Banques

Pourquoi les fermetures d’agences bancaires s’accélèrent

Sur plusieurs boulevards à Casablanca, on peut voir les bureaux vides d’anciennes agences de banques laissées à l’abandon. En chiffres, en 2022, ce sont près de 189 agences qui ont fermé. Décryptage ! 

Même si pour beaucoup la crise du Covid a démultiplié l’utilisation de la banque en ligne, cette crise n’explique cependant pas à elle seule pourquoi le nombre d’agences bancaires dans certaines régions du monde continue de baisser ces dernières années. « Sur la période 2016-2020, la taille du réseau en France a, en effet, diminué de 13,4% », révèle une étude du cabinet Sia Partners. En Belgique par exemple, le nombre d’agences bancaires a chuté de près de 9 %, pour arriver à 4.285. Les chiffres de la fédération sectorielle Febelfin ont montré que le déclin a commencé bien avant la crise du Covid. Selon la fédération, au cours de la période 2010-2019, quatre agences bancaires sur dix avaient déjà disparu.

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Par ailleurs, il faut aussi aller chercher les enjeux de ce virage dans la révolution numérique engagée ces dernières années par les banques. «Les lourds investissements numériques des grandes banques génèrent désormais des économies», conclut le cabinet Deloitte dans une récente étude européenne. «Les banques qui disposent d’une bonne application et d’une plateforme internet performante sont mieux à même de convaincre leurs clients de franchir le pas vers les services numériques. Elles peuvent ainsi fermer des agences plus rapidement et économiser sur l’immobilier et le personnel travaillant en agence», expliquent les experts de Deloitte. Toujours selon Deloitte, 42% des clients bancaires utilisent l’application de leur banque en 2022, contre 34% en 2021, tandis que le recours de l’agence est en baisse de 12 points sur la même période. Au Maroc, le phénomène prend aussi davantage de place, peut être à des proportions moindres dans le paysage bancaire.

189 agences fermées en 2022 !

Le réseau bancaire marocain depuis maintenant quelques années, a enregistré de façon continue un rétrécissement devant l’invasion du digital dans le parcours client et l’orientation des banques à optimiser davantage leur réseau pour le rendre plus rentable. Les banques marocaines se sont, en effet, délestées de 189 agences et n’ont ouvert que 38 nouvelles entités en 2022. Ce qui ramène le nombre total des agences bancaires en activité à 5.914, dont 5.715 de banques conventionnelles, 9 de banques offshores et 190 de banques participatives, indique Bank Al-Maghrib dans une nouvelle publication sur l’implantation bancaire en 2022.

Par banque, il y a eu l’an dernier 52 fermetures à Attijariwafa bank, 38 à la banque Populaire, 26 à Bank of Africa, 21 à la BMCI, 21 à la Société Générale Maroc, 19 au Crédit du Maroc, 11 à Al Barid Bank et une au CIH. «L’avènement du digital dans les services bancaires, l’essor du multicanal (e-banking, m-banking, banque directe) porté par d’importants investissements réalisés par les banques de la place pour digitaliser entièrement le parcours client, et l’évolution des usages, expliquent en partie cette tendance à la fermeture d’agences», nous confie l’Economiste Mehdi Lahlou. Par rapport à la question du capital humain, Lahlou alerte sur le fait que quand on arrive à la même conclusion avec l’éruption de la technologie dans l’activité économique, certains s’adaptent et d’autres sont mis sur le carreau».

L’agence et le conseiller, la fin d’un modèle ?

Dans un baromètre relation banques-clients publié en 2021, l’expert Deloitte démontre comment aujourd’hui la Génération Z influence les usages des banques. Plus que les autres classes d’âge, ils attendent qu’elle leur offre des services extra-bancaires : de l’aide pour gérer les documents (58%) et démarches administratives (56%), pour trouver un notaire (57%) ou un avocat (54%), pour sécuriser leurs achats sur internet (75%) ou leur logement (56%), pour trouver un emploi (51%)…

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Ils sont moins réfractaires à l’idée de laisser leur banque exploiter leurs données personnelles. 44% des 15-24 ans (contre 29% de l’ensemble des Français) sont ainsi prêts à autoriser le partage de leur relevé avec des tiers pour bénéficier d’un compte bancaire entièrement gratuit ; 41% (contre 22%) pour bénéficier d’avantages tarifaires et de promotions personnalisées. Selon une de nos sources chez Société Générale Maroc, on a aujourd’hui une clientèle assez spécifique qui préfère l’expérience numérique de la banque. Toujours selon elle, ce sont des centaines de millions de dirhams qui sont investis dans des plateformes afin de faciliter l’expérience client dans leur usage. Au sujet des emplois, la source rassure sur le fait que la majeure partie des ressources humaines sont redéployées dans d’autres agences plus spacieuses et où on a encore besoin de la banque directe.

 
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