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E-dirham : au séminaire de l’ABCA, le wali de BAM fait le point…

C’est lors du conseil du 24 septembre dernier que le wali de BAM a déclaré : « l’e-Dirham est en cours d’étude, mais son lancement est sur le long terme ». Selon lui, les premiers tests domestiques et le lancement prochain d’une expérience internationale sont en préparation.

Depuis quelques années, le wali de BAM a fait de la question du e-Dirham une priorité stratégique. Il s’exprimait lors de l’ouverture du séminaire continental de l’ABCA (Association des Banques centrales africaines) pour l’année 2025, placé sous le thème « Cyber-risques et technologies financières innovantes : défis et mesures stratégiques ». Le wali de la Banque centrale a profité de l’occasion pour faire le point sur le chantier de la monnaie digitale au Maroc. « La monnaie digitale de la Banque centrale (MDBC), en tant que monnaie souveraine, peut effectivement constituer une option de paiement numérique, aussi bien dans sa version de gros que de détail. À l’instar d’autres pays du continent, nous avons réalisé au niveau de Bank Al-Maghrib des études sur l’émission d’une monnaie digitale de la Banque centrale, avec l’appui de la Banque mondiale et du FMI. Ces travaux ont principalement porté sur la définition des objectifs stratégiques de la MDBC, ses éventuels impacts macroéconomiques et sur les systèmes de paiement », a expliqué Jouahri. « Nous avons mené une première expérimentation qui a porté sur le cas d’usage de paiement (peer-to-peer) de détail. Nous sommes en train de mener une autre expérimentation, en collaboration avec la Banque centrale d’Égypte et avec l’appui de la Banque mondiale, sur le cas d’usage dans le transfert transfrontalier. Nous projetons de compléter ce projet par des études et analyses sur les aspects juridiques et réglementaires », a-t-il ajouté.

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Dans ce chantier, la voie de la digitalisation s’est révélée être un chemin sûr pour faire émerger un tout nouveau système financier. Ainsi, à l’heure où le développement des monnaies numériques devient une tendance mondiale, BAM n’entend pas rester en marge. « Nous nous préparons à ne pas être dépassés, car le monde est en transition rapide et constante en ce qui concerne l’économie numérique. On doit s’accrocher et se préparer. Et quand le moment arrivera, nous serons prêts », déclarait le wali de BAM lors du dernier conseil du 24 septembre.

Qu’est-ce que le e-Dirham ?

Le e-Dirham est une solution de paiement électronique en cours d’élaboration par Bank Al-Maghrib, avec pour objectif de moderniser et de dématérialiser les transactions financières, ainsi que de lutter contre le cash. Conçu pour réduire la dépendance à l’argent liquide et améliorer l’efficacité des paiements, le e-Dirham permettra aux citoyens et aux entreprises de régler diverses taxes, frais et services. Avec l’essor croissant de la digitalisation, ce type de solution ambitionne de répondre à un besoin croissant de simplification des démarches et de sécurisation des flux monétaires.

Il faut d’ailleurs rappeler que cette initiative s’inscrit dans une tendance mondiale à l’adoption de systèmes de paiements électroniques. Si le e-Dirham a une vocation principalement liée à la digitalisation du système monétaire, elle est similaire à celle en cours dans plusieurs pays européens, avec des projets tels que le e-Euro. Ce dernier est une monnaie numérique envisagée par la Banque centrale européenne (BCE), pour permettre des transactions sans recourir à l’argent physique.

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Par ailleurs, selon l’expert en IT Ahmed Khaouja, cette initiative est également une alternative pour contrer la montée en puissance des cryptomonnaies comme le Bitcoin. Selon lui, contrairement aux cryptomonnaies, le e-Dirham reste sous le contrôle direct de l’État et des institutions financières. « Là où le Bitcoin est décentralisé et échappe à l’autorité des banques centrales, le e-Dirham et le futur e-Euro sont des initiatives centralisées, gérées par les gouvernements et les banques centrales pour offrir un cadre sécurisé et stable aux transactions financières », précise l’expert. Il faut d’ailleurs noter que cette distinction entre monnaie électronique institutionnelle et cryptomonnaie est essentielle pour comprendre les enjeux autour de la régulation et de la stabilité financière.

Pourquoi BAM envisage-t-elle la création de l’e-Dirham ?

Le e-Dirham ambitionne de moderniser les transactions, d’apporter plus de transparence et surtout de lutter contre les flux financiers qui échappent aux radars de BAM. Il offre ainsi une alternative digitale pour simplifier et sécuriser ces transactions.

Rappelons qu’en Europe, les discussions autour du e-Euro répondent à des préoccupations similaires, mais avec des objectifs plus globaux. L’Europe envisage le e-Euro comme un moyen de renforcer son autonomie financière face aux géants technologiques et aux cryptomonnaies comme le Bitcoin, tout en garantissant la souveraineté monétaire de l’Union européenne. Il s’agit de faire face à la montée des solutions de paiement privées (ex. : Apple Pay, PayPal) et aux cryptomonnaies qui, bien qu’innovantes, échappent au contrôle des régulateurs traditionnels. Le e-Dirham et le e-Euro, à l’inverse, sont des instruments conçus pour conserver un cadre régulé, en offrant les avantages des transactions électroniques tout en restant sous contrôle gouvernemental, ce qui permet une meilleure régulation des risques économiques.

Quels pourraient être les avantages du e-Dirham ?

Le e-Dirham pourrait présenter plusieurs avantages majeurs pour les citoyens marocains et les entreprises, selon notre source. Tout d’abord, il garantit une sécurité accrue lors des transactions. « Dans un cas type de mise en place, il est sans doute clair que les transactions électroniques via le e-Dirham seront protégées par des systèmes de cryptage sophistiqués, et chaque paiement sera traçable, ce qui permet un meilleur contrôle et une réduction du risque de fraude. »

Cette dimension de sécurité fait écho à celle envisagée pour l’e-Euro, qui vise également à sécuriser les transactions électroniques à l’échelle européenne, tout en garantissant la souveraineté des systèmes de paiement face à des acteurs privés ou à des technologies non régulées comme le Bitcoin.

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Un autre avantage clé du e-Dirham pourrait être sa simplicité d’utilisation. Contrairement aux démarches parfois complexes et chronophages associées aux paiements en espèces ou par chèque, le e-Dirham permettra aux utilisateurs d’effectuer des transactions en quelques secondes.

L’autre aspect important est, bien entendu, le volet traçabilité complète. En revanche, les cryptomonnaies comme le Bitcoin, malgré leur transparence inhérente via la blockchain, ne fournissent pas toujours la même garantie de traçabilité dans un cadre légal et réglementé, ce qui peut rendre leur usage plus risqué dans certaines juridictions.

 
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