Entre ambitions panafricaines, diplomatie économique et repositionnement stratégique des acteurs mondiaux, le Maroc s’impose comme la nouvelle plaque tournante financière du continent. Après Standard Chartered, Access Bank prépare son entrée, tandis que la SaudiExim Bank fait de Casablanca Finance City son ancrage maghrébin. Le Royaume devient plus que jamais un hub bancaire africain en pleine expansion.
Depuis quelques années, une dynamique souterraine mais structurante redessine la carte de la finance africaine. Les grandes banques internationales, mais aussi les champions régionaux du continent, cherchent des bases stables pour piloter leurs opérations africaines. Longtemps, Johannesburg, Lagos ou Le Caire ont dominé le jeu. Aujourd’hui, grâce à CFC, Casablanca s’impose progressivement comme le nouveau centre névralgique d’un continent en quête d’intermédiation financière solide, de connectivité réglementaire et de visibilité internationale. Le mouvement est profond. Il ne s’agit pas seulement d’une série d’ouvertures de bureaux : c’est un repositionnement géoéconomique.
Le Maroc, fort de sa stabilité politique, de ses réformes financières et de son ancrage africain assumé, attire désormais les grands noms du secteur bancaire mondial. En moins de deux ans, Standard Chartered, Access Bank et plus récemment SaudiExim Bank ont jeté leur dévolu sur le Royaume, confirmant une tendance que les experts anticipaient depuis la montée en puissance de Casablanca Finance City (CFC). « Nous demeurons concentrés sur notre propre trajectoire, une trajectoire de consolidation de nos acquis et d’innovation au service du Maroc et du continent. Notre vision reste inchangée : faire de Casablanca Finance City un hub régional de premier plan, en connectant les capitaux internationaux au potentiel africain, en favorisant les partenariats interrégionaux et en créant des passerelles entre investisseurs et opportunités », nous confie Ksikes Directrice Stratégie, Partenariats et Communication de Casablanca Finance City Authority.
Casablanca Finance City, levier d’attractivité africaine
En un peu plus d’une décennie, la marque CFC s’est hissée au rang des références régionales. En chiffres, dans son dernier rapport, la marque a développé une véritable communauté de plus de 200 entreprises, dont de grands noms internationaux dans les secteurs de la finance, du conseil, de l’assurance et des services aux entreprises. 115 pays couverts et un chiffre d’affaires de 14 MDH.
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« Casablanca Finance City (CFC) n’est plus un simple pari stratégique, mais bel et bien un hub financier confirmé sur le continent africain. » Le rapport d’activité 2023 met en lumière une trajectoire ascendante consolidée par plusieurs éléments clés :
• Position de leader continental : Pour la 7e année consécutive, CFC est en tête du classement africain du Global Financial Centres Index (GFCI).
• Communauté d’affaires robuste : Plus de 200 entreprises membres issues de 50 pays d’Afrique sont implantées dans l’écosystème CFC, confirmant son attractivité régionale et son rôle de plateforme d’expansion vers l’Afrique subsaharienne.
• Partenariats internationaux : Une participation active aux grands rendez-vous mondiaux comme la COP28, l’adhésion aux Green Investment », nous confie Zakaria Fahim, CEO de BDO.
Longtemps critiquée pour son rythme de déploiement jugé lent, la stratégie CFC commence à prendre. Le repositionnement stratégique opéré ces dernières années – notamment l’alignement sur les standards ESG, les partenariats avec des places financières internationales comme Singapour ou Luxembourg, et l’intégration de l’innovation dans les priorités du hub (avec l’accueil de structures tech et green finance) – a eu un véritable effet d’entraînement sur la performance du groupe.
Au-delà des partenariats stratégiques comme celui avec Frankfurt Main Finance, la marque, au plan local, a développé une véritable stratégie. Par exemple, le partenariat stratégique scellé entre CFC Authority et le Conseil de la Région Casablanca-Settat pour la mise en place d’un dispositif de communication ambitieux et la création, au cœur de CFC, de l’Africa Finance Institute.
« Ce saut qualitatif ne repose pas uniquement sur le cadre incitatif, mais sur la création d’un véritable écosystème. En cultivant un environnement d’affaires stable, multilingue et tourné vers l’Afrique, CFC confirme qu’elle n’est plus une promesse, mais bien une interface crédible pour les capitaux internationaux. La mayonnaise, cette fois, commence réellement à prendre », explique Zakaria Fahim, CEO de BDO. Et d’ajouter : « La montée en gamme de CFC est réelle, tant par sa gouvernance proactive que par la consolidation de son offre : fiscalité spécifique, zone géographique dédiée, cadre juridique modernisé, communauté d’expertise. »
La SaudiExim Bank, symbole de la nouvelle diplomatie économique arabe
Dans un communiqué fraîchement publié par Le communiqué du Cabinet Laamrani Law Firm met en lumière deux dimensions stratégiques indissociables. D’une part, il souligne la reconnaissance de son expertise en droit bancaire réglementaire, matérialisée par l’accompagnement juridique complet mené par Laamrani Law Firm. Un succès qui valide non seulement la compétence technique du cabinet dans les processus d’autorisation bancaire, mais consolide aussi la crédibilité du cadre réglementaire marocain (notamment la loi bancaire 2015 et les directives de Bank Al-Maghrib).
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D’autre part, il affirme le renforcement de Casablanca comme hub financier incontournable, citant explicitement son attractivité pour les investisseurs internationaux. Une dualité qui révèle une symbiose entre excellence juridique locale et ambition économique nationale. La comparaison avec le bureau de Jeddah, inauguré en février 2022, stratégiquement positionné près des ports saoudiens, illustre la logique de Saudi EXIM : reproduire au Maroc un modèle axé sur la proximité client et l’efficacité opérationnelle, confirmant que Casablanca est perçue comme une plateforme d’accès aux marchés africains, le cabinet d’avocats se dit fier d’accompagner avec succès la Saudi Export-Import Bank (Saudi Exim Bank) dans son processus d’obtention de l’autorisation d’exercice de son Bureau de représentation à Casablanca.
Intégration dans un réseau africain existant
L’implantation à Casablanca s’inscrit dans une architecture financière panafricaine méthodiquement construite par Saudi EXIM depuis 2024. Une démarche qui dépasse la simple représentation locale. Elle s’articule avec un maillage d’accords continentaux incluant :
– Protocole avec Shelter Afrique (2025) Pour des projets urbains.
– Lignes de crédit de 25 millions de dollars Avec Standard Bank (Afrique du Sud) et Abu Dhabi Islamic Bank – Egypt (ADIB Egypt) (2024).
– Partenariats Avec la Ghana Export-Import Bank et la Guinée (2025).
Une stratégie qui répond à une logique de couverture régionale complémentaire. Si Jeddah irrigue les ports saoudiens, Casablanca devient le pivot pour l’Afrique francophone et de l’Ouest, tandis que les accords au Kenya, Ghana ou Afrique du Sud ciblent l’Afrique anglophone. Sur le plan géopolitique, ce déploiement concrétise la Vision 2030 saoudienne visant à «augmenter les exportations non pétrolières». Le choix du Maroc comme plaque tournante n’est pas fortuit : bénéficiant d’accords de libre-échange avec l’Afrique et l’UE, il sert de sas logistique et réglementaire pour pénétrer les marchés subsahariens et européens, transformant ainsi le bureau en un levier d’intégration économique multipolaire.
Dans les détails, le bureau agit comme un catalyseur d’échanges : les entreprises saoudiennes pourront structurer leurs ventes vers l’Afrique via le hub marocain, tandis que les exportateurs locaux bénéficieront de lignes de crédit dédiées pour pénétrer le marché saoudien et africain. Sécurisation accrue des transactions grâce à l’expertise en assurance- crédit export de Saudi EXIM.