Le post-Brexit et le rouleau-compresseur américain imposent à la Grande-Bretagne de chercher de nouveaux alliés politiques et économiques fiables et c’est au Maroc de saisir une opportunité réelle de nouer des partenariats solides avec une grande puissance. Londres et Rabat ont désormais décidé que les deux royaumes pouvaient miser sur une complémentarité « win win ».
Il est bien l’heureux élu, comme il l’espérait d’ailleurs. L’élection de Ali Belhaj à la tête du Conseil d’affaires Maroc-Royaume-Uni au sein de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), n’est pas juste une démarche administrative visant à officialiser des échanges déjà bien fructueux autant qu’il s’agit d’une décision stratégique mûrement réfléchie. Il s’agit en réalité d’une dynamique très forte qui a resserré au maximum les rapports économiques, institutionnels et politiques entre Londres et Rabat.
On ne reviendra pas sur la liste des poids lourds du monde des affaires qui secondent Belhaj dans la composition Conseil tels que Abdelmajid Iraqui Houssaini, le patron de Taqa Morocco, Farid Bennis, PDG de Laprophan, ou encore Zouhaïr Bennani, principal actionnaire des supermarchés Label’Vie-Carrefour, mais le moins que l’on puisse dire, c’est que le train des relations est bien sur les rails au regard des grosses pointures qui se sont jointes, de l’autre côté à des personnalités britanniques de premier plan comme Karan Bilimoria, d’origine indienne et PDG de la marque Cobra Beer très actif dans le lobbying entre Londres et New Delhi en tant que Président du UK India Business Council (UKIBC). Ce qu’on oublie souvent, c’est que la sortie du Royaume Uni de l’Union Européenne a ouvert les portes à ce pays pour adopter des stratégies de compétitivité, d’attractivité avec les pays émergents et le Maroc représente désormais pour Londres une destination pro-business de premier plan.
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Résultat, les échanges commerciaux entre le Maroc et le Royaume-Uni ont explosé suite au Brexit. L’illustration de cette réalité apparait notamment, à la lecture du dernier rapport du Department for Business and Trade à l’intitulé très explicite : « Morocco – UK Trade and Investment Factsheet », (rendu public le 19 septembre 2025) révèle une montée en puissance de tous les flux, que ce soit dans un sens comme dans un autre.
Ainsi, la lecture du rapport fait ressortir des chiffres en hausse avec un volume total des échanges de biens et services entre les deux pays qui a dépassé les 4,4 milliards de livres sterling (55,88 milliards DH) au cours des quatre trimestres , ce qui fait une progression de 16,4 % par rapport à l’année précédente. Pour ce qui est de l’export vers le Maroc, il s’élève à 21,59 milliards de DH, en hausse de 23 %, tandis que les importations marocaines vers le Royaume-Uni ont progressé de 12,6 %, soit un montant de 34,29 milliards de DH.
Une poussée qui hisse désormais le royaume au 51ème rang des partenaires commerciaux du Royaume-Uni, mais qui montre aussi que les britanniques ont privilégié les exportations de produits énergétiques raffinés (3,70 milliards de DH), de minerais (2,68 milliards de DH), et de véhicules automobiles (1,23 milliard de DH) alors que le Maroc s’en tire beaucoup mieux sur des secteurs dominés par l’agroalimentaire, les composants électriques et l’ameublement.
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Dans le domaine des services, les recettes marocaines proviennent essentiellement du tourisme des visiteurs britanniques, estimées à 10,45 milliards de dirhams, représentant plus de 80 % du total des services exportés vers le Royaume-Uni.
Ce qui importe désormais aux décideurs économiques des deux pays, c’est que des réalités beaucoup plus profondes comme les conséquences du Brexit et les bouleversements géostratégiques sont bien pris en compte par les deux partenaires. Entre patrons, on n’hésite plus à parler de croissance, d’emplois, d’investissements, de compétitivité et de concurrence internationale.