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Plages : le produit le plus demandé de l’été monte en gamme !

La qualité des eaux de baignade sur les plages marocaines s’améliore. En 2024, 93 % d’entre elles sont conformes aux normes microbiologiques, selon un rapport. Faut croire que les critiques pour améliorer ce produit d’appel ont été prises en compte… Décryptage !

Chaque été, des millions de Marocains et de visiteurs étrangers convergent vers le littoral marocain. De Tanger à Dakhla, la plage reste le produit touristique le plus consommé, le plus populaire, mais également le plus exposé. Exposé aux usages massifs, aux pollutions diffuses. « Nous avons en premier lieu les déchets plastiques qui ont un impact de pollution visuelle en raison de leur durée de vie dans le temps (100 ans à 200 ans). Ces déchets plastiques peuvent exposer les animaux à certaines infections. Par contre, les déchets organiques et chimiques peuvent exposer les humains à des infections et maladies plus graves », nous confie l’expert en santé Al Mountacer Charif Chefchaouni. Longtemps délaissée, la qualité des eaux de baignade revient aujourd’hui au cœur des politiques publiques. Le dernier rapport du ministère de la Transition énergétique et du Développement durable (édition 2024) l’affirme : 93 % des plages marocaines contrôlées affichent une conformité aux normes microbiologiques en vigueur. Ce chiffre, en apparence technique, traduit en réalité un tournant majeur. Il met en évidence la prise en main du dossier par les politiques. Il dit que les critiques – nombreuses – des années précédentes ont été entendues. Il montre que les outils de suivi sont désormais fiables, continus, et surtout publics. Surtout, il annonce que la plage marocaine est en train de monter en gamme, non plus seulement en termes d’infrastructures (parasols, routes, signalétique), mais dans sa matière première la plus essentielle : l’eau.

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Quand la transparence devient un outil d’attractivité

Le rapport national, disponible en ligne, est un outil de transparence inédit. Il détaille plage par plage, région par région, les prélèvements effectués, les seuils atteints, les dépassements notés. Il signale les causes probables de pollution (eaux usées, ruissellement urbain, dépôts sauvages). Il publie même les courriers d’avertissement adressés aux communes défaillantes. Parmi les plages les plus performantes, on retrouve celles de Saïdia, Oualidia, Essaouira, Martil ou encore Cap Ghir, régulièrement citées comme « zones propres ». À l’inverse, certains sites comme la plage Souiria Lakdima ou la plage de Sidi Moussa (El Jadida) ont été pointés du doigt pour leur non-conformité. Ce « name and shame » officiel a une double fonction : responsabiliser les autorités locales… et rassurer les usagers. Dans les détails, 13 plages ont été déclarées non conformes aux exigences de la norme NM 03.7.199, représentant 24 stations de contrôle sur 27 jugées insuffisantes. Ces sites se répartissent dans plusieurs provinces, notamment Al Hoceima (Calabonita, Quemado, Sabadilla), Tanger-Asilah (Jbila III, Sidi Kacem, Asilah Port), Larache (Petite Plage, Miami), ainsi que Skhirat-Témara (Aïn Atiq), Benslimane (Essanawab-David), Nouaceur (Oued Merzeg), Agadir (Aftasse) et Oued Ed Dahab (Lkheira). « Cette décadence des plages a un impact sur l’économie. On a aujourd’hui une économie de subsistance au sein des plages. Et je me demande comment on atteindra les objectifs de 65 millions de touristes en 2035 », prévenait il y a presque un an l’économiste Mehdi Lahlou dans l’un de nos papiers sur le sujet. Aujourd’hui, il faut croire que le message a bien été entendu.

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Un écosystème côtier à reconstruire

Mais si les chiffres sont encourageants, les défis restent immenses. « Pour en faire un véritable levier économique et social, le Maroc devra aller plus loin. Cela passe par la modernisation urgente des stations d’épuration côtières. Par la lutte contre les rejets. Par l’éducation des usagers à la protection du littoral. Et par la mise en valeur des plages intérieures, aujourd’hui peu connues mais au fort potentiel », nous confie le professeur Chefchaouni. Pour ce dernier, le programme « Plages Propres », piloté depuis des années par la Fondation Mohammed VI pour la protection de l’environnement, devra aussi se réinventer : moins événementiel, plus structurel. Il est temps que la question de l’eau, de la gestion des déchets et de l’aménagement urbain soit abordée de façon coordonnée. « Car derrière cette montée en gamme des plages, c’est un modèle de développement côtier qu’il faut repenser. Où la nature ne serait plus une variable d’ajustement, mais le socle du projet. Où les communes littorales seraient des actrices de première ligne, dotées de moyens. Où la plage, loin d’être un simple décor estival, redeviendrait un patrimoine commun, à la fois naturel, économique et culturel. »

 
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