Après le retrait de Jumia du secteur de la livraison alimentaire au Maroc, Glovo pensait avoir le champ libre. Mais l’arrivée de Kooul, jeune start-up locale, vient challenger l’équilibre d’un marché en pleine croissance.
Depuis quelques années, l’apparition des plateformes de livraison ont totalement bouleversé le métier de coursier. Les livreurs à domicile, à vélo ou en scooter et munis d’une glacière isotherme aux couleurs des start-ups de la « FoodTech », ne passent guère aujourd’hui inaperçus. Et il faut dire que l’émergence de ce nouveau modèle de collaboration, baptisée «économie du “gig”» a inventé un tout nouveau business : L’ubérisation. Ce nouvel entrant a ainsi permis l’utilisation de services permettant aux professionnels ainsi qu’aux particuliers de se mettre en relation directe et instantanée à l’aide de plateformes conjuguant données pertinentes et algorithmes performants.
Au Maroc ce secteur demeure en expansion ces dernières annees. Selon une étude de « Maroc Food Index », près de 25% des Marocains utilisent des applications de livraison de repas. Ce qui représente un chiffre assez significatif. Ce taux s’établit à 37% dans en milieu urbain, précise l’étude. Dans ce marché, après le départ de Jumia prétextant des arguments de coûts élevés et une concurrence rude, Glovo se pensait seul, Premier acteur à avoir investi le marché dans le royaume, la start-up nigériane voulait ainsi se consacrer totalement au e-commerce, son activité historique.
Lire aussi | Startups/levées de fonds: le Maroc dans le top 5 de la région MENA pour juillet
Ce virage a ouvert un boulevard à ses concurrents au Maroc, et en particulier à Glovo. Fondée il y a cinq ans, la filiale locale de l’opérateur espagnol a réalisé un chiffre d’affaires d’un peu plus de 500 millions de dirhams (47 millions d’euros).
Il faut d’ailleurs rappeler que l’opérateur espagnol a longtemps profité de son monopole, appliquant des commissions qui dépassent parfois les 30 %, un taux jugé très élevé. Tant et si bien que le Conseil de la concurrence a ouvert, en février 2024, une procédure d’instruction à son encontre pour pratiques anticoncurrentielles.
L’affaire s’est soldée, en juillet dernier, par un accord transactionnel assorti de plusieurs engagements imposés par l’institution dirigée par Ahmed Rahhou, dont la suppression de toute clause d’exclusivité, le renforcement de la transparence dans le fonctionnement de la plateforme, le plafonnement du taux de commission à 30 %, ou encore une valorisation plus équitable des prestations réalisées par les livreurs
Quand Ora Technologies bouscule l’équilibre
Principal concurrent de Glovo Maroc, la start-up fondée en 2023 par Omar Alami vient de clôturer une levée de fonds de 7,5 millions de dollars pour accélérer son développement. Ora Technologie s’impose aujourd’hui comme l’une des rares startups à avoir su convaincre un large pool d’investisseurs nationaux. Pas de VC étrangers, pas de fonds parisiens ni de family offices de la diaspora : des capitaux d’ici. Couvrant six villes (Casablanca, Rabat, Tanger, Marrakech, Agadir et Dakhla) contre 31 pour Glovo, Kooul table sur une croissance de 15 % à 30 %.
Lire aussi | Ora Technologie, la startup qui a la confiance des investisseurs marocains !
“En à peine quelques mois, Kooul est parvenu à s’imposer comme un acteur incontournable de la livraison au Maroc. Aujourd’hui, nos équipes rassemblent 80 collaborateurs et 250 livreurs actifs, déployés dans six grandes villes : Casablanca, Rabat, Tanger, Marrakech, Agadir et Dakhla. Chaque jour, nous traitons plus de 1.300 commandes, avec la confiance de plus de 750 restaurants partenaires”, nous confie Omar Alami, CEO de Ora Technologie.
Il poursuit: “Mais ce n’est qu’un début. Nous travaillons actuellement au développement d’une nouvelle application mobile, pensée pour offrir une expérience plus fluide et intuitive à nos clients. En parallèle, nous investissons massivement dans le service client afin de garantir un suivi de qualité et un accompagnement personnalisé. Notre ambition est claire : renforcer notre présence au Maroc. D’ici 2026, nous prévoyons de recruter 30 nouveaux talents pour accompagner notre croissance et d’ouvrir nos services dans quatre nouvelles villes. Kooul n’est pas seulement une start-up de livraison, c’est une aventure collective au service de l’innovation locale et de la proximité”.
Uber Eats fera-t-il également son entrée ?
Ce retour potentiel soulève une question clé : Avec ses ressources financières, sa technologie avancée, et son expérience sur des marchés complexes, Uber Eats pourrait bien devenir un acteur de poids, imposant une nouvelle dynamique concurrentielle.
Lire aussi | ORA Technologies lève 7,5 millions de dollars pour accélérer sa croissance dans le digital au Maroc
L’objectif de Uber est clair : concurrencer Glovo, l’entreprise espagnole solidement implantée au Maroc. Rappelons d’ailleurs que le Royaume est classé en Top 4 des marchés internationaux, les utilisateurs marocains se positionnant aussi parmi les trois premiers mondiaux en termes de souscription à l’abonnement Glovo Prime, dont le taux de pénétration a atteint 30% dans le pays. Ce classement met en évidence la forte croissance des services de livraison à domicile dans les usages au Maroc.
