Benguérir: ville du savoir et de l’espoir

Aujourd’hui, la Ville Verte Mohammed VI est une illustration de la justice territoriale possible. En effet, la transformation d’une « bourgade » autrefois quasi-marginalisée, située jadis au cœur du «Maroc inutile», en une ville connue en Afrique et dans le monde, est un succès dont peuvent et doivent s’inspirer l’ensemble des régions du Maroc, en particulier celles ayant connu historiquement un enclavement.
«Benguérir ne sera plus seulement la ville de méchoui ! ». Cette phrase a été lancée comme un défi lors des élections, par le candidat Fouad Ali El Himma, au mois d’août 2007. C’est un contexte historique national récent et très particulier. L’Instance Equité et Réconciliation (IER) venait tout juste d’entamer sa noble mission: mettre en œuvre, dans le calme et la sagesse, un processus de réconciliation, et tourner la page d’un passé douloureux, caractérisé par de graves violations des droits humains (DH) au Maroc. Un passé dont les séquelles risquent de faire obstacle à l’émergence d’une dynamique sociétale de changement, indispensable à l’édification effective d’un Etat de droit démocratique. Ce fut une expérience nationale originale, fortement observée avec respect au niveau international, et qui a inspiré de nombreux pays dans le monde, ayant dû faire face au même besoin d’une « justice transitionnelle ».


Impossible de séparer la transformation de la ville de Benguérir de ce contexte historique où le «devoir de mémoire» s’est révélé incontournable et décisif. Certes, aucune formation sociale dans le monde n’a connu une évolution linéaire au sens hégélien. C’est la volonté politique de l’Etat, symbolisé par le Souverain Mohammed VI, qui a été déterminante dans ce processus. Les violations graves des DH n’ont pas été seulement de nature politique. Elles se sont aussi traduites par un lourd déficit en développement humain et donc en droits économiques et sociaux, particulièrement dans les zones dites enclavées. Pendant la période coloniale, dite du Protectorat, ce sont surtout les villes du littoral telles que Casablanca, qui avaient connu un essor important, compte tenu de la priorité accordée aux activités d’exportation vers l’Hexagone. Ensuite, les quatre décennies qui vont suivre l’indépendance ont été caractérisées par une fréquente instabilité politique (insurrections, émeutes, tentatives de coups d’Etat militaires…). Les régions marginalisées pendant l’époque coloniale, le restèrent souvent. C’est en particulier le cas du Rif, au nord du Royaume.


Dès le début du nouveau règne, à partir du mois de juillet 1999, le Souverain Mohammed VI a clairement et fermement exprimé sa volonté de tourner la page marquée par les « années de plomb » et d’accélérer le processus entamé dès les années 1980/1990 par Feu le Roi Hassan II avec notamment, les amnisties des détenus et exilés politiques. Toute une génération a été forgée dans cette réalité. Et, au lieu de « rester prisonnier du regard fixé dans le rétroviseur », cette génération a préféré « lire publiquement » cette page et la tourner définitivement, pour entamer la construction d’un Etat qui tire sa force première du respect du droit et de la participation active des citoyens.


Ce rappel est nécessaire pour mieux comprendre et situer l’émergence de Benguérir, devenue aujourd’hui « Ville du savoir et de l’espoir ». Ce n’est ni une ville du littoral, ni une ville historique ancienne, pépinière des anciennes élites du pouvoir makhzénien. C’est l’exemple pratique et réel de cette nouvelle conception spatiale, fondée sur la justice territoriale, sur un Maroc qui compte avant tout sur ses propres forces endogènes, en particulier sa jeunesse, pour libérer son potentiel réel et assurer son développement. « Huit ans après la pose de la première pierre, les images en trois dimensions sont devenues réalité : les étendues de terre semi-aride se sont transformées en salles de classe et en bureaux ultramodernes, ultra-équipés. (…). Benguérir remplit plusieurs critères de ville durable. Les déchets y sont triés, réutilisés et recyclés. Une station d’épuration traite les eaux usées et une centrale solaire couvre 30% des besoins énergétiques de l’université. Les pistes cyclables dessinées sur les avenues sont désormais empruntées par des vélos et des trottinettes électriques en libre-service, grâce à une application développée par des étudiants de l’université ». (Le Temps, journal suisse, du 29 septembre 2020).
Au cœur de Benguérir, comme un phare qui projette la lumière vers de nouvelles directions inexplorées, a été construite l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), fondée en 2013 par la fondation OCP, et inaugurée en 2017. C’est une « institution marocaine d’enseignement supérieur axée sur la recherche appliquée, l’innovation et le développement durable, avec une forte orientation africaine ». Presque au même moment, la première entreprise publique marocaine qu’est le Groupe OCP, avait déjà entamé une profonde mutation. En effet, le nouveau staff, dirigé par Mustapha Terrab, va introduire un nouveau souffle et un nouveau sens dans le management du géant mondial des phosphates. Cela a commencé notamment, par une forte diversification géographique des partenaires internationaux de l’OCP pour renforcer l’indépendance du Groupe dans le monde, tout en mettant en place un mode d’organisation et de fonctionnement fondé sur la transparence et la performance, en passant par la priorité stratégique du développement des activités industrielles de transformation à haute valeur ajoutée. Mustapha Terrab, convaincu du rôle décisif de la «matière grise» en matière de recherche et développement, a aussi été un acteur principal dans la création de l’UM6P, comme «think tank» du Groupe OCP.

Et, actuellement, le Groupe OCP est à l’avant-garde de la protection de l’environnement, grâce notamment au recours croissant aux énergies renouvelables et à une gestion durable et responsable des ressources hydriques (traitement et recyclage des eaux usées, dessalement de l’eau de mer….). Le Plan d’investissement vert du Groupe OCP en cours illustre bien cette étape fondamentale et cruciale de la transition énergétique qui fait du Maroc un modèle mondialement reconnu et cité en matière de décarbonation.
Par ailleurs, entre le Groupe OCP et l’UM6P, un rapport a été solidement forgé, illustrant ainsi parfaitement cette fusion organique entre « la théorie et la pratique», entre « le savoir, le savoir-faire et le savoir-être », pour donner lieu à une recherche appliquée et innovatrice. Cette évolution reflète surtout l’engagement de patriotes sincères, travaillant souvent dans l’ombre, et qui ont bien compris que le principal défi du 21ème siècle réside dans la « matière grise », substance première dans tout processus irréversible de développement humain et durable.

Les 12 conventions de partenariat pour le développement de la région de Rhamna
Lors de la visite du Souverain de la région de Rhamna, en 2010, 12 conventions de partenariat de mise à niveau et de développement de la région ont été signées. Il s’agit de :
– Convention 1 : mise à niveau urbaine de la région ;
-Convention 2 : lutte contre le décrochage scolaire ;
– Convention 3 : formation professionnelle des enfants en rupture scolaire ;
– Convention 4 : mise à niveau du secteur de la santé dans la région ;
– Convention 5 : création de la Maison de Rhamna des étudiantes et étudiants, à Marrakech ;
– Convention 6 : construction de barrages de protection contre les inondations et pour le stockage d’eau ;
– Convention 7 : mise à niveau des routes rurales de la région ;
– Convention 8 : assainissement et création d’une station d’épuration des eaux usées pour leur réutilisation ;
– Convention 10 : création des petites entreprises dans la région ;
– Convention 11 : création de centre d’élevage ovin de la race Sardi ;
– Convention 12 : entente pour la création d’un nouveau pôle urbain dénommé «Ville Verte ».