du GWEC « Le Maroc dispose d’une ressource importante et d’un gouvernement engagé dans le développement de cette technologie dans la région ».Toujours selon les experts du GWEC, le potentiel du Maroc repose sur précisément sur ses ressources naturelles en matière d’énergie éolienne, la côte atlantique Sud du Royaume dispose d’un potentiel important pour accueillir des parcs éoliens offshore, avec une vitesse moyenne du vent supérieure à 10 mètres par seconde (m/s), a souligné le rapport du GWEC. Il faut d’ailleurs notifier que la Banque européenne d’investissement (BEI) avait accordé à l’Agence marocaine pour l’énergie durable (MASEN) une subvention de 2 millions d’euros pour la réalisation d’une étude de faisabilité sur l’éolien offshore au Maroc.
Contacté par Challenge, l’expert en énergie Said Guemra nous apporte ses quelques précisions sur cette technologie dans le Souss : « l’éolien en mer trouve son intérêt dans l’absence d’obstacles que le vent rencontre sur terre, de ce fait, il y’a une meilleure régularité des vents en mer, et un productible qui peut être nettement plus intéressant que sur terre. L’investissement en matière d’éolien en mer, est pratiquement le double que sur terre, avec des difficultés de rentabilité sur certains projets. Pour faire face aux problèmes du transport, l’hydrogène peut être produit aux pieds des éoliennes et évacué par la suite. Le facteur de charge qui caractérise la production éolienne est à une moyenne européenne de 24%, sur terre, ce même facteur en Europe est à une moyenne de38%, soit 50% en plus, ce qui explique l’engouement européen pour l’éolien en mer ».
Enjeu de l’ingénierie ?
« Le Maroc possède un immense potentiel éolien terrestre encore largement inexploité. Ce potentiel théorique dépasse les 11 00 TWh par an, permettant ainsi l’installation de plusieurs centaines de gigawatts. Dans notre contexte national, l’installation d’éoliennes en mer n’est pas pertinente car les alternatives terrestres offrent également des facteurs de charge supérieurs à 60 %. L’une des principales préoccupations concerne l’impact sur la biodiversité marine. Les zones désignées pour les parcs éoliens en mer sont souvent des habitats essentiels pour de nombreuses espèces marines et sont aussi cruciales pour la pêche et d’autres activités économiques vitales pour les communautés côtières », nous confie Badr Ikken, CEO de GI3.
Lire aussi | PLF: stabilisation des dépenses fiscales en 2025
Et d’ajouter: « De plus, les coûts de maintenance des éoliennes en mer sont significativement plus élevés que ceux des éoliennes terrestres. L’accès aux éoliennes offshore nécessite des infrastructures spécialisées et des opérations plus complexes en raison des conditions marines, entraînant ainsi des dépenses supplémentaires et des défis logistiques. Ces coûts rendent l’énergie produite par les éoliennes offshore moins compétitives que les énergies renouvelables terrestres. En conclusion, l’installation d’éoliennes en mer doit être soigneusement évaluée. Dans le cas du Maroc, les alternatives terrestres présentent clairement moins d’impacts environnementaux et des coûts de maintenance réduits, ce qui les rend plus viables et respectueuses de l’environnement. »
Même si l’énergie éolienne en mer connaît une croissance rapide ces dernières années, notamment dans les pays les plus avancés, le coût de cette infrastructure représente un frein au développement des éoliennes offshore au Maroc. Selon une étude du CESE, les Stations de d’Énergie par Pompage (STEP) marines sont aussi des pistes intéressantes de production et de stockage d’énergie renouvelable rentable. Les STEP marines permettent de stocker l’électricité produite par des sources d’énergie intermittentes (type éolienne ou panneaux solaires) par l’utilisation infinie de l’eau de mer et sa force hydraulique. Des études de faisabilité pour développer ces stations en bord de mers sont en cours ».
Une côte atlantique à fort potentiel
Selon un rapport du Global Wind Energy Council (GWEC), le potentiel du Maroc repose sur ses ressources naturelles en matière d’énergie éolienne. La côte atlantique sud du Royaume dispose d’un potentiel important pour accueillir des parcs éoliens offshore, avec une vitesse moyenne du vent supérieure à 10 mètres par seconde (m/s), souligne le rapport du GWEC.
Lire aussi I L’ONMT déploie un dispositif pour la CAN-2025
Il faut également noter que la Banque européenne d’investissement (BEI) a récemment accordé à l’Agence marocaine pour l’énergie durable (MASEN) une subvention de 2 millions d’euros pour la réalisation d’une étude de faisabilité sur l’éolien offshore au Maroc. L’étude évaluera le potentiel de transformation de la côte atlantique du Maroc en un centre d’énergie éolienne offshore, en tenant compte des exigences techniques, environnementales et économiques de ces projets.
« La majorité de ces éoliennes sera installée au tournant de la décennie, et les deux tiers entre 2029 et 2033. Cette expansion rapide du déploiement doit s’appuyer sur une collaboration croissante entre l’industrie et le gouvernement ainsi que sur la création de cadres politiques et réglementaires rationalisés et efficaces. Cette croissance anticipée sera stimulée par l’arrivée de la prochaine vague de marchés de l’éolien en mer, tels que l’Australie, le Japon, la Corée du Sud, les Philippines, le Vietnam, le Brésil, la Colombie, l’Irlande et la Pologne, où l’évolution des politiques et une attention sans précédent de la part des gouvernements, de l’industrie et de la société civile créent les conditions d’un développement à long terme et à grande échelle de l’éolien en mer », estiment les experts du GWEC.
De ce fait, les installations annuelles d’éoliennes en mer devraient tripler en 2028 par rapport aux 10,8 GW de 2023. D’ici 2033, elles devraient atteindre 66 GW, faisant passer la part de l’offshore dans les nouvelles installations éoliennes de 9 % à au moins 25 %.