Une semaine caniculaire en perspective dans le sud de l’Europe

Du « jamais vu en France, » des « refuges climatiques » installés en Italie: dans les pays du sud de l’Europe, un intense phénomène de canicule se poursuit lundi, sans perspective de répit immédiat.
L’Espagne, le Portugal, l’Italie et la France sont écrasés par la chaleur depuis plusieurs jours, avec des pics enregistrés jusqu’à 44 degrés.
En France, les prévisionnistes ont placé lundi et mardi 84 départements sur les 95 que compte le pays (hors outre-mer) en vigilance orange, avec des températures qui pourront dépasser localement les 40 degrés, une vague de chaleur appelée à durer au moins jusqu’en milieu de semaine.
Une telle extension géographique, « c’est du jamais vu », a dit dimanche soir à l’AFP la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher.
Les entreprises ont été appelées à « protéger leurs salariés » et quelque 200 écoles publiques, sur 45.000, feront l’objet d’une fermeture partielle ou totale lundi, mardi ou mercredi.
Lire aussi | Alerte. La canicule de retour à partir de samedi
« Chez nous, dans l’appart’, c’est tout simplement un enfer. On vit dans le noir, c’est un four », a confié dimanche à l’AFP Evan Bernard, installé avec son fils de 18 mois à l’ombre sous les pins, près d’un lac au nord de Bordeaux (sud-ouest).
A Madrid, où le mercure a frôlé les 40°C, « cette chaleur n’est pas normale à cette époque de l’année », se désolait Diego Radamés, un photographe de 32 ans.
Samedi déjà, l’Espagne avait enregistré un record, restant à confirmer, depuis le début des relevés, avec 46°C à Granado, en Andalousie (sud-ouest). Le précédent sommet était de 45,2°C à Séville en juin 1965.
Record dans l’eau aussi: la Méditerranée dépasse les 26°C dans les Baléares, un seuil « typique de la mi-août », selon l’agence nationale de météorologie Aemet.
En Italie, 21 villes étaient en alerte maximale dimanche pour chaleur extrême, notamment Milan, Naples, Venise, Florence et Rome, où des ambulances stationnent près des sites touristiques. Visite annulée du Colisée, donc, pour la touriste britannique Anna Becker et sa mère…
Les services d’urgence des hôpitaux italiens ont fait état d’une hausse de 10% des cas de coups de chaleur, selon Mario Guarino, vice-président de la Société italienne de médecine d’urgence, « principalement dans les villes qui, non seulement enregistrent des températures très élevées, mais aussi un taux d’humidité plus important ».
Lire aussi | Un été 2024 caniculaire au Maroc, amplifié par les changements climatiques
Principales victimes: « les personnes âgées, les patients atteints de cancer ou les sans-abri souffrant de déshydratation, de coups de chaleur, de fatigue, » a-t-il déclaré à l’AFP.
A Venise, les visites guidées sont gratuites pour les plus de 75 ans dans les musées climatisés et les bâtiments publics et à Rome la gratuité des piscines a été mise en place pour les plus de 70 ans.
En Italie encore, des « refuges climatiques » ont été installés à Bologne et des déshumidificateurs distribués aux nécessiteux à Ancône.
« Les vagues de chaleur dans la région méditerranéenne sont devenues plus fréquentes et plus intenses ces dernières années, avec des pics atteignant 37 degrés ou même plus dans les villes, où l’effet d’îlot de chaleur urbain augmente encore les températures, » relève Emanuel Piervitali, chercheur à l’Institut italien pour la protection et la recherche environnementales (ISPRA).
Selon les scientifiques, les canicules à répétition sont un marqueur sans équivoque du réchauffement de la planète et ces vagues de chaleur sont appelées à encore se multiplier, s’allonger et s’intensifier.
Selon le Giec, le groupe d’experts mandaté par l’ONU sur le climat, il est « quasi certain » que la fréquence et l’intensité des chaleurs extrêmes et la durée des canicules ont augmenté depuis 1950 et vont continuer à augmenter avec le réchauffement.
Au Portugal, plusieurs zones de la moitié sud du pays, y compris la capitale Lisbonne, sont en alerte rouge jusqu’à lundi soir. Le risque d’incendie est également maximal, comme en Sicile où les pompiers en ont combattu 15 samedi.
Dans les rues de Lisbonne, habitants et touristes tentent de se protéger comme ils peuvent. « Nous conseillons aux gens de rester au frais, mais malgré cela nous avons déjà des cas de coups de chaleur et de brûlures », explique à l’AFP-TV la pharmacienne Sofia Monnteiro.
« C’est difficile à supporter. On s’arrête régulièrement, on boit, c’est l’occasion de boire un verre », raconte aussi Cédric Gérard, un touriste français, biologiste-pharmacien.
Challenge (avec AFP)