De Casablanca à Tanger Med, en passant par Nador et Dakhla, le Maroc se hisse dans le cercle restreint des grandes nations maritimes. Une stratégie ambitieuse, portée par la vision de S.M. le Roi Mohammed VI, transforme les ports marocains en hubs mondiaux, moteurs de croissance et leviers d’intégration continentale.
Le jeudi 18 septembre, Casablanca a renoué avec son destin maritime. À l’occasion d’une cérémonie marquée par l’inauguration de plusieurs infrastructures, S.M. le Roi Mohammed VI a donné une nouvelle impulsion au complexe portuaire de la capitale économique. Port de pêche moderne, chantier naval de dimension internationale, terminal de croisières flambant neuf, mais aussi complexe administratif intégré : quatre réalisations phares, mobilisant 5 milliards de DH d’investissements, redessinent l’avenir du littoral casablancais.
Derrière ces projets, un double enjeu : renforcer le rayonnement économique et touristique de la métropole tout en consolidant sa position de hub maritime de premier plan sur la façade atlantique. Portés par l’Agence nationale des ports (ANP), ces chantiers traduisent la vision royale d’une ville tournée vers l’océan, capable de concilier développement économique, attractivité touristique et qualité de vie pour ses habitants.
Un front de mer repensé
«Dès 2014, il était clair que la solidarité ville-port devenait incontournable », rappelle l’expert maritime Najib Cherfaoui. À l’époque, l’enjeu portait sur la réhabilitation d’une bande côtière de 20 km, de la corniche d’Aïn Diab au quartier des Roches Noires en passant par le phare El Hank. Cette zone, encombrée par divers bâtiments désaffectés, treuils et cabestan hors service, ateliers de réparation, baraquements vétustes – bloquait littéralement l’ouverture de la médina sur la mer.
Dix ans plus tard, le pari est tenu : la reconversion de ces 40 hectares a permis l’émergence d’un quartier Marina très accueillant, articulé autour d’une dynamique inclusive– industries de services, notamment tourisme & commerce. À cela s’ajoute le terminal de croisière, la porte d’entrée maritime que Casablanca attendait depuis plus d’un demi-siècle. Avec un investissement de 720 millions de DH, ce terminal place Casablanca sur la carte premium de la croisière mondiale. Desservi par un quai de 650 mètres, il peut accueillir 450 000 passagers par an et des paquebots de 350 mètres de long. Attenante au quai, la gare maritime est connectée à la terre ferme aux moyens de passerelles ultra-modernes et d’un parking pour 44 autocars.
Derrière ces infrastructures, une stratégie claire : faire de Casablanca un carrefour du tourisme maritime mondial irrigant l’arrière-pays par le biais des circuits combinés. « L’attractivité d’une ville se joue aussi à son port et au tourisme d’affaires qu’il génère.», souligne un opérateur du secteur.
À quelques encablures, le nouveau port de pêche – 1,2 milliard de DH d’investissements – redonne souffle à un métier millénaire. Conçu pour accueillir 260 barques artisanales et une centaine de bateaux côtiers, il est équipé d’infrastructures modernes : halle aux poissons, trois usines à glace, stalles pour mareyeurs, foyer pour gens de mer.
« Ce port est plus qu’un outil, c’est une reconnaissance pour toute une communauté », explique un pêcheur des Roches Noires. L’intégration d’espaces de transformation et de commercialisation vise à structurer la filière halieutique et créer des milliers d’emplois indirects.
Le chantier naval, pivot industriel du XXIe siècle
Pièce maîtresse du programme, le nouveau chantier naval incarne l’ambition industrielle du Maroc. Pour un coût de 2,5 milliards de DH, il dispose d’une cale sèche de 240 m, d’une plateforme élévatrice de 9 700 tonnes et d’un élévateur à sangles dernière génération. Objectif : positionner Casablanca comme hub de construction et de réparation navale au service de la flotte nationale et du trafic international.
Le Maroc entend ainsi capter une part des marchés extérieurs, alors que seuls trois chantiers de réparation navale existent le long de la côte atlantique, du Royaume au Cap de Bonne-Espérance. « Via le Cap de Bonne espérance, la redistribution des lignes navigation autour de l’Afrique de l’Ouest propulse la place de Casablanca au cœur des enjeux maritimes de la planète», insiste Najib Cherfaoui.
Pour compléter le dispositif, un complexe administratif intégré de 500 millions de DH rassemble désormais sous un même toit douanes, autorité portuaire et utilisateurs. Une première, qui permettra d’optimiser les services et de réduire les coûts de gestion.

Tanger Med, locomotive mondiale du commerce maritime
Ce qui se joue aujourd’hui à Casablanca et, plus largement, dans l’ensemble du réseau portuaire marocain, va bien au-delà du cadre local ou national. Les projets structurants engagés par le Royaume s’inscrivent dans une stratégie cohérente où chaque port joue un rôle spécifique, mais où Tanger Med s’impose désormais comme la vitrine et la locomotive mondiale. Premier port à conteneurs de Méditerranée avec plus de 11,44 millions d’EVP (équivalent vingt pieds) traités par an, premier port africain et première plateforme d’import/export du Maroc, Tanger Med a su s’imposer en deux décennies comme un géant maritime incontournable.
Le complexe industrialo-portuaire de Tanger Med est le fruit direct de la vision stratégique de S.M. le Roi Mohammed VI. Dès son discours fondateur de 2003, le Souverain avait fixé un cap clair : faire de Tanger Med « un modèle de développement régional intégré ». À travers ce projet, il ne s’agissait pas seulement de construire un port, mais de bâtir un hub logistique, industriel et commercial capable de rivaliser avec les plus grandes plateformes mondiales.
Situé au Détroit de Gibraltar, à la croisée des grandes routes maritimes Est-Ouest et Nord-Sud, Tanger Med bénéficie d’un emplacement géostratégique unique. Plus de 100 000 navires par an et quelque 200 cargos par jour transitent par ce passage, reliant l’Asie, l’Europe, les Amériques et l’Afrique. Un choix d’implantation qui traduit la volonté royale d’inscrire durablement le Maroc sur la carte du commerce maritime mondial.
Une montée en puissance rapide et continue
Le 17 février 2003, S.M. le Roi lance officiellement les travaux du gigantesque chantier. Quatre ans plus tard, le 27 juillet 2007, le Port Tanger Med 1 est inauguré, marquant l’entrée en service du premier terminal à conteneurs et le démarrage effectif des opérations de transbordement. Le déchargement du premier conteneur plein symbolise alors une étape décisive pour le Royaume.
Deux ans après, une nouvelle étape est franchie avec le lancement de la Grande Plateforme Industrielle de Tanger Med, intégrée directement au complexe portuaire afin de constituer un écosystème compétitif. Puis en 2010, le Souverain inaugure le Port Passagers et Rouliers, conçu pour renforcer les capacités d’accueil et fluidifier les flux croissants de passagers et de marchandises.
À chaque étape, le complexe se renforce et diversifie ses fonctions, passant d’un simple port à une véritable plateforme logistique et industrielle. En 2012, l’inauguration de l’usine Renault Tanger Med, plus grande unité de production automobile d’Afrique, et le lancement de zones dédiées comme « Tanger Automotive City » ou « Tétouan Shore » marquent un tournant décisif : le port devient aussi un moteur industriel.
L’écosystème industriel : une véritable chaîne de valeur
Autour du complexe portuaire, un écosystème puissant a progressivement émergé. La zone franche accueille des centaines d’entreprises spécialisées dans l’automobile, l’aéronautique, le textile, l’agroalimentaire et l’offshoring. Le port agit ainsi comme catalyseur d’investissements, attirant aussi bien des multinationales que des PME locales.
La plateforme industrielle franchit la barre des 1 200 entreprises en activité dès 2022. En 2024, ces zones d’activités économiques couvrent plus de 3 000 hectares et abritent plus de 1 400 entreprises, générant un chiffre d’affaires de 174 milliards de DH. Plus de 60 % des 137 milliards de DH d’investissements réalisés à Tanger Med proviennent du secteur privé, confirmant la confiance des investisseurs dans la stabilité et la compétitivité du hub marocain.
Le 28 juin 2019, S.A.R. le Prince Héritier Moulay El Hassan lance officiellement les opérations du Port Tanger Med 2. Cette extension double la capacité initiale et place Tanger Med en tête de la Méditerranée, avec une capacité de 9 millions d’EVP. L’investissement public nécessaire atteint 14 milliards de DH, preuve de l’engagement de l’État à accompagner cette montée en puissance.
Depuis, le complexe n’a cessé de battre des records : 8,6 millions de conteneurs traités en 2023, 10 millions dès 2024, soit quatre ans avant les objectifs fixés. Le port se hisse à la 17ème place mondiale sur 500 ports à conteneurs selon le classement 2024 d’Alphaliner, surpassant des géants comme Hambourg et New York. Le Maroc rejoint ainsi le cercle restreint des douze nations qui dominent le commerce maritime mondial.
Au-delà des performances chiffrées, Tanger Med s’impose comme un acteur stratégique sur plusieurs continents. En 2024, Marsa Maroc, filiale du groupe, décroche la gestion des terminaux 1 et 5 du Port de Cotonou, au Bénin. Une extension de son rayonnement qui illustre la volonté du Maroc de s’affirmer comme puissance portuaire africaine.
Tanger Med est aujourd’hui connecté à plus de 180 ports dans une centaine de pays. Il est devenu un point de passage obligé des flux mondiaux, captant une part croissante du transbordement entre l’Asie et l’Europe, notamment dans le contexte du conflit en mer Rouge et du détournement du trafic hors du canal de Suez.

Les enjeux géopolitiques et logistiques
La reconfiguration du commerce maritime mondial, marquée par l’allongement des distances et la hausse des coûts logistiques, a paradoxalement renforcé Tanger Med. Le rapport de la CNUCED souligne que la moyenne des distances parcourues par les navires a bondi de 4 831 miles en 2018 à 5 245 en 2024, dopant les flux en tonne-milles. Dans ce contexte, le port marocain devient un hub incontournable pour les armateurs qui cherchent à optimiser leurs routes et leurs coûts.
L’efficacité opérationnelle de Tanger Med n’est pas un hasard. Digitalisation, fluidité douanière, partenariats avec des opérateurs de rang mondial comme APM Terminals : tous ces leviers ont contribué à hisser le complexe au 5ème rang mondial de l’indice de performance des ports à conteneurs publié par la Banque mondiale en 2024.
Une extension en préparation
Le port ne s’arrête pas là. Tanger Med Port Authority (TMPA) a engagé un partenariat stratégique avec la Société financière internationale (IFC) pour financer l’extension du port Passagers et Rouliers. Ce projet estimé à 450 millions d’euros prévoit le développement de 12 postes d’amarrage et l’aménagement de 86 hectares supplémentaires. La première tranche, comprenant quatre postes, devrait être livrée d’ici 2027. Objectif : porter la capacité de traitement des camions à plus d’un million d’unités, renforçant encore la position de Tanger Med comme hub logistique mondial.
Devenu en moins de vingt ans un géant portuaire et industriel, Tanger Med n’est pas seulement un outil logistique : c’est un moteur de transformation économique et industrielle pour le Maroc. Ses zones franches, ses terminaux spécialisés et son intégration dans les chaînes de valeur mondiales en font une locomotive de croissance nationale et régionale.
Nador West Med : le nouveau pilier de la suprématie portuaire marocaine
A côté de la réussite indiscutable de Tanger Med, symbole de la montée en puissance du Maroc sur l’échiquier maritime mondial, la suprématie portuaire du Royaume s’apprête à être renforcée. Deux nouveaux géants sont en préparation : le port de Nador West Med, dans le nord-est, et le futur port Dakhla Atlantique, actuellement en chantier. Ensemble, ils complèteront l’architecture portuaire nationale et élargiront les capacités du pays face aux enjeux logistiques et géopolitiques contemporains.
Situé dans la baie de Betoya, à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Nador, le port de Nador West Med occupe une superficie de 850 hectares. Lancé en 2017 par S.M. le Roi Mohammed VI, le chantier arrive aujourd’hui dans sa phase finale. Les premiers tests opérationnels grandeur nature sont attendus dans les mois à venir, tandis que la mise en service complète de la plateforme est programmée pour 2027.
À l’image de Tanger Med, Nador West Med traduit une ambition royale claire : hisser le Maroc dans la cour des grandes puissances maritimes, mais cette fois-ci avec une vocation singulière. Le nouveau complexe est conçu pour répondre aux besoins énergétiques et sécuritaires du Royaume, tout en stimulant le développement économique de la région de l’Oriental, longtemps freinée par les tensions frontalières avec l’Algérie.

Une locomotive pour l’Oriental
L’enjeu pour la région est considérable. Comme Tanger Med l’a été pour le Nord, Nador West Med doit devenir une locomotive pour l’émancipation socio-économique de l’Oriental. Pendant des décennies, cette zone est restée à la marge des grands circuits de croissance. Désormais, grâce à une infrastructure d’envergure, la région peut espérer attirer de nouveaux investissements, dynamiser son tissu industriel et créer des emplois qualifiés.
La vocation énergétique du port lui donne une dimension encore plus stratégique. Conçu pour accueillir un terminal charbonnier de 7 millions de tonnes, un terminal conteneurs capable de traiter 3 millions d’EVP, mais surtout pour stocker et distribuer jusqu’à 25 millions de tonnes d’hydrocarbures, Nador West Med devient un maillon central de la sécurité énergétique du Maroc.
En multipliant les capacités de réception et de stockage, le Maroc sécurise son approvisionnement en carburants et réduit sa dépendance vis-à-vis des fluctuations internationales. Mais le projet dépasse l’échelle nationale. Grâce à sa position géographique stratégique sur le bassin méditerranéen, Nador West Med peut devenir une plateforme de stockage pour les petits producteurs pétroliers souhaitant rapprocher leurs stocks des marchés européens et africains.
Avec ce dispositif, le Royaume ambitionne de jouer un rôle équivalent à celui de Rotterdam pour l’Europe du Nord, mais appliqué à la Méditerranée et à l’Afrique de l’Ouest. À terme, les économies d’échelle générées pourraient contribuer à stabiliser, voire à réduire, les prix à la pompe pour les consommateurs marocains.
Un contexte géopolitique favorable
L’attractivité du futur port est renforcée par un environnement géopolitique instable. Les tensions persistantes en mer Rouge, les menaces sur la sécurité maritime, ainsi que la fermeture ponctuelle de certains passages stratégiques redessinent les flux logistiques mondiaux. Dans ce contexte, les armateurs privilégient des ports de transbordement sûrs et performants en Afrique du Nord.
Par ailleurs, l’instauration des taxes carbone par l’Union européenne accentue la pression sur les chaînes logistiques. Les nouvelles réglementations européennes sur les émissions obligeront de nombreux transporteurs à optimiser leurs trajets et leurs escales. Tanger Med bénéficie déjà de cette reconfiguration, et Nador West Med viendra compléter cette offre en absorbant une partie de la demande croissante.

Marsa Maroc, filiale de Tanger Med, acteur clé du projet
Le développement de Nador West Med s’appuie sur l’expérience de Marsa Maroc, filiale du groupe Tanger Med et gestionnaire de 24 terminaux dans une dizaine de ports du Royaume. Une convention de concession a été signée avec la société Nador West Med pour la gestion du terminal à conteneurs Est, pour une durée de 25 ans.
Cette concession marque le premier jalon opérationnel du complexe. Marsa Maroc a lancé les appels d’offres relatifs aux travaux d’aménagement, portant sur la plateforme, les réseaux et l’électrification. Ces procédures concrétisent l’entrée dans une phase active, visible, qui annonce le compte à rebours vers l’exploitation.
Le terminal Est repose sur une plateforme de 40 hectares, adossée à un quai de 900 mètres de long, avec un tirant d’eau de -18 mètres. Cette configuration lui confère une capacité de 2 millions d’EVP, avec des infrastructures robustes : plateforme élevée à +3 mètres au-dessus du niveau hydrographique, quai culminant à +4,5 mètres.
Ce choix d’ingénierie traduit une volonté d’anticiper les évolutions du transport maritime international. Les navires de nouvelle génération, plus longs, plus larges et plus lourds, pourront accoster à Nador West Med sans contraintes techniques.
Le lancement du terminal intervient dans un contexte de saturation des capacités portuaires en Méditerranée occidentale. Le taux d’utilisation dépasse déjà les 80 %, avec un trafic global qui avoisine les 18 millions d’EVP par an. Les compagnies maritimes, confrontées à cette pression, cherchent de nouveaux points d’appui pour diversifier leurs escales.
Nador West Med apparaît alors comme une réponse opportune. En offrant une alternative fiable et moderne, le port s’inscrit directement dans les projections de croissance des grandes alliances maritimes mondiales, qui redessinent actuellement les flux logistiques internationaux.
À l’interface des routes maritimes est-ouest et nord-sud, Nador West Med bénéficie d’un positionnement idéal. Sa complémentarité avec Tanger Med est évidente : alors que le port du Détroit s’affirme comme premier hub de transbordement africain et méditerranéen, Nador West Med vient ajouter une spécialisation énergétique et logistique.
En conjuguant les atouts de ces deux plateformes, le Maroc consolide son rôle de puissance portuaire émergente, capable de rivaliser avec les plus grands hubs mondiaux. Avec l’arrivée prochaine du port Dakhla Atlantique, c’est toute l’architecture maritime nationale qui se renforce, projetant le Royaume au centre des échanges internationaux.
Dakhla Atlantique : la façade sud du Royaume en pleine mutation
Dans le sud du Royaume, le futur port de Dakhla Atlantique suscite un intérêt stratégique considérable. Fruit de la vision de S.M. le Roi Mohammed VI, annoncée pour la première fois lors du discours du 6 novembre 2015 à l’occasion des 40 ans de la Marche Verte, ce projet illustre la volonté de développer une façade maritime moderne et intégrée. Depuis, les études préparatoires ont été menées avec rigueur, et le Souverain a rappelé l’importance de ce mégaprojet lors de son allocution du 6 novembre 2020, à l’occasion du 45e anniversaire de la Marche Verte. «La façade atlantique Sud du Royaume, située face au Sahara marocain, constituera une interface maritime d’intégration économique et un foyer de rayonnement continental et international », avait souligné le Souverain, mettant ainsi en perspective le rôle majeur que ce port est appelé à jouer.

Le chantier lancé, un horizon 2028 ambitieux
Après une phase d’études entamée dès 2015, le lancement effectif des travaux de construction a débuté en octobre 2021. À la mi-juillet 2025, le chantier affichait un taux d’avancement de 40 %, avec une livraison prévue pour 2028. Le budget global du projet avoisine les 10 milliards de dirhams, traduisant l’ampleur et la complexité de cette infrastructure.
Le port Dakhla Atlantique n’est pas seulement une infrastructure maritime : il s’agit d’une plateforme moderne, pensée pour être pleinement connectée au reste du Royaume grâce à des liaisons ferroviaires et routières performantes. Cette connectivité vise à faciliter l’intégration des chaînes logistiques locales, nationales et internationales, et à attirer aussi bien les investisseurs locaux que les opérateurs internationaux.
Les projections sont ambitieuses : à l’horizon 2028, le port devrait générer près de 183 000 emplois additionnels. Ces postes concerneront autant le secteur portuaire que les activités connexes : logistique, services, maintenance, industrie halieutique et agroalimentaire. Cette dynamique s’inscrit dans une logique de développement durable de la région de Dakhla-Oued Eddahab, en créant un véritable bassin d’emplois qualifiés et en favorisant l’essor économique local.
Le projet intègre également un programme global de développement industriel et logistique. Il prévoit la construction de parcs d’activités industriels halieutiques, la création d’une zone logistique et industrielle à proximité du port, ainsi que des infrastructures hors site telles qu’une station de dessalement de l’eau de mer, une station d’épuration (STEP) et des alimentations électriques performantes. Ces aménagements assureront le fonctionnement optimal du port tout en soutenant la croissance des activités industrielles et commerciales environnantes.
Une porte d’entrée vers l’Afrique
Situé à 40 km au nord de la ville de Dakhla, le port Dakhla Atlantique est appelé à devenir une véritable interface continentale. Son rôle stratégique dépasse largement le cadre national : il offrira aux pays du Sahel – Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad, entre autres – un accès direct à l’océan Atlantique et aux principaux marchés internationaux, notamment l’Europe, l’Asie et les Amériques.
Cette vision est au cœur de l’Initiative Royale Atlantique, annoncée par S.M. le Roi Mohammed VI, qui vise à désenclaver les pays sahéliens et à faciliter leur intégration dans les circuits commerciaux mondiaux. Dans ce contexte, le port de Dakhla Atlantique devient une pièce maîtresse pour le développement des échanges régionaux et le renforcement de la position du Maroc comme hub logistique et industriel en Afrique de l’Ouest.
Au-delà de son rôle logistique, le port de Dakhla Atlantique est conçu pour dynamiser l’investissement local et international. Sa proximité avec la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) en fait une plateforme idéale pour les exportateurs et les investisseurs cherchant à capter les flux intra-africains et internationaux. Les facilités offertes par le port permettront de réduire les coûts de transport et de stockage, tout en garantissant une sécurité optimale pour les marchandises.
Le projet renforce également le positionnement du Maroc comme porte d’entrée vers le continent africain, attirant des capitaux étrangers dans les secteurs de la pêche, de l’agroalimentaire, de la logistique et des services portuaires. Cette dimension économique et stratégique fait de Dakhla Atlantique un levier essentiel pour le rayonnement continental et international du Royaume.
Le port Dakhla Atlantique est un chantier d’envergure multidimensionnelle. Il combine infrastructures portuaires, industrialisation, connectivité terrestre et développement durable. Sa construction marque une étape décisive pour la région et pour la stratégie maritime nationale. En reliant les pays du Sahel à l’Atlantique et en créant un pôle d’attraction pour les investisseurs, ce projet concrétise l’ambition royale d’une façade atlantique dynamique et pleinement intégrée.
Avec une livraison attendue en 2028, Dakhla Atlantique représente le futur du commerce maritime et industriel au sud du Royaume, tout en s’inscrivant dans une stratégie nationale cohérente, aux côtés de Tanger Med et Nador West Med, pour faire du Maroc un acteur incontournable de la logistique et de l’économie maritime en Méditerranée et en Afrique.