Depuis 26 ans, le Maroc vit une transformation économique accélérée, portée par une vision stratégique claire, impulsée par le Roi Mohammed VI. À travers de grands chantiers d’infrastructures, une politique industrielle volontariste, une ouverture maîtrisée aux investissements étrangers et une régulation financière modernisée, le Royaume a construit les bases d’un modèle de développement ancré dans la compétitivité et la résilience.
Loin d’être de simples projets techniques ou sectoriels, ces initiatives répondent à une logique transversale de mise à niveau du pays, de réduction des disparités territoriales et de positionnement géoéconomique. Elles participent à faire du Maroc un acteur structurant dans son environnement régional, tout en posant les jalons d’une souveraineté économique adaptée aux mutations mondiales.
Infrastructures XXL: Un levier de compétitivité nationale
Depuis son accession au Trône en 1999, le roi Mohammed VI a fait du développement des infrastructures un pilier fondamental de la stratégie de modernisation du Royaume. À travers une politique d’investissement soutenue, le Maroc a entrepris une véritable mise à niveau de ses équipements structurants: ports, autoroutes, chemin de fer, aéroports, énergie, logistique… Ces projets n’ont pas seulement permis d’accompagner la croissance démographique et urbaine ; ils ont redéfini la géographie économique du pays, facilité l’intégration régionale et amélioré durablement l’attractivité du Maroc sur la scène internationale.
Tanger Med est probablement le projet qui symbolise le mieux le basculement du Maroc dans une nouvelle ère de compétitivité : Tanger Med, inauguré en 2007, est aujourd’hui le premier port à conteneurs d’Afrique et l’un des plus performants du bassin méditerranéen. En 2024, il a dépassé les 9 millions d’EVP (équivalent vingt pieds), devançant des ports historiques tels qu’Algésiras ou Barcelone.
Mais Tanger Med est bien plus qu’un port. Il constitue le cœur d’un complexe industriel et logistique intégré comprenant plusieurs zones franches, des centaines d’entreprises exportatrices, des installations ferroviaires connectées, et un écosystème automobile structuré. Renault, Stellantis, Siemens, Bosch ou encore DHL y ont implanté des bases logistiques et industrielles. Ce site emblématique illustre la capacité du Maroc à se positionner dans les chaînes de valeur mondiales grâce à une logistique de classe internationale.
Les effets multiplicateurs sont nombreux : croissance des exportations, création d’emplois qualifiés, émergence d’une classe moyenne industrielle dans le nord du pays, et montée en gamme des standards logistiques marocains.
Autoroutes, LGV, ports secs: Une connectivité accrue au service du territoire
La stratégie d’infrastructures s’est également traduite par un déploiement rapide du réseau routier et ferroviaire national. Le réseau autoroutier marocain, qui couvrait à peine 400 km à la fin des années 1990, dépasse aujourd’hui 1 800 kilomètres, reliant les principaux centres économiques du pays : Casablanca, Rabat, Tanger, Marrakech, Fès, Agadir, Oujda… Il s’agit du réseau autoroutier le plus développé du continent africain après celui d’Afrique du Sud.
Autre réalisation emblématique : la Ligne à Grande Vitesse (LGV) Al Boraq, première sur le continent, relie Tanger à Casablanca en 2h10. Elle a révolutionné la mobilité des cadres, des étudiants, des touristes et des hommes d’affaires, tout en désengorgeant le réseau ferroviaire classique. L’extension future vers Marrakech et Agadir figure parmi les priorités stratégiques.
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En parallèle, le Maroc a investi dans le développement de ports secs et de zones logistiques intérieures, afin de décongestionner les zones portuaires et rapprocher les services de dédouanement et de stockage des centres de consommation. Ce réseau logistique national permet d’optimiser les chaînes d’approvisionnement et de soutenir la compétitivité des entreprises marocaines
Aéroports modernisés: Un levier pour le commerce et le tourisme
Les infrastructures aéroportuaires ont connu une modernisation d’envergure. Casablanca, Marrakech, Rabat, Tanger, Fès, Dakhla, Laâyoune… La majorité des grands aéroports ont vu leur capacité multipliée et leurs services améliorés. L’Office National des Aéroports (ONDA) prévoit d’atteindre 80 millions de passagers par an à l’horizon 2035, contre environ 25 millions en 2019.
Outre le tourisme, cette modernisation a stimulé le cargo aérien, indispensable pour les secteurs à haute valeur ajoutée (pharmaceutique, électronique, aéronautique). Le Maroc devient ainsi un point d’entrée stratégique pour les flux logistiques entre l’Europe, l’Afrique subsaharienne et le Moyen-Orient.
Énergies renouvelables: Une infrastructure de souveraineté
L’un des axes les plus visionnaires de la stratégie d’infrastructures marocaines est sans doute celui de l’énergie durable. En misant très tôt sur les énergies renouvelables, le Maroc a construit un portefeuille énergétique tourné vers l’avenir, moins dépendant des importations fossiles, plus résilient et plus compétitif.
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Le complexe solaire Noor à Ouarzazate, opérationnel depuis 2016, reste une vitrine mondiale. Avec une capacité installée de plus de 580 MW, il alimente des centaines de milliers de foyers et réduit considérablement les émissions de CO2. À cela s’ajoutent des parcs éoliens majeurs à Tarfaya, Midelt, Essaouira ou encore Oualidia, totalisant plusieurs centaines de mégawatts supplémentaires.
Cette stratégie énergétique repose également sur un développement intelligent des réseaux de transport d’électricité, de la numérisation des réseaux (smart grids) et de projets d’interconnexion régionale. L’objectif est d’atteindre 52 % d’énergies renouvelables dans le mix électrique d’ici 2030, contre 40 % aujourd’hui.
Dessalement et infrastructures hydriques: Réponse à un enjeu de survie
Face à la raréfaction des ressources en eau, le Maroc a entrepris une course contre la montre pour sécuriser son avenir hydrique. Les infrastructures liées à l’eau — barrages, stations de dessalement, interconnexions régionales, canaux de transfert, stations de traitement des eaux usées — constituent désormais un pilier de sécurité nationale.
En 2025, plus d’une dizaine de projets de dessalement de l’eau de mer sont en cours, dont certains de très grande capacité (Agadir, Casablanca, Dakhla). Ces installations sont souvent couplées à des unités de production d’énergie renouvelable, pour limiter l’impact carbone.
Industrie: Un nouveau cap fondé sur l’autosuffisance
La crise sanitaire a fait figure de révélateur. Dès 2020, le Maroc a su démontrer sa capacité de mobilisation industrielle rapide, en produisant localement des millions de masques, de respirateurs, de gels, de dispositifs médicaux, puis en développant les infrastructures nécessaires à la fabrication de vaccins, notamment à travers le complexe de SENPHARM, à Benslimane.
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Cette réactivité a mis en lumière un potentiel de réindustrialisation locale longtemps sous-estimé. Le gouvernement, appuyé par les hautes orientations royales, a ainsi réactivé les bases d’un modèle industriel de souveraineté, moins dépendant des importations, plus orienté vers les besoins nationaux et africains, et tourné vers l’exportation de produits à plus forte valeur ajoutée.
L’enjeu de souveraineté ne se limite pas à l’indépendance productive : il inclut aussi des dimensions environnementales, sociales et technologiques. Le Maroc s’engage dans une logique de décarbonation de son industrie, afin de répondre aux exigences des marchés européens et aux objectifs climatiques. Les écosystèmes industriels s’équipent progressivement en panneaux solaires, stations de recyclage et circuits courts de production.
Par ailleurs, la souveraineté passe par l’innovation. Le soutien à la recherche appliquée, à l’industrie 4.0, à la robotisation et à la cybersécurité industrielle devient une priorité. Des universités comme l’UM6P, des pôles R&D publics et privés, et des start-up technologiques émergent comme catalyseurs de cette nouvelle ère industrielle.
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La réussite du tournant industriel marocain repose également sur l’action publique. Depuis le lancement du Plan d’accélération industrielle (PAI) en 2014, et plus récemment avec la nouvelle feuille de route industrielle post-Covid, le gouvernement structure des écosystèmes industriels intégrés autour des grandes filières.
Les zones industrielles intégrées, comme celles de Kenitra, Nouaceur, Tanger Automotive City, Laâyoune ou Oujda, offrent une plateforme complète aux investisseurs : foncier viabilisé, incitations fiscales, infrastructure logistique, services partagés, formation professionnelle dédiée. L’approche « cluster » facilite l’intégration, les synergies entre acteurs et la montée en compétences.
La Banque centrale, les CRI, l’AMDIE et les institutions financières accompagnent cette stratégie avec des dispositifs de financement, des primes à l’investissement et des outils de garantie.
Automobile: De la sous-traitance à la plateforme technologique
Premier secteur industriel exportateur du pays, l’automobile incarne la réussite du virage industriel marocain. En 2024, plus de 700 000 véhicules ont été produits, dont 90 % destinés à l’export. Renault (Tanger et Casablanca) et Stellantis (Kenitra) ont fait du Maroc l’un de leurs principaux hubs africains. Le pays a su tisser un réseau dense d’équipementiers (plus de 250 entreprises), favorisant un taux d’intégration local dépassant les 65 %.
Mais le véritable tournant réside dans l’accélération vers l’électrification et la mobilité durable. En 2023, Stellantis a lancé la production de son premier véhicule électrique 100 % marocain. Le Royaume a également signé un protocole d’accord avec Gotion High-Tech, pour la mise en place d’une gigafactory de batteries, une étape décisive vers une chaîne de valeur complète dans l’électromobilité.
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*Le secteur vise désormais un million de véhicules produits à l’horizon 2027, avec un repositionnement progressif sur les segments technologiques et écologiques.
Aéronautique: un tissu agile et compétitif
L’aéronautique, l’un des piliers du virage industriel marocain, s’est imposée comme une filière stratégique à haute valeur ajoutée. Présent dans le pays depuis plus de 20 ans, le secteur regroupe aujourd’hui près de 140 entreprises, principalement autour des zones industrielles de Casablanca (Midparc, Technopole de Nouaceur) et de Rabat.
Le Maroc exporte désormais des composants clés pour Airbus, Boeing, Bombardier et d’autres grands donneurs d’ordres. Le savoir-faire local couvre l’usinage de précision, l’assemblage de structures, la fabrication de câblages, et de plus en plus, la maintenance aéronautique (MRO). L’aéronautique emploie plus de 20 000 personnes et affiche un taux d’intégration locale de plus de 40 %, avec une forte montée en compétence.
L’enjeu pour la décennie à venir est double : diversifier les donneurs d’ordre et investir dans l’innovation pour faire émerger des acteurs marocains capables de produire de la propriété intellectuelle locale.
Chimiques, textiles, électronique: D’autres filières en mutation
Le Maroc ambitionne de relancer ou renforcer des filières industrielles stratégiques dans un contexte de réorganisation globale des chaînes d’approvisionnement.
En tête de liste, la chimie et les engrais, secteur porté par le géant OCP. Leader mondial des phosphates, le groupe poursuit sa stratégie d’intégration verticale en multipliant les unités de transformation : production d’ammoniac, d’acide sulfurique, et d’engrais spécialisés. Objectif : répondre à la demande croissante en intrants agricoles, tout en participant à la sécurité alimentaire de plusieurs continents.
Parallèlement, OCP investit dans les biotechnologies agricoles, les capteurs connectés et l’intelligence artificielle, avec une ambition claire : devenir un acteur central de l’agriculture durable à l’échelle mondiale.
Le textile-habillement, quant à lui, connaît un second souffle. Longtemps fragilisé par la concurrence asiatique, le secteur bénéficie aujourd’hui d’un effet de relocalisation, notamment de la part d’enseignes européennes en quête de proximité, de flexibilité et de traçabilité. Grâce à sa position géographique stratégique et à une main-d’œuvre qualifiée, le Maroc se positionne comme une plateforme de « nearshoring » de plus en plus attractive pour les grandes marques du prêt-à-porter.
Enfin, l’électronique et la fabrication de composants constituent un nouveau front industriel. Plusieurs projets émergent dans la production de cartes électroniques, de capteurs intelligents et de microtechnologies, répondant aux besoins croissants de secteurs comme l’automobile, les énergies renouvelables ou la défense. Cette mutation est accompagnée par la montée en puissance de la formation technique et technologique dans les régions industrielles, traduisant une volonté claire de monter en gamme et de maîtriser des segments à forte valeur ajoutée.
Investissements Directs Étrangers (IDE): Un Maroc attractif malgré les turbulences
Dans un contexte mondial marqué par des secousses géopolitiques, une montée des politiques protectionnistes, la reconfiguration des chaînes de valeur et une compétition internationale accrue pour attirer les capitaux, le Maroc tire son épingle du jeu. Fort de son positionnement stratégique, de sa stabilité politique, de sa vision économique de long terme et de réformes structurelles continues, le Royaume demeure l’une des destinations les plus attractives d’Afrique pour les investissements directs étrangers (IDE). En 2024, il confirme sa place dans le peloton de tête des économies africaines en matière d’accueil de capitaux internationaux.
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Selon les derniers chiffres du ministère de l’Économie et des Finances, les flux d’IDE au Maroc ont atteint environ 41,3 milliards de dirhams en 2024, en progression par rapport à 2023, malgré le ralentissement économique dans plusieurs régions du monde. Cette performance s’explique par une diversification sectorielle, une confiance continue des investisseurs historiques, et l’arrivée de nouveaux acteurs venus d’Asie et du Golfe.
Porté par une politique d’ouverture maîtrisée et des réformes structurelles, le Maroc concentre ses flux d’IDE autour de secteurs à fort potentiel. En première ligne, l’industrie automobile et aéronautique continue de drainer l’essentiel des investissements, portée par une intégration locale croissante et une montée en gamme technologique.
Les énergies renouvelables, désormais prioritaires dans la stratégie nationale, attirent également des capitaux conséquents, en particulier pour les projets solaires, éoliens et bientôt hydrogène vert.
Autre pôle d’intérêt : l’agroalimentaire et la logistique, deux secteurs renforcés par la volonté de souveraineté et la compétitivité croissante des plateformes marocaines.
Le numérique, à travers les technologies de l’information et les télécoms, séduit aussi les investisseurs, grâce à un vivier de talents et un écosystème en plein essor.
Enfin, l’immobilier structuré – bureaux, hôtels, zones franches – et le tourisme haut de gamme bénéficient d’un regain d’intérêt, dopé par les ambitions africaines du Maroc et sa capacité à accueillir des projets à forte valeur ajoutée.
Une nouvelle Charte de l’investissement: Plus compétitive, plus inclusive
Entrée en vigueur début 2023, la nouvelle Charte de l’investissement marque un tournant majeur dans la stratégie du Maroc pour attirer davantage de capitaux privés, nationaux comme étrangers. Pensée pour être plus lisible, plus équitable et résolument tournée vers l’impact, elle introduit une série de mécanismes inédits qui redéfinissent les règles du jeu.
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Au cœur du dispositif, un système de primes à l’investissement modulables selon la nature du projet, sa localisation, son secteur d’activité et ses retombées socio-économiques. L’objectif est clair : récompenser les projets créateurs d’emplois, porteurs d’innovation, inclusifs ou écologiquement responsables.
Autre levier clé : une différenciation territoriale assumée, avec des incitations renforcées pour les régions à fort potentiel mais encore sous-équipées. Certaines primes régionales peuvent ainsi couvrir jusqu’à 30 % du coût d’investissement, une incitation de taille pour les porteurs de projets hors des grands centres urbains.
La Charte mise aussi sur la modernisation de l’expérience investisseur, grâce à l’unification et à la digitalisation des procédures à travers les nouvelles plateformes des Centres régionaux d’investissement (CRI), repensés pour plus d’efficacité et de proximité.
Enfin, la vision sectorielle reste claire : le texte accorde une priorité aux investissements dans l’industrie, l’innovation, les énergies renouvelables et l’économie verte, conformément aux objectifs du Nouveau Modèle de Développement.
L’objectif est clair : mobiliser 550 milliards de dirhams d’investissements privés d’ici 2026, avec une contribution de 2/3 du secteur privé, contre un ratio historiquement déséquilibré en faveur de l’investissement public.
Centres Régionaux d’Investissement (CRI): Une nouvelle dynamique territoriale
Désormais autonomes, dotés de guichets digitaux et d’une gouvernance professionnelle, les Centres Régionaux d’Investissement (CRI) agissent comme facilitateurs de l’acte d’investir dans chaque territoire.
Leur mission ne se limite plus à l’enregistrement des projets, mais inclut l’accompagnement personnalisé des investisseurs, le suivi post-installation, et l’identification des opportunités sectorielles locales. Ce changement de paradigme permet à des régions longtemps marginalisées d’amorcer leur propre dynamique d’accueil d’IDE.
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Si les incitations économiques jouent un rôle évident dans l’attractivité du Maroc, les décideurs internationaux mettent en avant trois atouts déterminants qui font la différence.
En premier lieu, la stabilité politique. Dans un environnement mondial incertain, le Royaume offre une visibilité stratégique rare, portée par une monarchie réformatrice et une diplomatie économique volontariste, capable de sécuriser les engagements à long terme.
Deuxième facteur clé : la qualité des infrastructures. Avec des équipements logistiques de haut niveau – à commencer par le port de Tanger Med, un réseau autoroutier dense, une ligne à grande vitesse (LGV), des aéroports modernisés et un système énergétique fiable – le Maroc offre un environnement propice à l’implantation et à l’exportation.
Enfin, l’accès préférentiel à un vaste marché renforce son attractivité. Grâce à plus de 50 accords de libre-échange, dont ceux signés avec l’Union européenne, les États-Unis, la Turquie et plusieurs pays arabes, les entreprises installées au Maroc peuvent rayonner vers un bassin de plus de 2 milliards de consommateurs.
Investisseurs: Une diversification des partenaires internationaux
Si l’Union européenne reste de loin le premier investisseur au Maroc, captant près de 55 % des flux d’investissements directs étrangers (IDE), la donne est en pleine mutation. De nouveaux acteurs émergent et redessinent la carte des partenariats économiques du Royaume.
Les États du Golfe – en particulier les Émirats arabes unis, le Qatar et l’Arabie Saoudite – se positionnent désormais en investisseurs majeurs, misant sur l’immobilier, le tourisme, les infrastructures et les énergies renouvelables.
La Chine, quant à elle, multiplie ses prises de participation dans des secteurs industriels stratégiques, comme le textile, l’électronique ou la fabrication de batteries, tout en développant ses investissements dans les infrastructures, notamment le port de Nador West Med et la logistique.
Les États-Unis restent un partenaire clé, notamment à travers leurs engagements dans l’industrie pharmaceutique, l’aéronautique et les nouvelles technologies, domaines en forte croissance.
Par ailleurs, l’Afrique subsaharienne voit l’essor de partenariats Sud-Sud, où investisseurs marocains et africains unissent leurs forces dans l’agro-industrie, la finance et les télécommunications, renforçant la coopération régionale.
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Ce rééquilibrage géographique des sources d’IDE constitue un atout stratégique. Il protège l’économie marocaine des aléas géopolitiques régionaux tout en ouvrant de nouvelles perspectives pour son intégration dans l’économie mondiale.
Casablanca Finance City: Un hub africain en montée en gamme
Lancée en 2010 sur instruction royale, Casablanca Finance City (CFC) s’est progressivement imposée comme une plateforme régionale de premier plan, destinée à attirer les multinationales, banques, assurances, fonds d’investissement et cabinets de conseil opérant vers l’Afrique.
Plus de 200 entreprises labellisées, parmi lesquelles Boston Consulting Group, Axa, Deloitte, Allianz, Huawei ou encore Siemens, ont choisi d’établir leur siège régional à Casablanca Finance City (CFC). Ce succès s’appuie sur plusieurs atouts clés.
D’abord, sa position géostratégique : située à seulement trois heures de vol des principales capitales africaines et européennes, CFC offre un accès privilégié à des marchés en pleine croissance.
Ensuite, la stabilité juridique et fiscale liée au statut CFC rassure les investisseurs, complétée par un environnement réglementaire favorable à la libre circulation des capitaux, des dividendes et des devises.
Ce hub bénéficie également d’une infrastructure financière solide, d’un cadre juridique en constante évolution et d’une gouvernance proactive, qui en font un véritable moteur de développement économique.
Reconnu parmi les meilleurs centres financiers du continent selon le Global Financial Centres Index (GFCI), Casablanca Finance City se diversifie aujourd’hui vers des secteurs à fort potentiel : finance verte, financement climatique, assurances spécialisées et fintech.
Bank Al-Maghrib: Une banque centrale moderne et anticipative
Pilier de la stabilité macroéconomique du pays, Bank Al-Maghrib (BAM) s’est affirmée comme l’un des régulateurs les plus crédibles d’Afrique et du monde arabe. Son action durant les années de pandémie puis face à l’inflation mondiale a été saluée pour sa rigueur et son sens de l’équilibre.
BAM a maintenu une politique monétaire prudente, relevant son taux directeur à 3 % en 2023 pour juguler l’inflation importée, tout en préservant les conditions de financement de l’économie. Elle a aussi modernisé le régime de change, renforcé les réserves de devises et assuré la solidité du secteur bancaire.
Parallèlement à ses missions traditionnelles, la Banque centrale du Maroc mène plusieurs chantiers majeurs pour moderniser le système financier national.
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Sur le front de l’inclusion financière, elle s’engage à démocratiser l’accès aux services bancaires grâce à la généralisation du mobile banking, au renforcement du microcrédit et à la digitalisation des paiements, facilitant ainsi l’accès des populations les plus fragiles aux outils financiers.
La finance verte est également au cœur de ses priorités : la Banque centrale intègre désormais le risque climatique dans la supervision bancaire et œuvre à sensibiliser les établissements financiers à la taxonomie verte, encourageant ainsi des investissements plus responsables.
Enfin, dans le domaine des innovations technologiques, des études approfondies ont été lancées sur la création d’une monnaie numérique de banque centrale (CBDC), visant à lancer un dirham numérique sécurisé et contrôlé, qui pourrait révolutionner les modes de paiement au Maroc.
Fiscalité: Une réforme fiscale à l’échelle du modèle de développement
La réforme fiscale, amorcée depuis les Assises nationales de la fiscalité en 2019, s’inscrit dans une logique de justice, de transparence et d’incitation à l’investissement productif. Elle s’appuie sur la loi-cadre 69.19, qui fixe les principes d’équité, de neutralité, de simplification, et d’élargissement de l’assiette.
Le Maroc poursuit sa transformation fiscale avec des avancées significatives visant à stimuler l’investissement, améliorer la transparence et renforcer la justice fiscale.
Parmi les mesures phares, la baisse progressive de l’impôt sur les sociétés (IS) pour les entreprises industrielles encourage la rétention et le réinvestissement des bénéfices, soutenant ainsi la croissance du secteur.
La réforme de la TVA, actuellement en cours, tend à rationaliser ce régime fiscal vers un taux unique, plus simple et plus lisible, facilitant la compréhension et la conformité des contribuables.
Le processus de digitalisation des procédures fiscales s’intensifie avec des outils comme le portail Simpl-Tax et l’e-facturation, qui fluidifient les démarches administratives et réduisent les délais.
Par ailleurs, une nouvelle approche de la fiscalité locale mise sur la performance et l’autonomie des collectivités territoriales, renforçant ainsi la gestion des ressources au niveau local.
Cette réforme globale vise aussi à réduire l’informalité, qui continue de peser sur l’équité et la concurrence. L’introduction de régimes simplifiés, de prélèvements forfaitaires et l’extension du paiement mobile facilitent la déclaration d’activité, favorisant la formalisation progressive des petits opérateurs économiques.