Japan Tobacco International (JTI) entre dans la dernière phase de construction de son usine de production à Tétouan Park, dont l’ouverture est prévue pour le début de l’année prochaine. Destinée à approvisionner le marché marocain, cette unité industrielle ambitionne également de devenir, à moyen terme, une plateforme d’exportation vers l’Afrique de l’Ouest. Afin de mieux cerner les standards industriels et les orientations portées par ce projet de Tétouan, JTI a convié la presse nationale à visiter son usine de Torbalı, située dans la province d’Izmir, en Turquie. Un site qui offre un aperçu concret de ce que pourrait bien représenter la future plateforme de Tétouan.
L’usine de Japan Tobacco International (JTI) à Tétouan Park, entre dans sa dernière ligne droite. Porté par un investissement de 930 millions de DH, ce projet industriel prévoit la création de plus de 170 emplois, avec un objectif affiché d’atteindre 30 % de femmes dans sa masse salariale. À cela s’ajoutera une cinquantaine d’emplois indirects générés par l’activité du site. Conformément aux standards appliqués sur l’ensemble de ses sites à l’international, JTI entend déployer à Tétouan les mêmes procédés de fabrication, garantissant une qualité des produits fabriqués localement.
Au-delà de sa vocation à desservir le marché marocain, l’usine de Tétouan s’inscrit en fait dans une stratégie régionale plus large. Faut-il se souvenir que depuis 2011, JTI a positionné le Royaume comme étant son cluster Afrique du Nord, un rôle que l’opérateur de tabac a étendu à l’Afrique de l’Ouest à partir de 2022. Et dans cette logique, le site de Tétouan est appelé à devenir une plateforme industrielle capable de soutenir, à terme, les exportations vers les marchés ouest-africains. Et selon le management, ce développement s’accompagne aussi d’une volonté d’intégrer des critères environnementaux dans les processus de production, conformément aux orientations du groupe en matière de durabilité.
Justement, cette vision est portée par une stratégie globale, comme le souligne Jose Luis Amador : «de manière générale, notre stratégie repose sur deux grands principes. Le premier est le leadership en termes de qualité des produits que nous proposons à nos consommateurs. Aujourd’hui, cela passe essentiellement par la qualité des différentes marques que nous proposons, mais aussi par l’écoute, l’innovation et l’anticipation pour répondre à l’évolution de la demande». Et le Directeur général de JTI Afrique du Nord et de l’Ouest de poursuivre : «le second principe est celui de notre ambition d’être un réel partenaire des autorités sur toutes les questions concernant le secteur du tabac, et cela implique évidemment que nous soyons à l’écoute des besoins de nos partenaires et toujours ouverts au dialogue avec eux».
Maroc-Turquie : compétences partagées
C’est précisément dans cette dynamique que s’inscrit la coopération avec l’usine de Torbalı, en Turquie, l’un des sites industriels les plus emblématiques de JTI. Moderne, automatisée et dotée de technologies de pointe, la plateforme turque incarne les standards de production du groupe à l’échelle mondiale. Par ailleurs, elle joue un rôle clé dans le transfert de compétences, en accueillant des collaborateurs marocains venus se former dans différents départements. Toujours selon le management, ce partage d’expertise illustre la manière dont JTI capitalise sur l’expérience de ses sites établis pour accompagner le développement de ses nouvelles implantations, tout en adaptant les technologies aux spécificités locales.
Concrètement depuis juillet dernier, un programme de collaboration a été mis en place entre Torbalı et le futur site de Tétouan. Plusieurs collaborateurs marocains ont d’ailleurs été accueillis en Turquie pour se former dans plusieurs domaines clés, dont ceux de la production, de la qualité, de la logistique et de la finance. En lien avec le projet de «Green Factory» à Tétouan, des échanges croisés ont également permis aux équipes marocaines de se familiariser avec les équipements turcs, tandis que des experts de Torbalı ont accompagné les équipes du Royaume afin de garantir l’homogénéité des standards JTI.
Il faut dire que le projet marocain ne se limite pas à une simple reproduction du modèle turc. En effet, il s’en inspire, tout en intégrant des innovations spécifiques. D’ailleurs certaines technologies, comme le système de suivi énergétique, seront plus avancées à Tétouan, illustrant la volonté du groupe d’élever ses standards à chaque nouvelle implantation.
Des ambitions à l’export
Avec une capacité initiale de 4 milliards de cigarettes par an, l’usine de Tétouan entend répondre aux objectifs de la politique nationale de substitution des importations par le «Made in Morocco». Selon M. Amador, elle couvrira l’essentiel de la demande locale tout en renforçant la compétitivité industrielle du pays. Sans compter que sa conception permet une extension future jusqu’à 10 milliards d’unités, ouvrant ainsi la voie à des exportations vers l’Afrique de l’Ouest, dixit le patron de JTI Afrique du Nord et de l’Ouest.
«L’usine de Tétouan, telle qu’elle a été conçue, vise dans un premier temps à répondre exclusivement à la demande locale au Maroc. Toutefois, le terrain disponible est suffisamment vaste et l’architecture du site permet une extension future pour augmenter la capacité de production en vue d’exportations potentielles », précise pour sa part Charlotte du Closel, Directrice des Affaires Publiques et de la Communication de JTI pour l’Afrique du Nord et de l’Ouest. «Le choix de Tétouan n’est pas anodin : sa proximité avec Tanger et le port de Tanger Med offre un accès logistique stratégique vers l’Afrique de l’Ouest et d’autres marchés internationaux. À moyen terme, notre ambition est d’explorer les opportunités d’exportation, notamment vers les pays que nous desservons déjà depuis le Maroc, comme la Guinée et le Cameroun. D’autres marchés sont également à l’étude», ajoute-t-elle.
Et selon Mme du Closel, cette implantation, au-delà de l’ambition industrielle, témoigne également de la confiance accordée au Maroc en tant que terre d’accueil pour des investissements structurants. «Cette implantation illustre la capacité du Maroc à attirer des investissements structurants dans des secteurs exigeants et à faire reconnaître la qualité de ses infrastructures, la stabilité de son environnement réglementaire et le potentiel de son capital humain», affirme-t-elle encore. Toujours est-il, qu’avec l’ouverture imminente de l’usine de Tétouan, JTI franchit une nouvelle étape dans sa stratégie africaine, en misant sur la complémentarité de ses sites, le transfert de compétences et l’innovation industrielle.
JTI Tétouan : une usine écoresponsable
Implantée sur 4,7 hectares à Tétouan Park, l’usine de JTI dispose d’une surface bâtie de 18 000 m. Elle vise la neutralité carbone d’ici 2030, avec 40 % de ses besoins énergétiques couverts par des panneaux solaires. Des dispositifs d’efficacité énergétique (LED, automatisation de l’éclairage, du chauffage et de la climatisation) seront déployés, ainsi qu’un système de collecte et de recyclage des eaux de pluie pour les usages non potables. Conçue comme une «green factory», l’usine intègre des technologies conformes aux standards internationaux en matière de durabilité. «Ces éléments s’inscrivent dans les objectifs globaux de la compagnie en matière de performance environnementale, à l’image de l’usine de Torbalı, déjà certifiée», souligne Charlotte du Closel. À noter qu’à l’échelle mondiale, JTI est reconnu pour son engagement environnemental, notamment via sa présence dans le Dow Jones Sustainability Asia Pacific Index et dans la A-List du Carbon Disclosure Project (CDP).
Torbalı : le modèle turc de JTI qui inspire
Implantée à Torbalı, dans la province d’Izmir, l’usine turque de JTI reflète pleinement l’ambition industrielle du groupe japonais. En effet, ce site de production stratégique s’est imposé comme l’un des maillons essentiels du réseau mondial de JTI, en conjuguant efficacité opérationnelle, innovation technologique et engagement en faveur du développement durable. Depuis sa mise en service, l’usine a connu, selon Sarper Ege Ulukaya, Directeur de la production, une croissance remarquable, illustrée par une capacité de production qui dépasse aujourd’hui les 71,4 milliards de cigarettes. Cette performance industrielle témoigne d’une montée en puissance continue, portée par une ambition claire : atteindre à terme les 80 milliards d’unités produites. Ce développement s’appuie sur un parc de 21 machines de haute technologie, conçues pour assurer une cadence optimale tout en garantissant la qualité du produit fini. Le produit phare reste la cigarette prête à consommer (Ready-Made Cigarettes-RMC), qui représente 82 % de la production, principalement destinée au marché local. L’usine exporte vers 35 pays. Depuis 2021, elle produit également des sachets de tabac à rouler de 100 grammes sous la gamme «Make Your Own». A noter, que la performance énergétique est au cœur de la stratégie du site. En 2022, une unité de cogénération au gaz naturel de 8,3 MW a été installée pour stabiliser l’alimentation électrique. En 2025, des panneaux solaires ont porté la capacité du site à 6,5 MW. Un système de «trigénération» permet désormais de produire électricité, chaleur et vapeur à partir du gaz naturel, réduisant l’empreinte carbone. Actuellement, un tiers de l’énergie consommée provient de sources renouvelables.
 
			         
														 
								 
								 
								 
								 
								