Sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, les Premières Assises nationales de la publicité se sont déroulées à Casablanca. Un rendez-vous inédit, voulu comme une étape décisive dans la construction d’un secteur publicitaire marocain plus structuré, transparent et compétitif.
Dans son prélude introductif, le ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mohamed Mehdi Bensaid, a mis le curseur sur la portée stratégique de cet événement. Pour lui, la publicité dépasse largement le cadre de la création et du marketing : elle s’impose désormais comme un levier de souveraineté numérique et médiatique.
« La publicité est bien plus qu’un espace de créativité et de création d’emplois. Elle constitue un pilier de la souveraineté que le Maroc s’attache à défendre », a-t-il déclaré. Le ministre a également rappelé le rôle économique central de la publicité, véritable source de financement pour les médias et vecteur de dynamisme pour les industries culturelles et créatives (ICC).
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Ces dernières représentent 2,7 % du PIB national, contre 2,4 % en 2022, et emploient plus de 140.000 personnes, dont un tiers de femmes. Ce secteur, selon M. Bensaid, est aujourd’hui l’un des secteurs qui emploie le plus de jeunes dans le monde, un atout que le Maroc souhaite valoriser dans le cadre de sa transformation numérique et culturelle.
Une éthique au cœur du message publicitaire
La présidente de la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA), Latifa Akharbach, a pour sa part insisté sur la dimension éthique du message publicitaire.« La publicité n’est pas qu’une question de parts de marché ou de budgets. C’est un message adressé au consommateur, porteur d’images et de représentations », a-t-elle affirmé, avant d’appeler à une vigilance accrue face aux dérives de contenus.

Mme Akharbach a rappelé que la HACA veille strictement au respect du principe de séparation entre le contenu éditorial et le contenu publicitaire, socle de la déontologie professionnelle. Elle a souligné que plusieurs mesures disciplinaires ont déjà été prises pour faire respecter ce principe, tout en plaidant pour des solutions durables face au déficit de recettes publicitaires qui fragilise les médias audiovisuels marocains.
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Vers un cadre juridique
Les débats ont également mis en lumière un constat partagé : le cadre juridique actuel de la publicité n’est plus adapté aux transformations numériques et technologiques.Les intervenants ont plaidé pour une refonte globale et cohérente de la législation, afin d’accompagner les mutations profondes du marché, marquées par l’essor de la publicité numérique et des plateformes internationales. Sur le plan fiscal, plusieurs experts ont dénoncé un décalage entre les règles en vigueur et la réalité du marché digital. Le juriste Abdelkader Boukhriss a estimé que le régime fiscal actuel est obsolète et doit être revu pour garantir une équité entre acteurs nationaux et plateformes étrangères, tout en favorisant un environnement fondé sur la transparence et la concurrence loyale.
Même constat pour Naoufel Raghay, expert en médias, qui a alerté sur le « vide juridique » causé par l’émergence de l’intelligence artificielle et des réseaux sociaux. Ces évolutions, a-t-il expliqué, bouleversent les pratiques publicitaires et appellent une régulation adaptée pour protéger les opérateurs nationaux et les consommateurs.
Tracer d’une feuille de route nationale
Placées sous le thème « État des lieux et perspectives », ces Assises réunissent pendant deux jours institutions publiques, agences, annonceurs et médias. Leur objectif : dresser un diagnostic complet du secteur et élaborer une feuille de route nationale pour renforcer sa compétitivité et l’aligner sur les standards internationaux. Au-delà de la réglementation, il s’agit aussi de positionner la publicité marocaine comme un levier de croissance, d’innovation et de rayonnement culturel, au cœur des ambitions de souveraineté et de modernisation du Royaume.