Selon le PLF-2026, l’investissement public, englobant les collectivités territoriales (CT) et les établissements et entreprises publics (EEP), devrait s’établir à 380 MMDH en 2026, contre un montant de 340 MMDH prévu en 2025, soit une hausse de 12%. Le gouvernement s’engage à orienter cet effort d’investissement vers le financement de projets d’infrastructures prioritaires, favorisant le ‘’développement territorial intégré’’.
Dans son discours de présentation du PLF 2026 devant les représentants de la nation, la ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah, a souligné qu’à travers ce projet «Le gouvernement s’engage à mettre en œuvre les chantiers du «Maroc Émergent», afin de réaliser un développement national alliant justice sociale et développement territorial intégré ». Dans ce sillage, la ministre a relevé que ledit projet vise à accélérer « la mise en œuvre des chantiers structurels et des stratégies sectorielles, mobilisant une enveloppe d’investissement public avoisinant les 380 MMDH». Dans cette dynamique, et en réponse à une forte attente sociale, Mme Fettah a soutenu que l’accent sera mis en 2026 sur le renforcement de l’effort budgétaire destiné aux secteurs de la santé et de l’éducation nationale, pour atteindre une enveloppe totale de 140 MMDH, soit une hausse de 21 MMDH par rapport à 2025.
Selon le détail présenté dans les documents accompagnant le PLF2026, les 380 MMDH d’investissement global du secteur public proviennent d’une part du Budget général de l’Etat (BGE), des comptes spéciaux du Trésor (CST) et des services d’Etat gérés de manière autonome (SEGMA) avec une dotation totale de 133 MM DH. Les programmes d’investissement financés dans le cadre des CST portent principalement sur le développement territorial intégré, le renforcement du réseau routier national, le soutien d’actions relevant des secteurs de l’agriculture, des eaux et forêts, de l’audiovisuel, de l’habitat, de la justice, de la culture et de l’éducation et des sports.
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Et d’autre part, les investissements des EEP vont atteindre 180 MMDH pour l’année 2026, couvrant principalement les secteurs de l’énergie, des télécommunications, de l’habitat, de l’agriculture, de l’électricité, de l’eau potable, des phosphates, des autoroutes et des transports aériens, maritimes et ferroviaires. Il y a aussi l’apport des budgets d’investissement des CT qui vont contribuer à hauteur de 22,5 MMDH. Les dépenses y afférentes seront consacrées principalement à la mise en place des infrastructures destinées à améliorer les conditions de vie des citoyens. Les efforts seront concentrés sur l’extension et le renforcement des réseaux de voirie et d’assainissement, les constructions d’infrastructures culturelles, sportives et de loisirs, de marchés et d’édifices publics ainsi que les aménagements de jardins et d’espaces verts. Et enfin, il y a la contribution du Fonds Mohammed VI (FMVI) pour l’Investissement d’un montant de 45 MMDH pour appuyer les projets d’investissements publics et privés.
Toutefois, ce niveau d’investissement risque de consacrer la prééminence de l’investissement public. L’investissement au Maroc repose à 66% sur le secteur public, tandis que le privé ne représente qu’un tiers des flux financiers. Un déséquilibre qui, selon les experts, freine la dynamique de croissance et limite l’impact économique des investissements réalisés. En effet, d’après les économistes, quelle que soit la bonne volonté des gouvernements en place, le rendement de l’investissement public reste insuffisant. C’est pourquoi le Nouveau Modèle de Développement (NMD) insiste sur la stimulation de l’investissement privé au Maroc afin de hisser son niveau aux deux tiers de l’investissement total d’ici 2035. Pour ce faire, il faut améliorer l’environnement des affaires à travers des réformes visant à moderniser l’administration, à réduire les obstacles, à améliorer l’accès au financement et à rendre le Maroc plus attractif pour les investisseurs et rendre l’économie marocaine plus compétitive et inclusive.
Dans cette optique, et toujours dans le cadre du PLF2026, Mme Fettah a mis en avant la volonté du gouvernement de dynamiser davantage l’investissement privé à travers la poursuite de l’application de la Charte de l’investissement, la réforme des Centres Régionaux d’Investissement (CRI), l’amélioration du climat des affaires, la consolidation du rôle du Fonds Mohammed VI pour l’investissement, la réforme du secteur financier et le soutien aux projets à forte valeur ajoutée générateurs d’emplois, en particulier pour les jeunes.
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A rappeler que le Gouvernement avait multiplié ses efforts de promotion de la destination «Morocco Now» et d’accompagnement des investisseurs. Ainsi, près de 150 actions ont été menées depuis 2021, incluant des road-shows internationaux, des participations à des salons et forums économiques, ainsi que l’organisation de rencontres B2B et de visites d’investisseurs. Cette dynamique se poursuivra en 2026, d’après la ministre, avec un renforcement des actions de promotion et un accompagnement de proximité dans une logique de service public orienté vers les besoins concrets des investisseurs, tant nationaux qu’étrangers.
Ainsi, le PLF 2026 marque un véritable tournant en faveur de l’accélération du processus de développement multidimensionnel du Royaume et du renforcement soutenu de son attractivité. Il trace, à la lumière des orientations stratégiques du NMD, « les contours d’une nouvelle phase où croissance économique, justice sociale et équité territoriale s’articulent pleinement, autour de la consolidation pérenne de la trajectoire d’émergence dans laquelle le Maroc est résolument engagé ».
L’élan des investissements privés en 2025
Lors des trois réunions de la Commission Nationale des Investissements (CNI) tenues en 2025, 76 projets de conventions et d’avenants ont été approuvés dans le cadre du dispositif de soutien à l’investissement privé. Ces projets, portent sur un montant total d’environ 100 MMDH et devraient générer plus de 15.000 emplois directs et stables, ainsi que plus de 19.000 emplois indirects. Par ailleurs, et dans le cadre du dispositif dédié aux projets stratégiques, deux projets d’investissement et un avenant à une convention d’investissement, ont été approuvés pour un montant total dépassant 5 MMDH et devant créer plus de 7.000 emplois directs et près de 11.000 emplois indirects.
S’agissant du bilan depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle Charte de l’investissement en 2023, la CNI a tenu, sous la présidence du Chef du Gouvernement, 9 réunions et a approuvé 250 projets d’investissement et avenants aux conventions d’investissement. Ces projets portent sur un montant global de 414 MMDH, permettant la création de plus de 65.000 emplois directs et 110.000 emplois indirects.
Évolution des IDE au Maroc en 2025
A fin septembre 2025, les investissements directs étrangers (IDE) au Maroc sont en forte progression, reflétant une reprise dynamique. Selon des données publiées par l’Office des Changes à fin août 2025, le flux net des IDE a évolué comme suit :
> Le flux net des IDE a atteint 23 MMDH à fin août 2025, soit une augmentation de 47,6% par rapport à la même période en 2024 ;
> Les recettes des IDE ont totalisé 39 MMDH, en hausse de 43,4% sur un an ;
> Les dépenses liées aux IDE se sont élevées à 16 MMDH, soit une progression de 38% par rapport à fin août 2024 ;
> Les flux des Investissements marocains à l’étranger sont également en hausse, atteignant +3 MMDH à fin août 2025, contre +1 MMDH à la même période en 2024.