Dans un contexte mondial de forte compétitivité entre les centres financiers, Casablanca Finance City (CFC) maintient sa première place sur le continent africain, selon le dernier Global Financial Centres Index (GFCI). Son score en hausse de sept points traduit une dynamique de consolidation et d’innovation. À travers sa Vision 2030, CFC ambitionne de devenir un acteur clé de la transformation durable de l’Afrique.
Créée en 2010, Casablanca Finance City s’est imposée, en à peine une décennie, comme la porte d’entrée privilégiée des capitaux internationaux vers l’Afrique. Dans la 38ᵉ édition du Global Financial Centres Index publiée fin septembre, la place financière marocaine conserve son leadership continental et gagne sept points dans un classement mondial toujours plus exigeant. Une performance qui confirme la solidité de ses fondamentaux, mais aussi la pertinence de sa stratégie d’adaptation à un environnement global en pleine mutation.
Pour CFC, l’enjeu dépasse le seul classement : il s’agit d’incarner une vision panafricaine de la finance, ancrée dans la durabilité et l’innovation. Après avoir coorganisé un forum majeur avec le Financial Times et pris la présidence de la World Alliance of International Financial Centres, la structure marocaine poursuit sa montée en puissance. Sa Vision 2030 trace une feuille de route ambitieuse : consolider sa position régionale tout en devenant la plateforme africaine de la finance verte et des marchés carbone.
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Dans cet entretien accordé à Challenge, Aida Ksikes, Directrice Stratégie, Partenariats et Communication de Casablanca Finance City Authority fait le point sur ces questions de compétitivité au sein de l’écosystème des centres financiers.
Quel commentaire faites-vous par rapport au classement qui donne l’avantage au centre financier de Maurice de quelques points ?
La montée en puissance de plusieurs pôles financiers sur le continent témoigne de la maturité et de l’attractivité croissante de nos marchés, c’est donc une bonne nouvelle. L’Afrique a un besoin crucial d’attirer des investissements et des capitaux, et avoir plusieurs places financières fortes est un signal extrêmement positif. Il en résulte une saine émulation qui tire tout le monde vers le haut.
Il faut rappeler que Casablanca Finance City a été créée en 2010, a intégré le classement du Global Financial Centres Index (GFCI) dès 2014, pour en occuper la 1ère place à l’échelle du continent depuis 2016 et ce, pendant neuf années consécutives. Dans cette 38e édition, publiée le 25 septembre 2025, CFC se maintient solidement à la 56e place mondiale, mais surtout, notre score progresse de 7 points (703 points sur 1 000). Cela signifie que dans un environnement mondial de plus en plus compétitif, nous continuons à renforcer nos fondamentaux, notre offre de valeur et notre compétitivité.
Dans cet environnement mondial et régional de plus en plus compétitif, nous demeurons concentrés sur notre propre trajectoire, une trajectoire de consolidation de nos acquis et d’innovation au service du Maroc et du continent. Notre vision reste inchangée : faire de Casablanca Finance City un hub régional de premier plan, en connectant les capitaux internationaux au potentiel africain, en favorisant les partenariats interrégionaux et en créant des passerelles entre investisseurs et opportunités.
CFC, sur le continent a une aura…le récent forum avec le FT en témoigne la teneur. Quand ce genre de classement sort, comment recevez-vous cela (sur votre image ) ?
Il est important de distinguer l’instantané d’un classement de la force structurelle d’une réputation. Nous voyons le classement GFCI comme un indicateur de performance que nous suivons avec attention. Mais notre image se construit sur notre capacité à fédérer l’écosystème, à attirer les investissements et à accélérer l’accès aux marchés africains.
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Le Casablanca Business Forum, coorganisé avec le Financial Times le 19 septembre dernier, en est une illustration concrète. Plus de 400 participants en présentiel, et autant en ligne, ont échangé sur les perspectives d’investissement en Afrique. Ce succès témoigne du rôle fédérateur et de la crédibilité internationale de CFC. Casablanca s’affirme désormais comme une plateforme où se discutent les grandes orientations économiques africaines.
Notre image se mesure également à la reconnaissance de nos pairs. Notre élection en janvier 2025 à la présidence de la World Alliance of International Financial Centers (WAIFC) est une consécration de notre rôle de leader et de porte-voix de la finance africaine au niveau mondial.
Enfin, le retour du Maroc à la note “Investment Grade” par l’agence de notation Standard & Poor’s (S&P) fin septembre constitue un signal de confiance fort envoyé aux investisseurs internationaux, qui rejaillit positivement sur notre écosystème.
Ce nouveau classement du GFCI confirme que CFC figure toujours parmi les places financières les plus dynamiques au niveau mondial. Il nous incite à aller plus loin, tout en confortant la confiance que nous plaçons dans la force de notre écosystème, la crédibilité acquise auprès de nos pairs et la stabilité du cadre marocain.
Aujourd’hui quelles sont vos ambitions sur le continent ?
Nos ambitions s’inscrivent dans notre Vision 2030, qui marque une nouvelle étape dans le développement de Casablanca Finance City. Tout en consolidant notre position de hub panafricain de référence, reliant les capitaux internationaux aux opportunités africaines, nous souhaitons nous affirmer davantage comme un accélérateur de la transformation économique et durable du continent.
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Ainsi, pour mieux répondre aux enjeux de transformation du continent et accompagner sa dynamique de croissance, notre Vision 2030 s’articule autour de deux priorités : consolider et renforcer notre positionnement financier et business régional en accélérant les réformes réglementaires et fiscales nécessaires dans des secteurs clés comme le Private Equity et l’Asset Management ; et devenir la place de référence de la finance durable, en nous positionnant comme la plateforme continentale pour le développement d’un marché volontaire du carbone à l’échelle africaine.
Le Maroc, fort d’une stratégie nationale de décarbonation ambitieuse et d’un écosystème déjà mobilisé, dispose d’atouts solides pour jouer un rôle moteur dans cette dynamique. Convaincus du rôle des places financières pour orienter les flux, rassurer les investisseurs et participer au renforcement des capacités, nous avons engagé une série d’actions décisives. Après l’accord fondateur signé en septembre 2024 avec la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG) visant la création d’un marché volontaire du carbone à portée régionale, nous avons lancé le Green Assets Cluster en juillet 2025 pour fédérer l’écosystème.
Les premiers membres de l’écosystème carbone ont rejoint la communauté CFC dès la fin 2024. Et les récents accords signés durant la Climate Week de New York avec Madagascar et l’International Carbon Reduction and Offset Alliance (ICROA) ancrent désormais notre initiative dans une dimension internationale et prouvent notre détermination à faire des marchés carbone une réalité tangible.