Alors qu’en 2024 Airbus a fait sensation avec des chiffres réconfortants, son concurrent Boeing est dans une zone de turbulence. En Afrique, avec la venue du Chinois Comac, le secteur est sous tension… Décryptage.
Le secteur de l’aéronautique africain est aujourd’hui le terrain de rivalités énormes, où les grands constructeurs mondiaux – Airbus, Boeing, et désormais Comac – cherchent à s’imposer dans un marché en croissance mais encore sous-équipé. Avec seulement 3 % du trafic aérien mondial, l’Afrique reste marginale en volume, mais décisive en potentiel. D’ici 2040, selon les prévisions, le continent pourrait doubler sa flotte d’avions, portée par une croissance démographique explosive, une urbanisation rapide et l’émergence de classes moyennes avides de mobilité.
Dans ce contexte, Airbus semble avoir pris une longueur d’avance. Le constructeur européen a signé une année 2024 solide, avec un carnet de commandes valorisé à 629 milliards d’euros, contre 554 milliards d’euros il y a un an… Boeing, à l’inverse, traverse une tempête durable. Les multiples incidents techniques, notamment ceux du 737 Max, ont érodé la confiance. Le groupe tente de redresser la barre, mais peine à convaincre. Avec seulement 348 avions livrés sur l’année, le constructeur a atteint son plus bas niveau de production depuis 2021.
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Sur le continent, le constructeur demeure également dans une position fragile. Le groupe fait face à un problème persistant de commandes non honorées. Selon notre confrère Jeune Afrique, cette situation n’est pas sans conséquence. « Ethiopian Airlines, son plus gros client et la compagnie aérienne la plus rentable d’Afrique, est la plus touchée car elle attend la livraison de 53 des 88 commandes non honorées. Les compagnies aériennes nigérianes Air Peace et Arik Air doivent encore recevoir 18 737 MAX, tandis que les compagnies aériennes sud-africaines Comair Limited et TAAG Angola Airlines en attendent huit à elles deux », révèle Jeune Afrique.
Une recomposition en téléchargement ?
Dans une déclaration à l’AFP, le PDG de la compagnie éthiopienne a annoncé les couleurs. Entre autres, il est revenu sur les ambitions du groupe, notamment faire passer la taille de sa flotte de 162 actuellement à 270 d’ici 2035. « Boeing dort encore », confiait Mesfin Tasew à l’AFP en novembre dernier.
Récemment, se confiant à Reuters, Mesfin Tasew Bekele, lors de l’assemblée générale annuelle de l’Association du transport aérien international (IATA), a évoqué qu’Ethiopian Airlines envisage une commande d’au moins 20 avions régionaux.
Airbus. De son côté, Royal Air Maroc, qui exploite exclusivement des avions Boeing, a pour objectif de passer de 50 à 200 appareils d’ici 2037, tandis que Kenya Airways compte augmenter aussi sa flotte d’au moins 50 appareils, principalement des Boeing, au cours des cinq prochaines années.
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Dans un article sur le sujet, nous avons révélé les probables intentions de RAM de se diriger vers le constructeur français, surtout à l’heure de la relance de la coopération France-Maroc.
Cependant, Boeing ne baisse pas pour autant les bras. Boeing continue d’intensifier sa présence en Afrique. En avril 2025, il a ouvert un nouveau bureau administratif à Addis-Abeba. Le constructeur américain dispose déjà d’un bureau en Afrique du Sud et envisage d’en ouvrir un autre en Afrique de l’Ouest. Sans parler des représentants sur le terrain qui travaillent auprès de compagnies au Kenya, en Algérie, en Égypte, au Maroc, au Togo et en Tanzanie.
La montée en puissance de la Chine
Depuis toujours, Airbus et Boeing règnent seuls dans le ciel international. Cependant, ces dernières années, de nouveaux acteurs arrivent sur le marché. Les chiffres de l’aviation en 2024 montrent déjà que le C919, produit par l’avionneur chinois Comac, s’est arrogé un quart des commandes des moyens-courriers (300, contre 615 appareils Airbus A320 commandés et 415 Boeing 737 Max).
Pour l’heure, le C919 n’est omniprésent que dans l’espace aérien chinois. Le pays comptait 101 536 vols domestiques hebdomadaires en 2024, soit un total en hausse de 38 % par rapport à 2019, et 700 millions de voyageurs internes. L’avion n’a pas encore obtenu une certification internationale reconnue.