Transformer les connaissances théoriques en solutions pratiques pour la sécurité hydrique. Tel est l’objectif du 19ème Congrès Mondial de l’Eau (CME), prévu à Marrakech, à partir de ce 1er décembre. Chercheurs, experts, institutions et décideurs livreront leurs réflexions sur la gestion de l’eau, à un moment crucial où cette ressource vitale est de plus en plus menacée par la surexploitation et les pressions climatiques et démographiques.
«L’eau dans un monde qui change: innovation et adaptation». C’est le titre annoncé du 19ème CME qui aura lieu à Marrakech, du 1er au 5 décembre. Ce Congrès, organisé conjointement par le ministère de l’Equipement et de l’eau et l’Association Internationale des Ressources en Eau (IWRA), va réunir des délégations représentant les cinq continents. Chercheurs, praticiens, experts, institutions publiques et privées, décideurs, représentants de la société civile et jeunes leaders, vont se retrouver autour d’un objectif commun, celui de «repenser la gestion de l’eau dans un monde en changement permanent». Le Congrès se veut comme une réflexion collective face à une réalité mondiale marquée notamment par le changement climatique, la pression démographique, la croissance de l’urbanisation et les mutations technologiques en cours. Le fait que cet évènement se déroule au Royaume du Maroc est d’ailleurs très significatif. En effet, la question de l’eau, profondément enracinée dans l’histoire du Maroc, est devenue aujourd’hui vitale, centrale et permanente. Elle ne peut plus attendre. D’autant plus qu’elle est dorénavant abordée sur la base de nouvelles approches où recherches théoriques et solutions pratiques sont indissociables. Lors de la conférence de presse tenue le 24 novembre, à Rabat, Abdelfettah Sahibi, Secrétaire général du ministère de l’Equipement et de l’eau, a souligné la dynamique dans laquelle s’inscrit le Congrès, où l’innovation et l’adaptation sont devenues des «impératifs nécessaires», en vue de garantir la sécurité hydrique qui dépasse les frontières étatiques. Lors de cet évènement mondial, le Maroc espère offrir une plateforme d’échange permettant un partage d’expériences théoriques et pratiques et la conception de solutions concrètes. Par ailleurs, le choix de la ville ocre n’est pas fortuit. Cette ville incarne une longue tradition d’ingénierie hydraulique à travers notamment les khattaras, système ancestral conçu et appliqué autrefois comme réponse pertinente en milieu aride. Pendant cinq jours, «Marrakech la rouge» redeviendra un «carrefour mondial de l’intelligence collective au service de l’eau». Ce qui doit permettre l’émergence d’une convergence d’idées et d’engagements, tout en nourrissant les processus de décision publique, au niveau mondial. L’expérience riche du Maroc qui a fait de la sécurité hydrique un pilier central du Nouveau modèle de développement, sera ainsi partagée à cette occasion. Une table ronde ministérielle sera dédiée spécifiquement au continent Africain, en vue de débattre sur «les sujets les plus stratégiques dans le continent, avec pour objectif de trouver des réponses communes». Dans son intervention, Yuanyuan Li, Président de l’IWRA, a souligné que «ce Congrès marque un moment exceptionnel», car c’est la 2ème fois que l’IWRA a choisi d’organiser son Congrès au Maroc. Le contexte mondial actuel est caractérisé par des «mutations profondes», avec une raréfaction chronique des ressources hydriques, la dégradation de la qualité de l’eau, l’usage croissant des nouvelles technologies, et l’urgence d’une gouvernance plus inclusive. L’évènement va réunir plus de 26 délégations officielles, des organisations multilatérales, plus de 400 experts, 140 sessions et 30 exposants, avec l’adoption d’une «Déclaration de Marrakech» et d’un rapport du Congrès. Le Professeur Yuanyuan Li, tout en exprimant sa «sincère gratitude au Maroc», a souligné que cet évènement s’inscrit dans une dynamique nouvelle où les stratégies nationales engagées font du savoir théorique, de l’innovation pratique et du partenariat, les principaux leviers pour générer des réponses adaptées aux défis hydriques majeurs.
Adoptant une démarche multidimensionnelle et multidisciplinaire, le Congrès devra aborder aussi bien les questions de gouvernance, de financement et de planification, dans un contexte d’incertitude croissante, que les questions ayant trait aux rapports complexes entre l’eau, l’énergie, l’agriculture et les écosystèmes. Il sera ainsi question de sécurité hydrique, de qualité de l’eau, du rôle de l’eau dans le développement durable, des eaux souterraines (…). Un comité scientifique, composé d’une soixantaine d’experts, encadrera les travaux du Congrès. Des prix internationaux seront décernés aux meilleures contributions. Les jeunes ambassadeurs de l’eau auront l’occasion de présenter leurs projets. Le Congrès a donc pour ambition de contribuer à un «dialogue mondial sur l’eau», tout en consolidant les bases d’une coopération internationale durable.