Dans un pays en pleine mutation énergétique, Imad Morchid bouscule les codes avec un centre de recherche privé entièrement dédié à la rupture technologique dans le photovoltaïque. Contrairement aux approches traditionnelles, ce laboratoire d’innovation made in Morocco mise sur la création de nouvelles technologies, alliant recherche appliquée, prototypage industriel et transfert technologique. Objectif : faire du Maroc un pionnier de l’énergie verte à l’échelle mondiale.

Challenge : En quoi le nouveau centre de recherche dédié aux panneaux photovoltaïques innovants se distingue-t-il des autres initiatives dans le domaine des énergies renouvelables au Maroc ?

Imad Morchid : Ce nouveau centre de recherche entièrement financé par des investissements privés, se distingue par son approche résolument orientée vers la rupture technologique. Et par sa volonté d’innover en profondeur dans le domaine photovoltaïque. Contrairement aux structures publiques ou aux projets axés sur l’intégration de solutions existantes, notre approche repose sur la création de nouvelles technologies et place l’invention au cœur de sa stratégie.

Le centre vise à combiner recherche appliquée, prototypage industriel et transfert technologique, orientée vers des solutions concrètes, industrialisables et adaptées aux conditions environnementales locales. Il s’agit d’un modèle agile, indépendant, pensé pour accélérer la transition énergétique au Maroc tout en positionnant l’innovation marocaine sur la scène internationale. 

Par ailleurs, le centre se veut un véritable pôle de convergence entre ingénierie, design produit et transfert technologique. Il intègre également un volet formation pour accompagner l’émergence d’une nouvelle génération d’innovateurs marocains dans le domaine des énergies renouvelables.

Challenge : Ce projet est-il rentable et à quels horizons pensez-vous faire vos premiers bénéfices ? 

I.M. : Ce projet vise le développement d’un produit avec, comme objectif final, son industrialisation et sa commercialisation. Actuellement, nous travaillons à la mise en place d’un centre de recherche dédié, qui se concentrera non seulement sur ce projet, mais également sur le développement d’autres brevets dans le même secteur.

Pour cette première invention, nous prévoyons une phase de recherche et développement d’une durée de 24 mois. L’objectif est de disposer d’une unité de production opérationnelle d’ici la troisième année, soit en 2028, année durant laquelle la production et la commercialisation seront lancées. Ainsi, à l’horizon 2028, nous serons en mesure d’industrialiser, produire et commercialiser ce produit, générant ainsi nos premiers revenus.

Lire aussi | Imad Morchid. le pionnier d’une transition énergétique audacieuse

Challenge : Le Maroc a un ambitieux programme de transition énergétique. En quoi votre projet s’inscrit-il dans cette dynamique ? 

I.M. : Le programme de transition verte du Maroc vise à réduire l’empreinte carbone à l’échelle mondiale. Mon travail s’aligne parfaitement avec l’ambition nationale, que ce soit au sein du premier ou du second centre de recherche. Nous développons des solutions pour maximiser l’usage de l’énergie verte et réduire les émissions de carbone. Par exemple, le développement de véhicules électriques contribue à la transition vers une mobilité plus durable, réduisant ainsi les émissions de gaz à effet de serre. Aussi, les projets de panneaux solaires innovants, capables de produire jusqu’à 10 fois plus d’énergie, rendent les énergies renouvelables plus accessibles tout en réduisant la dépendance à l’énergie grise. 

Challenge : En tant qu’entrepreneur et inventeur, comment voyez-vous votre rôle dans le développement technologique et industriel du pays ?

I.M. : En tant que produit à 100% marocain, mon rôle va au-delà de la simple création technologique. Il s’agit de contribuer à un écosystème national crédible et tourné vers l’avenir. Le Maroc dispose d’atouts réels — talents, agilité, position stratégique — qui lui permettent non seulement de relever ses propres défis, mais aussi d’exporter des solutions adaptées à d’autres contextes, notamment en Afrique, en Asie ou en Amérique latine. Mon objectif est de faire du Maroc une vitrine technologique, un point d’ancrage pour des innovations éprouvées localement et déployées globalement. Une supercar ou un bus électrique développés ici ne sont pas des fins en soi, mais des preuves concrètes que l’ingénierie marocaine peut rivaliser à l’international.

L’innovation prend tout son sens quand elle transforme les territoires. C’est entre ancrage local et ambition globale, que je situe mon engagement.

Challenge :  Quelle est votre vision pour l’avenir de la mobilité électrique au Maroc et comment voyez-vous votre rôle dans cette transformation ?

I.M. : Pour moi, la transition vers la mobilité électrique ne se limite pas au simple développement de véhicules électriques. Il est essentiel de créer un écosystème complet avec une infrastructure adaptée pour garantir le succès de cette transition. Contrairement aux véhicules thermiques, qui bénéficient d’un réseau étendu de stations-service assurant un ravitaillement rapide et une grande liberté d’utilisation, les véhicules électriques ne disposent pas encore d’un tel niveau de commodité.

L’un des principaux défis de cette transition réside dans le développement d’un réseau de recharge performant. Il s’agit de proposer des infrastructures capables de fournir une puissance de recharge suffisante pour réduire significativement le temps de recharge, ce qui nécessite la mise en place de solutions parallèles. Premièrement, il est crucial d’améliorer la production énergétique, car l’infrastructure actuelle de distribution électrique ne permet pas d’implanter des points de recharge à haute capacité dans les zones urbaines. Cela souligne l’importance de développer des solutions de production et de stockage d’énergie autonomes et efficaces.

L’avenir de la mobilité électrique au Maroc repose donc non seulement sur le développement des véhicules eux-mêmes, mais également sur des avancées technologiques dans le stockage d’énergie, la recharge, et l’extension d’un réseau de recharge performant. En réduisant le temps de recharge et en augmentant la puissance disponible pour les utilisateurs, nous pourrons rendre cette transition plus accessible et durable.

Lire aussi | Les ventes de voitures électriques en hausse de 25% dans le monde en 2024

Challenge : Quels sont vos objectifs à long terme pour la recherche et l’innovation au Maroc ?

I.M. : Notre objectif à long terme est de faire du Maroc un pôle de référence en matière de recherche et d’innovation. Nous voulons passer d’un pays utilisateur de solutions importées à un pays concepteur de technologies propres, pensées localement et compétitives à l’échelle internationale.

Cela passe par le développement de brevets, la création de partenariats stratégiques avec des institutions académiques et industrielles, et la mise en place d’un écosystème propice à l’émergence de startups technologiques locales.

En somme, nous aspirons à inscrire durablement l’innovation dans l’ADN du tissu industriel marocain, en alliant excellence scientifique, impact économique et souveraineté énergétique. 

Portrait / Imad Morchid, un ingénieur visionnaire et innovateur multi-breveté

Diplômé en conception mécanique de l’Université Internationale de Casablanca, Imad Morchid est un ingénieur et entrepreneur marocain renommé, avec une expertise de pointe dans la mobilité et les énergies vertes,
Son parcours a été façonné dès son enfance par l’influence de son père, qui lui a permis un accès privilégié à des équipements industriels avancés et à des formations personnalisées dès l’âge de 12 ans. Cette immersion précoce lui a conféré une maîtrise des techniques mécaniques, électriques et de programmation avant même son entrée à l’université.
Depuis 2014, Imad Morchid dépose régulièrement des brevets à l’international. Il en compte déjà une dizaine, dont plusieurs innovations majeures comme des boîtes de vitesses à fonctionnement fluide, des dispositifs pare-balles et des équipements de production d’énergie solaire. En reconnaissance de son talent, il a reçu en 2014 le prix Best African Award de Startech Africa.
Parallèlement, il s’est consacré à la recherche appliquée, transformant ses concepts en prototypes opérationnels prêts pour une production à grande échelle. Imad Morchid a ainsi développé plusieurs véhicules électriques, affirmant son rôle de pionnier dans la mobilité durable.
Aujourd’hui, cet expert en mobilité électrique continue d’enrichir la propriété intellectuelle grâce à ses centres de recherche, consolidant sa position comme un acteur clé de l’innovation technologique au Maroc et au-delà.