C’est l’une des réformes centrales en matière de développement humain et durable. Mohamed Saad Berrada, ministre de l’Education nationale, du préscolaire et des sports, vient de faire une sortie à travers une émission spéciale de Hespress. L’occasion de tâter le pouls d’un secteur hautement stratégique dans le devenir collectif du Maroc.
Communiquer en temps de crise est une bonne chose. Communiquer régulièrement sur les politiques publiques, en «temps normal», sans pression, c’est encore beaucoup mieux. C’est l’une des principales attentes des citoyens-parents d’élèves. Cette communication ne peut qu’améliorer le climat de confiance et la visibilité de l’ensemble des acteurs concernés. Pour M. Berrada qui, en principe, a eu le temps de se familiariser avec le «monde de l’éducation», la réforme en cours «demande du temps pour porter ses fruits». Effectivement, cela ne devrait surtout pas être un «plat plusieurs fois réchauffé».
Les «arbres fruitiers», bien entretenus, nourris et irrigués, n’atteignent leur «vitesse de croisière» que quinze à vingt ans après avoir été plantés. Mais, dans l’immédiat, il est nécessaire d’apprécier les avancées à travers des indicateurs clés tels que le décrochage scolaire. L’amélioration concrète des conditions dans les établissements scolaires, en particulier dans les zones rurales et montagneuses enclavées, devrait se traduire automatiquement par la baisse de cet indicateur. Doter ces écoles de moyens de transport d’élèves, de bois de chauffage pendant l’hiver, de «toilettes mobiles», de produits alimentaires (biscuits protéinés…), de vêtements (…), en puisant notamment dans les finances des collectivités territoriales (comptes d’affectation spéciale, parts des impôts dédiés aux CT en matière de TVA, IS, et IR), c’est possible.
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Tout en réduisant les dépenses relatives aux équipements non indispensables. Autrement dit, des actions urgentes, concrètes et ponctuelles peuvent mener vers la réduction effective des disparités territoriales, sans oublier la revalorisation matérielle et morale du métier d’enseignant. Ecoutons le ministre : «Nous avons travaillé sur le fond des réformes, mais pas assez sur la communication. Nous devons aller vers les jeunes, leur parler honnêtement de ce qui change et de ce qui reste difficile».
Cette communication devrait même être instaurée de manière permanente à travers des canaux et des instruments bien définis avec toutes les parties concernées, dans un processus interactif permettant l’identification des problèmes, l’élaboration concertée des solutions idoines à ces problèmes, la définition de projets sur la base d’objectifs déclinés en résultats à atteindre, plan d’actions, actions menées concrètement, résultats atteints, actions correctives/mélioratives (…). Peuvent ensuite être élaborés des tableaux de bord synthétisant les principales informations pour assurer le suivi et piloter le changement, aux niveaux local, régional et national (…). Cette approche a l’avantage de consacrer la «culture des résultats», de promouvoir les compétences, de rendre la communication plus crédible et de barrer la route aux «mouzayadates».
A cet égard, la «surcharge des classes» est souvent citée par les jeunes. D’après la réponse du ministre, «en 2021, plus de 25% des classes dépassaient les normes d’accueil. Aujourd’hui, nous sommes à moins de 10%». Néanmoins, il s’agit là d’une moyenne nationale. De l’aveu même du ministre, la «surcharge» concerne en particulier les «périphéries urbaines», là où la pauvreté est la règle. C’est aussi le cas des zones rurales et montagneuses. «On ne peut espérer qu’un enfant qui marche trois heures à pieds pour rejoindre une école puisse suivre normalement».
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Cette phrase du ministre devrait résonner fortement dans les oreilles des responsables locaux au sein des CT qui s’offrent des voitures personnelles souvent haut de gamme, en puisant dans l’argent de la commune, au détriment de nombreuses priorités (…). Toujours d’après le ministre, la moitié des écoles primaires ont été rénovées. Donc l’autre moitié, continue à connaitre des insuffisances impactant négativement la scolarité des enfants. Par ailleurs, la question des ressources humaines pédagogiques est urgente.
Certes, un effort a été fait. 80% du budget du ministère, soit plus de 80 MMDH sont consacrés aux salaires. «C’est la preuve que l’Etat reconnait leur importance. Mais nous devons leur offrir de meilleures conditions de travail et davantage de reconnaissance», a déclaré M. S. Berrada. En fait, les efforts récents et actuels permettent à peine de résorber le retard accumulé au cours des dernières décennies. L’an prochain, 70% des écoles primaires passeront au modèle «pionnier». 4 600 établissements ont déjà intégré ce modèle, avec plus de 300 000 élèves. La généralisation de ce modèle est prévue à l’horizon 2028. Un résultat qualifié d’«encourageant» par le ministre pour passer à une «approche axée sur les résultats».