Grande consommation

Moncef Belkhayat, le pari de la grande distribution sans Dislog

Moncef Belkhayat, avec Casino, ambitionne de concurrencer Marjane et Label’Vie, les poids lourds de l’agro-industrie. Décryptage.

Depuis plusieurs années, Moncef Belkhayat s’impose comme l’une des figures les plus dynamiques de l’entrepreneuriat marocain. Patron du groupe Dislog, il a multiplié les incursions dans divers secteurs, de la logistique à l’agroalimentaire, avec pour ambition affichée de bâtir un champion national. Un classement du Financial Times a même classé le groupe parmi les entreprises à la croissance rapide en 2025 sur le continent. Fidèle à sa dynamique, c’est aux côtés de la marque Casino que ce dernier compte évoluer dans le secteur de la grande distribution.

Annoncé fin mai, l’accord entre H&S Invest Holding, le holding qu’il préside, et le groupe français prévoit l’implantation de 210 points de vente Franprix et Monoprix d’ici à 2035. Les premiers magasins (une trentaine), issus de cet accord de master franchise, ouvriront dès 2026 dans les principales villes du royaume. Avec cette nouvelle branche, le nouveau franchisé vise un chiffre d’affaires total de 3 milliards de dirhams (plus de 283 millions d’euros) d’ici à 2030.

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En s’associant au groupe français Casino, actuellement en pleine recomposition, Belkhayat entend positionner une nouvelle structure dans le paysage stratégique de la distribution au Maroc. L’objectif : déployer un réseau dense de supermarchés et d’hypermarchés sur le territoire national, en capitalisant sur l’expertise logistique de Casino, tout en gardant une gouvernance locale. Ce choix stratégique illustre une volonté de séparation claire entre industrie et distribution, mais aussi un appétit intact pour les grands chantiers.

Un deal qui arrange Casino ?

Le projet s’inscrit dans un contexte international délicat. Casino, en difficulté en France, cherche à se redéployer depuis quelque temps à l’international après la cession de nombreuses activités. Pour le patron de H&S Invest Holding, cette phase de fragilité est perçue comme une opportunité : racheter ou relancer une enseigne en perte de vitesse peut permettre une prise de contrôle à moindres coûts, tout en bénéficiant d’une marque déjà connue.

Dans cette optique, il table sur la relocalisation de la stratégie de Casino au Maroc : réorganisation des actifs, modernisation des points de vente, optimisation logistique et adaptation des formats aux habitudes de consommation locales.

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En parallèle, la décision de ne pas impliquer Dislog évite de diluer les performances du groupe. Acculé par une dette colossale de près de 6,4 milliards d’euros, Casino a dû céder plusieurs actifs majeurs, dont ses enseignes en Amérique latine, et fermer de nombreux magasins en France. En Afrique, outre le Maroc, le groupe est présent au Sénégal, en Côte d’Ivoire et en Tunisie. Si certaines de ses franchises se font actuellement absorber par Coopérative U, Casino poursuit son expansion vers des marchés comme le Maroc, qu’il considère comme porteurs.

La formule Belkhayat

Avec un chiffre d’affaires de 2,7 MMDH, le groupe dirigé par Moncef Belkhayat a su, ces dernières années, se positionner dans le paysage économique marocain. Cette ascension fulgurante tire sa substance d’une image de marque qui est prise très au sérieux au sein des cercles de financement.

« La seule feuille de route, c’est d’abord le travail, le sérieux et le capital confiance que l’on peut construire auprès des banques et des fonds d’investissement. Je vous rappelle que nous avons, en 17 ans d’existence, réalisé 9 opérations d’entrée de fonds au sein de notre capital, et ce à plusieurs étages. Ces injections de fonds renforcent nos fonds propres, nous permettant de lever de la dette bancaire senior », nous explique le patron de Dislog.

Et de poursuivre : « Enfin, nos résultats financiers ainsi qu’une gestion transparente, avec un très haut niveau de gouvernance (comité exécutif, audit, RH, administrateurs indépendants), plaident en notre faveur. Enfin, ne pas oublier que je me suis lancé dans l’entrepreneuriat après 15 années d’expérience chez P&G Maroc et Moyen-Orient, puis chez Telefonica, et enfin aux côtés du président Othmane Benjelloun, de chez qui j’ai appris à me projeter dans le temps. Il m’a dit en 2005 : “L’Asie et l’Afrique sont l’avenir du monde. Le groupe FinanceCom sera présent dans 50 pays africains en 2030.” Nous y sommes presque. »

Côté international, le groupe a également des ambitions dans le pipe.

« Nous avons commencé à nous intéresser à la Côte d’Ivoire. Cela étant, nous avons préféré jusqu’à présent investir dans des marchés matures tels que l’Europe de l’Ouest et l’Asie du Sud-Est. Nous détenons, par exemple, une participation de 30 % du distributeur de P&G à Singapour. Nous sommes ravis de pouvoir gérer efficacement nos participations internationales à partir de Casablanca. »

 
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