Pourquoi Wagner se retire-t-il du Mali ?

Le groupe privé militaire russe quitte le Mali. Mais les défis sécuritaires restent importants pour Bamako.
C’est la surprise : le groupe militaire Wagner a annoncé quitter le Mali sur Telegram. Selon l’AFP, présent depuis 2021 au Mali, le groupe sera réintégré au sein de son successeur, l’Africa Corps, une autre organisation russe, ont confirmé des sources diplomatiques et sécuritaires. La faction Africa Corps, qui lui succède avec un contingent d’environ 200 paramilitaires, avait été dépêchée à Bamako en décembre 2024.
Sa mission ? « Prolonger l’influence russe au Sahel, tout en reprenant le contrôle direct sur les opérations, après la mort d’Evgueni Prigojine, fondateur de Wagner, en août 2023, et sa rébellion avortée contre le Kremlin », souligne une source du journal Le Point.
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« Le départ de Wagner est la conséquence de plusieurs dynamiques. D’abord, le groupe a été officiellement démantelé et réorganisé après la disparition de son chef, Evgueni Prigojine, en août 2023, dans un mystérieux accident d’avion survenu peu après sa tentative de rébellion armée contre Moscou. La plupart des opérations sécuritaires en Afrique sont désormais coordonnées par l’Africa Corps, sous le contrôle direct du ministère de la Défense russe », confirme la source du Point.
Le nom Africa Corps est apparu pour la première fois le 20 novembre sur Telegram dans un post du blogueur militaire Deux Majors, proche du ministère russe de la Défense.
Impuissance dans la région
Dans un article publié sur Substack, l’analyste Akram Kharief explique que cette réorganisation est liée au récent bilan du groupe dans la région.
« Il s’agit de la plus lourde défaite de Wagner en Afrique depuis son déploiement sur le continent. Elle met à nu les failles de la coalition russo-malienne face à des rebelles bien organisés et connaissant parfaitement le terrain. »
L’autre facteur est relatif aux différents revers militaires des forces combinées armée malienne-Wagner, comme ce fut le cas avec la défaite de ces dernières, fin juillet 2024, près de Tinzaouatène, face aux combattants du Cadre stratégique permanent pour la défense du peuple de l’Azawad (CSP-DPA, regroupement de groupes séparatistes de l’Azawad).
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« Il s’agit de la plus lourde défaite de Wagner en Afrique depuis son déploiement sur le continent. Elle met à nu les failles de la coalition russo-malienne face à des rebelles bien organisés et connaissant parfaitement le terrain. »
Pour rappel, officiellement, le Mali n’a jamais reconnu la présence des mercenaires de Wagner, mais affirmait faire appel à des instructeurs russes.
Un départ qui laisse le Mali face aux mêmes défis, comme s’en inquiète le site d’information Mali Actu : « La fin de cette opération pourrait entraîner une instabilité croissante et une recrudescence des actes violents. Le vide sécuritaire laissé par ce départ pourrait être comblé par des groupes insurgés. »